[Focus] Crossroads Festival 2020

Rock 2/2 : Dear Deer, MASSTØ, Orange Dream, Ravage et SUN

Si vous habitez Lille, vous avez peut-être déjà croisé Dear Deer sur les scènes de l’Aéronef, de la Bulle Café ou de la Malterie pour des shows qui marient noirceur et paillettes, un rien emphatiques, qui pourraient presque virer grand-guignolesque. Ou peut-être avez-vous fait connaissance avec Sabatel et Federico lors de l’un de leurs mémorables Facebook live de confinement, mini-concerts du dimanche soir donnés dans leur cuisine ou leur salle de bain. Déjà auteurs de deux albums studio et d’un live (« We Can Play In A Living-Room », issu de leurs Facebook lives précités), le mélange de leurs deux voix et instrus guitare-basse-claviers ne sont pas sans rappeler The Kills à leurs débuts, en nettement plus dark.

Dès les premières notes de « W.A.D.Y », le premier titre de l’EP « Fānau » sorti en 2019 par les Amiénois de MASSTØ, on fait le lien avec la musique de Michael Kiwanuka. Une soul bluesy intelligente, instinctive, qui touche directement à l’âme et au cœur avec une sensation d’évidence et de facilité. MASSTØ est sans aucun doute une pépite des Hauts-de-France à découvrir lors de ce Crossroads Festival.

Écoutez les rythmiques lancinantes et hypnotiques d’Orange Dream. Laissez-vous charmer par la voix de sirène de sa chanteuse. Voilà, vous êtes accros à cette pop psychédélique qui tire sur le krautrock, vous hochez la tête frénétiquement au rythme des titres de ce duo lillois à découvrir absolument durant cette édition du Crossroads.

Vince et Claudia, les deux Lillois de Ravage, disent s’être rencontrés autour de leur amour commun pour The Libertines. Quand on les voit, on pense pourtant aux Scandinaves de The Raveonettes, et leur premier single « Fake Generation » pourrait d’ailleurs être une version survitaminée de « Love in a Trashcan ». Musicalement, on est pourtant bien en Angleterre et on pense volontiers à Arctic Monkeys, Miles Kane, Supergrass ou encore Liam Gallagher pour le timbre de voix de Vince.

SUN est le projet de la Parisienne Karoline Rose, dans un style qu’elle qualifie de brutal pop. Au chant, la jeune femme passe en effet sans coup férir (#expressiondevieux) d’un chant pop mélodieux à des hurlements de bête de scène metal. C’est déconcertant, surprenant, mais le tout est loin d’être écartelé entre les genres. Au contraire, il forme un ensemble cohérent et délicieusement déstabilisant.

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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures