[LP] Adult Jazz – So Sorry So Slow

Un premier album en 2014… et puis c’est (presque) tout. Voilà comment on pourrait résumer la carrière d’Adult Jazz jusqu’ici. Dix ans après « Gist Is », porté par quelques titres ensorcelants tels que « Idiot Mantra », le groupe expérimental britannique a finalement trouvé le temps de compiler douze titres pour signer son retour avec « So Sorry So Slow ».

À propos du processus de création de l’album, Harry Burgess – chanteur du groupe – déclare : « Nous avons commencé à écrire en 2017 et à enregistrer en 2018. Nous pensions vraiment que l’album serait terminé à cette époque. Mais les choses ont continué à se développer et, n’ayant résolument pas battu le fer pendant qu’il était chaud, il n’y a pas eu de véritable pression extérieure pour précipiter les choses après cela. Alors nous avons laissé les choses évoluer et se dérouler, jusqu’à ce qu’elles nous paraissent justes. En réécoutant mes notes vocales, il est plaisant de constater qu’il y a des fragments d’idées de ces six dernières années qui ont façonné le disque. »

Revenu avec « Dusk Song », véritable exhortation au chagrin quelque part entre leur premier opus et l’EP qui suivit en 2016 (« Earrings Off »), Adult Jazz nous plongeait dans une ode à la mélancolie. Le chant de son leader s’élève et s’enroule autour des cuivres de Tim Slater, les nappes vocales se superposent sans cesse, et ne sont pas sans rappeler les expérimentations sonores entendues chez Sigur Rós.

À ce foisonnement sonore s’oppose l’amorce de l’album, qui s’ouvre dans un chahut de percussions sur « Bleat Melisma ». Un titre en quasi a capella tant les sons surgissent et tentent de s’immiscer, de se construire autour de la voix et non l’inverse.

Cet aspect sommaire se retrouve immédiatement dans « Suffer One », second single du nouveau LP. Sans dénuer de lyrisme et dans un élan sensible à Bon Iver avec de fins et brefs inserts de vocoder, le titre aborde la romance et le désir de connexion. Il s’agit d’une des premières chansons à avoir été terminée, dont l’atmosphère de plus en plus flottante finit par se prolonger sur d’harmonieux violons dans « y-rod ».

Plus brut dans son approche « Marquee » – dernier inédit en date – se plaît à briser de multiples fois un tempo pourtant léger qui se construit au fil du piano. Mais le morceau trébuche sur lui-même, s’emmêle dans les cordes et la contrebasse de Maxwell Sterling puis se relâche, tandis que le falsetto d’Harry Burgess jaillit sans cesse.

Contenant des morceaux à la fois abstraits et doux, « So Sorry So Slow » mêle de nombreux ressentis : romance, panique, dévotion et remords. Une œuvre profondément personnelle, qui déconcertera plus d’un auditeur, entre énergie délicate et frénétisme, brisant le rythme au fil de cordes qui tremblent, de falsetto qui flottent, de cuivres qui bourdonnent.

Comme dans leurs titres qui semblent toujours se prolonger, l’enregistrement, l’écriture, le processus de création n’ont jamais cessé pour Adult Jazz. Maintenant de retour avec un disque complet, et bientôt sur scène pour une tournée à l’automne, on espère que le groupe d’amis ne cessera d’expérimenter. De quoi peut-être, enfin, faire chuter le prix de leurs disques… dont la rareté les avait rendus exorbitants sur Discogs.

« So Sorry So Slow » d’Adult Jazz est disponible le 26 avril 2024 chez Spare Thought.


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Florian Fernandez

Florian Fernandez

"Just an analog guy in a digital world". Parfois rock, parfois funk, parfois électro, parfois folk, parfois soul, parfois tout à la fois.