[Clip] Laura Clauzel – ECHO

Première illustration visuelle du magnifique « Moan », dont nous reparlons bientôt ici, « ECHO » invite le virtuel et le réel à frôler les aspérités de leurs frontières respectives, entre la violence contenue d’une explosion fantasmée et la divinité salvatrice qui empêche l’individu d’éclater. L’impressionnante vision d’une apocalypse désincarnée et effrayée.

Depuis « Golden Boy », nous savions que Laura Clauzel accordait une importance capitale aux choix artistiques portant ses pensées et inspirations, à travers de véritables courts-métrages aux valeurs soit contestataires, soit d’une troublante humanité. Pour « ECHO », résonance d’une perte de contrôle annoncée, elle va encore plus loin, n’hésitant pas à nous posséder de son regard hanté et vêtue d’un maquillage la rendant aussi céleste que tentatrice, de la cendre au sang. Dès que Franqey (dans une prestation exceptionnelle et hallucinée) entre dans le domaine programmé de la chanteuse et compositrice, on sent que la créature doit se servir de ce média corporel, inconscient de son rôle transitif, afin de se libérer de chaînes infographiques. L’intoxication des flashes, des regards et des gestes est immédiate, inconsciente puis aussi virulente que la plus dure des drogues. Les membres n’obéissent qu’au cœur de la femme, de celle que l’on ne verra que par bribes, battements cardiaques nécessaires à son incarnation.

La réalisation de Matthieu Mullier-Griffiths (déjà à l’œuvre sur « Golden Boy », et s’imposant comme l’alter ego cinématographique de la musicienne), d’abord ample et offrant tous les indices nécessaires au spectateur, accélère dès sa seconde partie, lorsque la sueur perle sur le front de Franqey, malmené par l’absence de contrôle de ses pulsions. Laura Clauzel, magnifique, traverse le prisme de l’écran et se fond également en nous, dans des tons bleus et des éclairages hypnotiques et saisissants. Tout l’art d’ « ECHO » est hors cadre : non pas dans la suggestion, mais dans l’appropriation que chacun s’en fait, sans pouvoir un seul instant résister, la rétine ne fonctionnant plus que selon ses chorégraphies sinueuses et cryptiques. La danse se mue en une chanson de gestes, de fureur et de douceur brûlantes et caressantes. « ECHO », ou le phénomène inattendu et précurseur de dangers futurs mais, plus que tout, de la figure divine qui guidera l’être égaré dans les méandres de réseaux qui ne lui appartiennent plus. Vers la lumière.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.