Elle nous avait déjà envoûtés avec son premier EP, « Die Alone », sorti l’an dernier. Aujourd’hui, Jennie Vee revient avec un véritable album qui s’impose immédiatement comme un classique de l’année en cours. Oui, rien de moins.
L’évidence est là, dès les premiers accords de « Spying », l’album tant attendu de l’artiste canadienne Jennie Vee : l’énergie sera constante, mais ne se résumera pas à une simple exhibition de chansons sobres et dénuées d’émotion. Car le disque est tout simplement une remarquable collection de hits en puissance, intelligents et savamment composés, et qui font un bien fou au milieu du tumulte incessant de productions rock aseptisées. En effet, chaque chanson est une apothéose sonore, posée et sensible, dont la puissance émotionnelle fera chavirer les cœurs des plus endurcis ; la rencontre des glaciers les plus vastes avec une lave bouillonnante d’idées et de mélodies accrocheuses et splendides. Un jeu radical et puissant entre l’ombre et la lumière, qui ne cesse de briller tout au long de ces dix titres.
Le temps de prendre une profonde inspiration et l’on plonge dans la furieuse addiction que provoque ce formidable LP. Mariant à la perfection un rock efficace et une voix douce, toujours sensible, mais pourtant parfaitement affirmée, Jennie Vee déroule des mélodies hautes en couleurs et originales, prouvant à chaque auditeur qu’elle a son mot à dire et ses propres histoires à raconter. Les basses et guitares sont immédiatement profondes et puissantes (Spying, Dreamtime), les chœurs somptueux et arrangés à la perfection (Wicked). La musicienne sait où elle va et nous emmène, avec ses atours tantôt aériens (Toys), tantôt chargés d’éclats qui transpercent l’âme (la mécanique inépuisable de « Delicious »), dans des tunnels où il fait bon se perdre en sa compagnie. L’union de la douceur de son timbre s’allie à la candeur et aux facettes plus noires, mais constamment brillantes de ses compositions (Real Eyes), sans temps mort et avec une conviction et une envie qui ne s’interrompent à aucun moment.
Ainsi, chaque caresse devient une gifle qui éveille les sens et les envies d’en savoir toujours plus ; Spying est une drogue douce qui s’insinue dans nos veines et devient la pulsation cardiaque qui nous aide à courir dans le tumulte de nos existences. Une substance sonore qui met chaque membre de notre corps en mouvement, débordant d’une sève brute, sensitive et sublime, qui nous touche et fait naître la plus diabolique des possessions de l’esprit (le magnifique et éthéré « Sleep It Off »). On marche, puis la course se fait effrénée et motivée par les échardes de verre d’un album qui ne laisse jamais indifférent, qui rampe sous notre peau et s’impose comme un phénomène que l’on souhaite explorer dans ses moindres recoins, tant il est précieux et nécessaire. Une référence inébranlable, un plaisir coupable qui se déguste et se boit lentement pour mieux nous enivrer de toutes ses saveurs. « It’s just rock’n’roll, so lose your ego, or lose control », confesse-t-elle au début de l’ultime titre de ce disque merveilleux ; et on accepte sans hésiter de perdre le contrôle avec elle, tout au long de la route qu’elle trace si bien.
On tient entre nos mains l’une des meilleures créations de cette fin d’année ; et il nous tarde de profiter de l’art toujours en mouvement de la magnifique et magique Jennie Vee sur scène, on l’espère, dans les mois à venir.
« Spying » de Jennie Vee est disponible depuis le 15 octobre 2015.
