Yan Wagner – Forty Eight Hours

Wagner, un nom mégalo pour un album qui se retrouve le cul entre deux chaises ; à la fois honnête et prétentieux, original et banal à souhait. Tel est le paradoxe des labels dits « de qualité » de musique électronique française avec pour chevaliers blancs Tigersushi, Pschent ou encore Versatile.

Ainsi, on a pu croiser lundi dernier dans nos bacs le premier effort du parisien Yan Wagner, signé chez l’écurie Pschent qui nous avait gâtés lors de l’automne dernier de l’album « Nuit de Rêve » de Scratch Massive, véritable bouffée d’air frais dans le paysage de l’électronique à la française, un brin hype (on croisait par exemple Koudlam au microphone) mais diablement audacieuse.
Déjà, le gaillard a une écurie plutôt cool, mais il est en plus produit par un des types les plus charismatiques parmi les bidouilleurs d’oscillateurs et d’arpeggiators, le bien nommé Arnaud Rebotini qui réalise ici l’album, quelques mois après l’excellente production de l’EP KFTP de Kill For Total Peace (tiens, signé chez Pan European Recording, encore un label chicos hipstos…).

Assurément, cet album intitulé Forty Eight Hours est une véritable réussite du point de vue du son. On prend plaisir à laisser aller et venir les textures des synthétiseurs analogiques ainsi que des boîtes à rythmes sans pour autant reconnaître l’influence de Rebotini et laisser le héros du disque au second plan. Non, assurément, Yan Wagner essaie d’imposer les idées qu’il souhaitait exploiter au sein de ce long effort.

Mais à quoi bon? Car certes, cet album s’écoute vraiment bien du début à la fin, les mélodies sont efficaces et l’album homogène sans pour autant s’enfoncer dans un bourbier d’ennui, par contre on a réellement l’impression d’avoir déjà entendu ce type de morceaux une centaine de fois, soit ces dernières années, soit durant les années 80.
Difficile de nier que la scène française actuelle est réellement fournie en groupe à synthés et voix grave tentant de relayer l’énorme héritage laissé par la new-wave et la cold-wave, Juveniles et Lescop en tête de gondole. On se trouve face à un album un peu vain, noyé dans une masse qui devient un brin lassante et qui est surtout absolument inintéressante en live, à la fois mollassonne et injustement précieuse. Le résultat en sort un peu facile, surtout après le sticker collé à la sobre, mais jolie, pochette nous donnant de l’espoir « Un remarquable mélange de musique électronique, pop et new wave ». OK, on ne nous ment pas, mais franchement ce genre d’album en 2012 n’est plus du tout remarquable, il rentre dans une forme de norme.

De plus, ce ne sont pas des duos maladroits qui vont sauver de l’agonie un album perdu d’avance. Franchement Étienne Daho ! Ce mec est peut-être une légende car il a permis de populariser une certaine forme de musique électronique et une culture underground à une époque, mais là c’est juste se servir d’un casting de luxe afin de satisfaire son égo et de se regarder le nombril. Surtout que le duo ne sert strictement à rien, car la voix de Wagner se mêle énormément à celle de Daho au point qu’il est parfois très difficile de les dissocier. On manque vraiment de surprise et de nouveauté. Quand viendra le second album, on aura quoi, un duo avec Mylène Farmer ? Soyons un peu sérieux s’il vous plaît.

En clair, Forty Eight Hours est un album efficace et facile à écouter, mais qui n’est absolument pas digne d’intérêt. Il n’est au final qu’une leçon de style donnée par un professeur connaissant son sujet à la lettre, sans pour autant passionner son élève. Dommage.

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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique