[Live] The Psychotic Monks à la Machine du Moulin Rouge

Dans le rouge d’une Machine infernale investie de centaines de corps moites, le noise radical et exigeant des Psychotic Monks a fait rugir de passion et de pulsions unies le public parisien à l’occasion du MaMA Festival. Une expérience viscérale, tranchante, décapante. Également profondément jouissive dans son vécu collégial.

crédit : Marylène Eytier

Il y a comme un air de transe, une tension naissante qui se propagent dans l’atmosphère quand les premières radiations des Parisiens commencent à s’étendre à travers les conduits auditifs de la Machine. Les voix et les structures sonores qui s’en échappent sont comme des mantras qui ne demandent qu’à percuter les murs et faire trembler les âmes. C’est un raid commandé, un assaut groupé qui se dessine à travers la performance artistique et hypnotique des quatre furieux musiciens prêts à tout donner pour asseoir un peu plus leur emprise psychotique sur le monde de la nuit. Machines, cymbales et riffs découpés au laser, tout chez les Psychotic Monks contribue à ce climat, à ces climax brûlants et viscéraux. Sans jamais renier l’esprit d’un clan, le quatuor positionné au plus proche qu’il soit possible de l’avancée de la scène, construit avec admiration des titres aussi complexes qu’ingénieux avec une intensité frénétique. Comme un défi lancé à son audience, les regards des musiciens croisent et bravent ceux étincelants du public, pour mieux nous perdre dans une obscurité clairvoyante.

Évoluant au milieu des lianes de câbles disposés méticuleusement devant eux, et nous offrant pour horizon incertain un mur de son phénoménal, ces esprits frappeurs de la noise francilienne mettent en déroute nos sens pour offrir une expérience nouvelle et sitôt mémorable à chacun de leurs passages. Arthur, Clément, Martin et Paul savent ce qu’ils font, ce dont ils sont capables et savourent à n’en point douter la consécration de leurs efforts concédés. Tout, absolument tout vient confirmer ce même soir l’authenticité admirable et manifeste d’un groupe sans leader roi, où la chaise musicale du chanteur lead, plus encore qu’un jeu (jamais une posture), est un enjeu d’expression vital, qui puise tout son amour et ses vibrations métaphysiques dans le collectif.

Pour les néophytes, The Psychotic Monks tient peut-être d’une proposition radicale sur le papier, mais sur scène, emporte l’adhésion sans le moindre veto. Force est de constater que tout spectateur réagit différemment face à cette œuvre imprévisible et entière qui ne laisse aucun repère sinon celui d’une énergie fulgurante et déterminée. Mais, au bout du compte, tout concourt à ce que l’audience, unanimement, se prenne au jeu, comme hypnotisée par la sincérité de cette performance ébouriffante. Admirateurs déjà convaincus et néophytes charmés par la promesse d’une expérience de transe sont ainsi emportés par le déluge des guitares et des rythmiques.

Autour de nous, les corps les plus réceptifs s’unissent, bondissent et se contorsionnent de plaisir, pour frapper la cadence métallique des six cordes et de ces voix trépidantes. Libératrice, salvatrice et réconciliatrice, goûter une fois (de plus) à l’expérience de ces moines plus atypiques que psychotiques, c’est forcément prendre rendez-vous pour la prochaine thérapie de groupe avec la promesse d’un grand et furieux album, « Pink Colour Surgery », désormais annoncé et rivalisant, pour l’avoir vécu cette nuit-là, d’affronts au conformisme et témoignant d’un amour total pour l’incarnation scénique. Magistral.

Le prochain rendez-vous est déjà noté dans notre agenda : ce sera le 22 mars prochain à la Maroquinerie pour la release party de « Pink Colour Surgery », troisième album des Psychotic Monks qui lui sortira le 3 février 2023 chez Vicious Circle et FatCat Records.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques