Rencontre avec Super Crayon

On avait rencontré Super Crayon au festival Visions en août. Oui, on a un peu trainé, mais mieux vaut tard que jamais.

crédit : Aloïs Lecerf
crédit : Aloïs Lecerf

Quentin : Ça vous dit qu’on joue au roi du silence ce soir ?

Nicolas : Pour une interview c’est super bien…

Quentin : Non, au camping.

Nicolas : On a fait du bruit hier soir ?

Alois : Un peu ouais.

Nicolas : C’est lui qui criait (montrant Cyril).

  • OK, on a un truc pour toi après alors. Sur le dépliant du festival, il y a marqué « Vignette Lo-Fi, Casio cheesy, voix broadcastienne pleine de candeur », vous vous retrouvez dans cette description ?

Corentine : Elle est bizarre ta question.

Cyril : Non, mais franchement les morceaux de Super Crayon sont super vicelards. C’est juste qu’il y en a un seul qu’est un peu candide et puis voilà, tout le monde croit que c’est ça Super Crayon. Les gens croient que c’est débile, mais en fait c’est pas du tout ça.

Super Crayon
crédit : Gilles Pensart
  • Qu’est-ce que tu entends par vicelard ?

Cyril : Par exemple, t’entends « Sunset Massacre » tu te dis « Bah putain, ils sont pas très bien dans leurs têtes », y’a pleins de substances nocives quoi. C’est pas moi qui compose donc je peux dire ce que j’en pense, tu vois, mais quand j’ai découvert l’EP, j’pensais pas du tout que ça allait être comme ça. À part « Je préfère les tétraèdres » qui est effectivement candide, machin, mignon, ce que tu veux, etc., mais le reste est très très darkos quoi.

Nicolas : Ouais, en fait c’est juste une grosse blague « Je préfère les tétraèdres ». En fait, quand on a écrit le morceau, on était aux Beaux-Arts, on a commencé à composer de la musique ensemble et on savait rien jouer. Du coup, on a composé ça, c’était juste une instru et ouais c’était vraiment une grosse blague. On s’est dit, on va se mettre dans l’aire du temps.

Corentine : On va chanter en français et faire une chanson pop à la noix.

Nicolas : C’était juste pour dire que c’était facile quoi. Et puis moi, l’anglais, je maitrise pas trop alors que là c’était des paroles que je pouvais chanter sous la douche pour rigoler.

Corentine : Le pire, c’est qu’on s’est dit qu’on était sûr que ça pouvait marcher. Et effectivement c’est ce qui s’est passé, les gens sont enthousiastes généralement sur ce morceau. C’est pas du tout la couleur de ce qu’on fait en règle général.

Nicolas : Ouais, après c’est sûr qu’il y a toujours le côté lo-fi parce qu’on est pas musicien à la base.

Corentine : Ouais, on est des branques.

Nicolas : On enregistre dans notre chambre. Moi j’adore les Casio, c’est comme des jouets, c’est ludique. Ça nous fait marrer d’utiliser ça pour des morceaux.

  • Vous avez eu le droit à un article dans Magic aussi.

Corentine : Ben ouais, ça fait partie du truc qui nous fait marrer avec « Je préfère les tétraèdres ». Surtout qu’on se met pas vraiment la pression par rapport au milieu de la musique. Après on a été super content d’être chroniqué dans Magic parce que je suppose qu’il doit y avoir plein de groupes qui attendent ça pendant super longtemps. Nous, ça nous est tombé un peu dessus comme ça.

Nicolas : Enfin on va pas pleurer.

Super Crayon
crédit : Gilles Pensart
  • Donc tout est parti d’une grosse blague ?

Corentine : Non, pas vraiment. On a toujours voulu faire de la musique, mais on n’a pas un regard de musicien sur ce qu’on fait. Au départ, on est artiste-plasticien, donc on bricole, on essaye plein de trucs. C’est pour ça qu’il y a des morceaux qui ont des teintes et des ambiances totalement différentes. On expérimente beaucoup.

Nicolas : Ouais, et puis on s’est rendu compte qu’on aimait bien jouer en public au final. Et y’a justement Reno de Beko qui cherchait une première partie pour un concert à Brest et il avait pas de groupe. Un pote à nous était là et a dit « Ben, vous avez qu’à jouer vous ». Du coup, on a fait écouter « Hypercube » à Reno qui nous a dit oui.

  • Ça s’est fait comme ça avec Beko du coup.

Corentine : Ouais, le concert lui a plu et puis c’est un ami depuis super longtemps. Il nous a proposé après le concert de faire une sortie. Il se remettait à faire des sorties physiques en plus donc on a fait l’EP avec eux et normalement on devrait continuer de travailler avec eux.

  • L’arrivée de Cyril pour les concerts, c’est parce que vous vous faisiez chier à deux ?

Corentine : Non, non, carrément pas. Il s’est proposé et puis on s’est dit pourquoi pas avoir une basse en plus. Ça apporte un peu de corps à l’ensemble. Quand on joue à deux, l’ambiance est carrément différente. C’est moins pêchu et moins noisy.

  • La suite pour Super Crayon, c’est quoi ?

Cyril : Faire un bébé.

Nicolas : C’est un rigolo lui. Plus sérieusement, y’aura sans doute une sortie avec Beko en début d’année prochaine.

Cyril : Ouais, on aimerait bien sortir des trucs sur cassette. Un truc comme 5 morceaux au format live, mais bon faudrait peut-être qu’on le fasse, parce que ça fait deux mois qu’on en parle, mais on fait rien.

Nicolas : Ben moi, j’vous attends.

Cyril : Ouais, ouais, moi aussi ouais.

Super Crayon
crédit : DMA Galerie
  • Du coup ça serait un nouvel EP, un album ?

Corentine : Non, un petit 45 tours sans doute.

Cyril : De toute façon tout le monde s’en fout des albums. Y’en a qui sortent un morceau de temps en temps sur bandcamp et ça marche tout aussi bien. Ça veut plus rien dire un album.

Nicolas : Faut faire un best of.

Cyril : Ouais, tu peux commencer par sortir un best of, mais c’est trop tard parce que t’as déjà sorti un truc.

  • Si tu sors un best of en premier, au final c’est un album.

Cyril : Ben ouais, ça veut dire que tu fais que de la merde après. Mais c’est pas très grave.

Corentine : Ouais, mais après t’es pas obligé de sortir des albums vu que ton best of est déjà sorti.

Cyril : Ouais. Non, mais on a fait un truc comme ça sur mon label, on a sorti une cassette quand on était aux beaux-arts qui s’appelait « Golden Hits » sauf que ça veut rien dire parce que personne connaissait ce qu’il y avait dessus. Enfin bref, le délire des mecs des Beaux-Arts quoi. Mais bon, c’est cool de faire des blagues.

Nicolas : Moi j’aime bien les blagues.

En parlant de blagues, on a un truc pour vous. C’est sous la forme d’un vinyle. Je vous donne le prix Sacha Distel des artistes qui font plus de bruit au camping que sur scène.

Prix Sacha Distel

Nicolas : Merci, je le prends avec honneur parce que j’ai pas encore gueulé cette nuit.

Cyril : Mais en plus, vous êtes juste à côté de nous non ?

Quentin : Ouais.

  • Corentine : Moi j’ai une question pour vous. Ça veut dire quoi « débile et trop cool » ? Parce que quelqu’un dans votre webzine a écrit que Super Crayon, c’était « débile et trop cool ». Pourquoi « débile » va avec « trop cool » ?

Cyril : Mais on sait très bien ce que ça veut dire.

Quentin : Ben justement par rapport à « Je préfère les tétraèdres », tu vas pas me dire que c’est de la grande poésie, mais ça marche.

Corentine : Ben si…

Quentin : Non, mais tu vois ce que je veux dire.

Corentine : Oui, non, mais j’avais juste envie de faire chier. Non, mais c’est vrai qu’on s’est regardé entre nous et on s’est dit « Mais qu’est-ce qu’ils racontent là ? ».

Cyril : Hey, quand vous retranscrirez, vous cuterez mes conneries hein ?

Quentin : Ouais, ouais.

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supercrayon.bandcamp.com

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Quentin Lejas

chroniqueur enthousiaste, épris de The Smashing Pumpkins et des Pixies