La lente combustion du souvenir et du désir. La transpiration ultime avant la fin d’un temps que le monde lui-même regarde brûler, se confondant dans ses flammes incandescentes. SNEERS. contemple la dissolution humaine et relationnelle dans l’acide pur et corrosif de l’oubli, du néant. Un mal-être dont les effluves nous enivrent, contre toute attente.
Les teintes orangées et âpres d’une source que l’on ne pourra que deviner sans jamais la voir exposent, en seulement trois plans distillant admirablement l’angoisse et la sensualité, le torse nu et le regard fatigué et vide de M. Greta Blaankart. Durant les secondes lentes et obsédantes de ce doux-amer « Ode To The Past », des mélodies se répètent, boîte à musique et bande-son d’une apocalypse aussi bien intime qu’universelle. Les vestiges de ce qui a été se dévorent. La lettre lue, murmurée et ingérée devient, au fil de la voix ensorceleuse et râpeuse de l’artiste, une confession où se conjuguent le regret et le meurtre, l’obsession et la pulsion.
Un conte obscur d’amour et de mort, la narration aiguisée du malaise et du nihilisme ; « Ode To The Past » invite, tout au long de ses images enserrées dans un cadre étouffant et minimaliste, la communion des caresses et la noirceur d’épidermes calcinés, la recherche d’un dernier orgasme, aussi suggestif et violent soit-il dans ses motivations, tandis que tout sombre. Les corps inanimés de papillons cloués autour de notre splendide et mystérieuse créature nous rappellent à nos destins incertains, à ce qui est déjà gravé dans le marbre ou crayonné au charbon sur les pages tranchantes du livre du destin. SNEERS. impose, en moins de trois minutes, l’illustration parfaite de la décrépitude programmée de l’individu et de ses liens effilés aux autres. Une merveille ténébreuse et menant chacun d’entre nous à une terrifiante introspection.
