Le printemps est là ! Alors, que vous soyez plutôt sous les giboulées de mars qui n’en finissent pas ou bien en train de profiter de la douceur d’un début avril digne d’un mois de mai fleuri, voici cinq disques du mois dernier qu’on vous recommande d’écouter !
[LP] Bolis Pupul – Letter to Yu
8 mars 2024 (DEEWEE records)
Vous le connaissiez peut-être pour son (excellent) album collaboratif avec sa compatriote Charlotte Adigéry, « Topical Dancer », mais le DJ et compositeur de musique électronique sino-belge revient cette fois-ci avec un premier album solo, hommage à sa mère, à Hong-Kong et à la house nord-américaine. Un disque riche de ses influences cosmopolites, émouvant aussi dans ce qu’il dit du souvenir, du déracinement ou du deuil. Mais surtout, un dialogue fécond entre house et techno, entre Orient et Occident, truffé de beats dantesques. Attention pour les aficionados du format physique : le titre « Frogs », un des sommets de l’album, ne figure que sur la version digitale.
[LP] Adrianne Lenker – Bright Future
22 mars 2024 (4AD)
Si nous n’étions pas spécialement fans des précédents efforts solos de la frontwoman de Big Thief (dont on adore en revanche tous les albums), ce septième opus d’Adrianne Lenker est peut-être son plus réussi. Peut-être aussi le plus proche de ce qu’elle a pu faire avec Big Thief, ceci expliquant cela. Néanmoins, voici douze pistes de folk dépouillé, pratiquement des torch songs, où l’artiste se met à nu et traverse des atmosphères nimbées de country et d’americana. Difficile de ne pas verser une larme sur le final désarmant qu’est « Ruined ».
[LP] Allie X – Girl with No Face
23 février 2024 (Twin Music)
Si on nous avait dit « tu verras, en 2024 tu vas adorer un album de Allie X », on ne vous aurait pas cru. Et pourtant, ce troisième album de la chanteuse pop américaine est remarquablement convaincant. Parce qu’il fait corps avec la matière sonore des 80’s sans reculer devant ce qu’elle peut avoir de kitsch, ni verser dans le pastiche naphtaliné, parce qu’elle en conserve un sens redoutable de l’efficacité pop, et parce qu’elle y ramène une bonne dose d’autodérision et d’humour bravache, dans la pure lignée de la scène electroclash du début des années 2000. Au final, un disque entraînant et savoureux de synth-pop et de nu-disco, pile comme on les aime.
[LP] Empress Of – For Your Consideration
22 mars 2024 (Major Arcana, Giant Music)
On n’avait plus trop suivi la carrière de Lorely Rodriguez aka Empress Of, depuis ses débuts remarqués et les quelques albums qui avaient suivis. Ce quatrième opus, qui prend pour titre une formule toute faite qui accompagne notamment les films présentés aux panels de votants de l’académie des Oscars, nous donne pourtant envie de nous replonger dans l’univers de la Hondurienne-Américaine. Pop arty et liquide, influencée par les sonorités latines et le chant fluide entre anglais et espagnol, atmosphères tantôt douces et bleutées pour chanter le vague à l’âme ou plus orientées dancefloor – avec un joli featuring de Rina Sawayama, la musicienne semble à l’aise dans tous les styles et tous les registres. C’est beau, c’est frais, c’est moderne.
[LP] Julia Holter – Something in the Room She Moves
22 mars 2024 (Domino Recordings)
On termine notre sélection mensuelle par le nouvel album de Julia Holter, sorte de bardesse des temps modernes, et autrice-compositrice-interprète d’une musique pop souvent savante et sophistiquée, qui conjure textures sonores et univers oniriques difficilement élucidables. Son « Aviary » était un des chefs-d’œuvre de 2018, et ce nouvel album, au titre d’emblée mystérieux et à la pochette tout aussi cryptique, ne déroge pas à la règle de sa musique : exigeante, mais incroyablement belle et en constante mutation. Superbe, donc.