Rencontre avec la team Scène de Bain

Depuis ses débuts en 2010 à Strasbourg jusqu’à des tournages aux quatre coins de la France et sur quelques festivals cette année pour une saison 3, le projet Scène de Bain a pris de l’ampleur.
Scène de Bain nous a proposé de parler de leur projet sur indiemusic et considérant qu’il fallait mieux laisser aux acteurs du projet le soin de présenter leur activité, nous leur avons proposé une interview histoire de mieux les connaitre.
Rencontre avec Mathieu, Clément et Nathalie de Scène de Bain !

  • Bonjour l’équipe de Scène de Bain. Votre projet est né à Strasbourg début 2010. Autour de quelles personnes et avec quelles envies initiales ?

À l’origine c’est Mathieu Z’Graggen et moi, Clément Protto, qui nous sommes rencontrés lors d’un concours de vidéo à Strasbourg. Tous deux passionnés par nos métiers respectifs (ingénieur du son et réalisateur vidéo / motion designer), nous avions voulu collaborer ensemble sur différents projets et Scène de Bain est venu naturellement de l’association de nos compétences.
Plus récemment, Nathalie de l’agence BePopular* nous a rejoint pour gérer la partie booking et management, mais aussi la promo du concept.

  • Si j’ai bien compris le concept initial de Scène de Bain, c’est un groupe qui est accueilli avec l’équipe de tournage dans la salle de bain d’une personne dans une ville. Et souvent, c’est spontané et la rencontre nait de la curiosité, car les gens ne se connaissent même pas. C’est bien ça le principe ?

C’est exactement ça ! L’idée, c’est de faire jouer un groupe, dans une salle de bain chez un particulier, tout le monde peut y prétendre d’ailleurs, grâce au formulaire de contact sur le site !
L’idée, c’est avant tout de faire une vidéo du groupe qui chante sous la douche, de pouvoir leur offrir une vitrine sur le web, mais c’est aussi de créer des rencontres !
Au final, Scène de Bain devient une grande famille avec comme base de la musique, des moments passés ensemble et surtout des souvenirs qui sont accessible à tous grâce à notre site.

  • Vous êtes actuellement rendus à la troisième saison de Scène de Bain sans compter les événements spéciaux (Francofolies de La Rochelle, Dour Festival et votre tournée dans le sud de la France suite à la saison 1). Parmi toutes les rencontres que vous avez faites, quels sont les meilleurs souvenirs de tournage que vous gardez ?

Vraiment beaucoup de très bons moments, de rencontres surtout…
Quand on me demande, j’ai l’habitude de parler de notre toute première tournée lorsque nous sommes passés à Clermont-Ferrand. En plus d’un accueil trop chaleureux par les groupes qu’on a croisés là-bas (Niandra Lades, Garciaphone…) c’était l’une des premières fois où nous étions amenés comme ça à aller filmer à travers la France.
C’était juste fou, on a fait une tournée comme un groupe, mais pour filmer des sessions acoustiques !
C’est rapidement devenu une vraie drogue pour nous tous et rapidement on a eu l’opportunité d’être invités sur des gros festivals comme Dour par exemple.
Tout y était intense ; du rythme des tournages à la fréquence des publications qui nécessitait une vraie réactivité de notre part.

  • Quelles ont été les situations de tournages les plus complexes et pour quelles raisons ?

En général le plus compliqué, c’est bien souvent l’espace qu’on peut avoir dans une salle de bain.
On s’arrange toujours pour que le groupe soit au maximum à l’aise pour jouer son morceau, mais pour nous, ça n’est pas toujours le cas.
Les espaces confinés donnent ce charme aux groupes qui y jouent, mais forcément, de notre côté nous nous retrouvons dans des situations assez incongrues.
Restez attentifs sur Facebook, Nathalie se fait toujours un malin plaisir à nous prendre en photo et à les poster (rires).

  • Actuellement sur vos tournages, qui est derrière les caméras et qui s’occupe de la captation sonore ?  Autrement dit, qui aujourd’hui permet à Scène de Bain de fonctionner ?

Clément : La plupart du temps, c’est moi qui filme et Mathieu qui prend le son. Mais il arrive qu’on soit épaulés par des collègues comme Julien Petin que l’on le retrouve de temps en temps dans les crédits de nos vidéos.
Parfois il m’arrive d’être seul dans la captation aussi bien vidéo que la prise de son.
Pour le montage, on alterne entre Mathieu et moi. D’ailleurs c’est le moment d’en parler ; nous avons plus de dix sessions en attente de montage !

  • En moyenne, quel temps consacrez-vous à la préparation d’une captation acoustique de la prise de contact avec l’artiste à la préparation du matériel de tournage en passant par le choix du titre ?

On a la chance d’avoir été rejoints par Nathalie il n’y a pas longtemps qui s’occupe de tout cet aspect-là : booker un groupe, trouver un lieu…
Ça prend vraiment beaucoup de temps, d’échanges de mails avec le management des groupes, caler les plannings de chacun.
Une fois l’horaire et le lieu calé, nous rejoignons les groupes et nous les emmenons chez les propriétaires de salles de bain où le matériel est déjà installé.
Et là ils prennent place ! C’est souvent le moment le plus drôle, mais ils s’en sortent toujours très bien et nous surprennent toujours par leur inventivité : mise en scène avec des petits canards, percutions faites maison avec des gels douche ou en frottant le rideau avec une brosse (cf la session de La Femme). Après toutes ces sessions, on peut vous garantir que pour les suivants, la barre est haute !

  • Aussi, faites-vous des tests avec les artistes avant d’entamer la captation ou est-ce en quelque sorte un one shot avec l’optique de l’authenticité.

On triche un peu, l’idée c’est vraiment que la vidéo nous plaise, mais aussi qui mette en valeur le groupe. Ça nous arrive de proposer au groupe de refaire plusieurs fois une prise s’il le souhaite.

  • Il y a le tournage, on pourrait parler de la première étape visible, mais il ne faut pas oublier la partie liée au montage. Proportionnellement, quelle part du travail avant la mise en ligne d’une vidéo représente cette seconde étape ?

Clément : On a une forme qui est relativement la même depuis le début, du coup on est habitué à monter ça relativement vite. En général c’est l’histoire de quelques heures…

Nathalie : Il faut surtout dire qu’ils sont très doués. Rodés aussi, mais quand même !

  • De la saison 1 à la saison 3, vous avez certainement été amenés à faire évoluer votre matériel. Avec quel matériel avez-vous commencé et vers quel matériel vous êtes-vous orientés par la suite ?

On a commencé avec les moyens du bord, puis, petit à petit, on a eu l’occasion d’investir dans du matériel.
Aujourd’hui un dispose d’un panel (de DSLR et micros) assez complet qui nous permet d’être autonomes. Il faut aussi savoir que ce sont nos métiers et que dans ce milieu nous nous devons d’être à la pointe. Le projet en profite, forcément.

  • Avec le succès relatif de votre projet, avez-vous reçu une aide pour financer ces achats que ce soit par les collectivités locales ou par les labels ?

À la base, le projet était complètement autofinancé. Depuis peu, nous travaillons à sa monétisation à travers différents leviers : fonds privés, fonds publics, placement produit et tout ce qui peut nous tomber sous la main.
Les labels n’entrent en aucune ligne de compte dans notre montage financier. Cela nous permet de garder les rennes sur notre direction artistique. Nous pensons que c’est rassurant pour les gens qui nous suivent de savoir qu’un groupe ne peut pas « s’acheter » de sessions Scène de Bain. Après c’est sûr que l’on s’expose plus facilement à la critique en assumant nos choix et goûts musicaux. Mais au-delà d’assumer, nous en sommes même plutôt fiers !

  • Vous allez bientôt dévoiler de nouvelles sessions tournées à l’occasion de la saison 3 de Scène de Bain, on veut des noms !

Ça arrive, ça arrive ! Sans trop vouloir spoiler nos sessions à venir (Julia Stone, Erevan Tusk…), on peut dire qu’on est pas mal allés à Paris, mais qu’on a aussi fait des choses à Amsterdam parce que même si la scène Hollandaise n’est pas du tout connue en France, il y a là-bas vraiment de chouettes projets ! La seule actu croustillante qu’on ait à vous mettre sous la dent, c’est qu’on a une dizaine de sessions dans le tiroir !

  • Vous avez en effet été accueillis par un label hollandais pendant une semaine pour tourner des sessions acoustiques. Comment ont-ils pris contact avec vous, comment ont-ils entendu parler de votre projet et surtout, qu’avez-vous tourné avec eux et quand pourra-t-on a priori découvrir ces tournages ?

On parle du label Excelsior qui est vraiment un gros label à Amsterdam. Il s’occupe de pleins de groupes, et effectivement nous sommes allez faire un saut là-bas, nous avons fait pas mal de choses et je pense qu’on risque d’y retourner dans pas très longtemps ! C’est nous qui sommes entrés en contact avec eux, car nous avions vraiment envie de sortir de nos frontières pour voir et présenter ce qu’il se passe à quelques heures de chez nous !
Nous avons vraiment été super bien accueillis aussi bien par les salles (Melkweg, Sugar Factory et Tivoli de Utrecht ) que par les membres des groupes avec qui nous avons passé de super moments… à Amsterdam ! (Rires)

  • Aussi, peut-on parler d’un projet viable aujourd’hui d’un point de vue économique au regard du temps que vous consacrez à la réalisation de ce projet ?

L’économie est une question sur laquelle nous devons tous être plus ou moins d’accords dans le milieu des acteurs de la musique indé ! Mais nous avons tous la chance d’être professionnalisés dans ce domaine et de pouvoir en vivre.
Scène de Bain est un projet qui ne cesse de grandir. Nos rencontres nous font avancer chaque jour un peu plus. Avoir la prétention de dire que nous sommes ambitieux par rapport à la finalité financière du projet ne nous ressemblerait pas. Mais nous comptons bien ne pas nous en arrêter la, et continuer envers et contre tout pour notre amour du partage de la musique. Après, le reste…

  • Pensez-vous déjà à une quatrième saison de Scène de Bain ou est-ce encore trop tôt pour statuer sur cette éventualité ?

On a beaucoup d’envie et d’idées pour Scène de Bain. Au delà de faire une quatrième saison, on pense surtout à la cinquième, à la sixième ! (rires ). Mais plus sérieusement, avant ça , on pense qu’il y aura d’autres « surprises » à venir ! Stay tuned comme on aime bien dire (cc Anthon Knight )

  • Un petit mot pour nos lecteurs pour leur donner envie d’aller découvrir vos vidéos ?

Scène de Bain, c’est plus de 60 sessions acoustiques dans des salles de bain qui regroupent aussi bien des groupes émergents de la scène indé Française que des groupes qui remplissent l’Olympia.
Le tout dans une ambiance acidulée avec des miroirs sur les moments partagés lors du tournage. Enfin, on est sans doute les moins bien placés pour se critiquer alors on vous invite à aller faire un tour sur www.scenedebain.com et de vous en faire une idée par vous même !

  • À bientôt et merci pour cette interview !

Merci Fréd !

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques