[Live] Porridge Radio au Botanique

Nous les avions découverts par hasard, mais surtout par chance, sur scène début mars 2020, peu avant la sortie de leur deuxième opus. Frustrés de ne pouvoir les revoir, nous nous étions plongés dans « Every Bad » le confinement durant. Il faut dire que la palette d’émotions tranchée, radicale, approchée par le quatuor s’est révélée être un bon soutien moral, presque le reflet de notre état d’esprit. Quelle ne fut pas notre surprise de retrouver Porridge Radio deux ans plus tard de passage à Bruxelles, entre tournée européenne et premières parties d’Idles !

crédit : Porridge Radio par Alice Tabernat

Nous arrivons tout juste au Botanique pour saisir les dernières notes de S O R O R, enchantant groupe bruxellois. La boucle psychédélique dans laquelle le set se conclut semble ravir l’audience, venue en nombre. Si nous sommes heureux de retrouver un semblant d’insouciance propre aux concerts et autres soirées club, nous remarquons que le public ce soir est plus âgé que ce que nous supposions. Professionnels ? Simples amateurs de Porridge Radio ? Nous n’en saurons rien, mais espérons tout de même que le concert sera animé.

À 21 heures pétantes, Dana et ses acolytes montent sur scène et entament d’emblée « Born Confused », puissant morceau où s’exprime la pâte du groupe : des compositions aux couleurs nettement opposées, séparées. La colère monte par étape avant d’habiter Dana tout entière. La foule, comme extatique devant tant d’énergie, acclame le groupe. La suite s’annonce prometteuse. Les titres s’enchainent, tous résonnent presque comme des classiques. Le public reprend joyeusement le refrain de « Good for You », se balance de gauche à droite sur « Long », ou tape du pied sur « Give/Take ».

Sans crier gare Dana peut revenir, au beau milieu d’une montée de rage, à des mélodies calmes et des paroles chuchotées. Cette ambivalence propre au groupe traduit la frustration qui nait de l’ennui, du mal-être, des tourments de nos jeunesses. Dana s’interroge sur ce qui ne tourne pas rond chez elle, sur ses angoisses qui l’habitent autant qu’elle tente de les chasser. Étrangement, la colère qui s’empare de la scène paraît aussi très contenue, maîtrisée. Et si les notes explosent, jamais les interprètes ne perdent pied et reviennent toujours à elles.

Porridge Radio réussit un tour de maitre en proposant au public quelques nouvelles compositions de l’album à venir, dont « Back to the Radio », qui reprend un motif de structure déjà observé, celui d’une montée petit à petit de l’intensité de la mélodie, sans que nous n’ayons l’impression d’un déjà entendu. Chaque morceau affirme une identité propre tout en s’accordant au répertoire poétique, par moment bricolé, du groupe. Après une quarantaine de minutes de performance, les quatre musiciens remontent sur scène pour un nouvel inédit. Le concert s’achève sur l’incontournable « Sweet », accueilli avec bonheur par un public détendu, à notre goût un brin trop pop pour une setlist si rock. En même temps, nous nous disons que tout concert ne doit être l’exutoire des passions. Cette soirée était davantage une distraction qu’une introspection, et finalement rentrer chez soi en pleine forme n’était pas pour nous déplaire.

Le nouvel album « Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky » de Porridge Radio est attendu le 20 mai 2022 chez Secretly Canadian.


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Alice Tabernat

Alice Tabernat

Étudiante passionnée par la création musicale et les beaux textes.