[EP] Part Company – Manfred

Ce que les quatre pieds de Part Company ont foulé dans le monde entier rugit maintenant dans leurs têtes. Comme un afflux sanguin, la musique indie pop de ces deux gars chauffe, réchauffe même, mais n’est jamais étourdissante (dans son sens le plus littéral). De l’exotisme, de la bonne humeur et une pointe de mélancolie : « Manfred » nous propulse dans les couleurs de ces deux perruches irrévocablement amoureuses de leur vue. 

Part Company - Manfred

Y.S. est né et a grandi à New York, D.S. est né à Paris et a grandi en Australie. Tous les deux se sont rencontrés sur les bancs de l’école à Lyon durant l’âge ingrat. Puis ils se sont séparés. L’un part pour Londres, l’autre pour Bogota. Quelques années après, ils se retrouvent à Nice jusqu’au départ de Y.S. pour Berlin. Autant dire que ça n’aide pas. Du moins, la distance a façonné leur manière de faire de la musique et de la bonne. Non loin des résonances de Deerhunter et de l’allégresse de Cayucas, Part Company évoque ces lieux utopiques que nous nous créons en cas de légère déprime, ces endroits imaginés durant les courts-circuits momentanés de nos neurones. Heureuses qu’elles soient là, trop courtes, le processus des quatre morceaux ne manque pas de susciter ce même phénomène éphémère, dont nous languissons très vite sa présence. Seule différence : celles de Part Company sont utilisables à l’infini.

Les rêveries des globe-trotters possèdent néanmoins une touche amère, légèrement désenchantée. Cette déclinaison éthérée révèle les paraboles qui rôdent dans ces chansons, celles du deuil, de la fin de l’amour ou encore de la nature. Des révélations d’autant plus frappantes quand nous connaissons la référence du nom donné à l’EP : Manfred Gnadinger était un sculpteur et ermite allemand réfugié dans le petit village de Galice (région du nord de l’Espagne) où il menait une vie simple en s’occupant de son potager tout en pratiquant son art comme bon lui semble. Épris de liberté et fervent écologiste, il est connu pour être l’auteur des premières œuvres de land art faites de galets, de sculptures et de tours mégalithiques (comme les menhirs) dressées en bordure de mer. En novembre 2002, quand la marée noire du naufrage du Prestige détruisit toutes ses œuvres et l’écosystème aux alentours, Manfred sombra dans la mélancolie. L’hommage de Part Company ne peut donc qu’être honorable et l’histoire touchante de cet homme, de ces hommes, nous transporte alors vers des tropiques hallucinés.

Part Company

« Manfred » de Part Company est disponible depuis le 17 juin 2016 chez Label Gum.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante