[EP] Palace Winter – Medication

En donnant à entendre un disque sans commune mesure et complet, Palace Winter s’amuse à errer dans des tourments tantôt folk, tantôt rock, mais sans jamais s’arrêter à un seul genre. Un EP hybride, surprenant et instantanément mémorable.

Palace Winter - Medication

On rencontre, de temps en temps, des chansons qui, venues d’on ne sait où, nous parlent. Elles nous murmurent leurs douces mélodies à l’oreille, chuchotent et retiennent immédiatement toute notre attention. La plupart du temps, elles sont intrigantes, mystérieuses et semblant issues d’un monde qu’on ne soupçonnait pas jusqu’alors. Avec « Medication », le duo danois Palace Winter crée un univers lumineux et surprenant, car totalement original et démontrant l’inépuisable créativité de ses géniteurs. Hors norme, pourrait-on ajouter ; car aussi universel qu’intime.

Offrant à l’auditeur des mélodies éthérées et étonnantes, les musiciens trouvent, dans la complexité d’arrangements remarquables, leur langage le plus précieux et inédit. Que ce soit au travers de moments folk rythmés et entêtants (Time Machine, Menton) ou grâce à des vagues de claviers hypnotiques et magnifiques (l’inoubliable « Woke in the Night, The Phone Was Ringing »), ils s’amusent à noyer les repères, agrémentant leurs chansons de synthés vintage trouvant une place imparable dans ce monde inconnu et vivifiant. Osant l’union de l’analogique et de l’artificiel, Palace Winter ne s’égare à aucun moment, pesant le pour et le contre d’harmonies justes et précises (New Ghost), suaves et charmeuses (le sobre et splendide « Stockholm »). Il est alors évident d’affirmer que l’on n’a jamais entendu de tels hybrides, l’ensemble devenant aussi palpitant qu’un album complet, tant il est rare et entier. Inutile d’essayer de l’apprivoiser dès la première écoute ; « Medication » recèle bien des secrets. Ce qui n’enlève rien à son effet immédiat et séduisant, de la première à la dernière note.

Porté par des voix et chœurs sensibles et sobres, l’EP est assuré de devenir un phénomène non identifié, comme on en croise peu actuellement. Confortable et doux, il pénètre les sens et réchauffe le cœur et l’âme, sans jamais renier son rôle thérapeutique. Sublime de bout en bout, il n’a de cesse de nous tourmenter – dans le bon sens du terme – et de nous happer, révélant au fur et à mesure ses facettes les plus précieuses et émotionnellement fascinantes. Difficile alors de mettre des mots sur ce qui s’affirme comme une expérience hors du temps et de l’espace ; en cinq titres, Palace Winter place la barre très haut, nous faisant savourer ce remède à la mélancolie et à la routine. Un antidépresseur dont l’efficacité n’est plus à prouver, et qui doit être autant salvateur pour nous que pour ses compositeurs. Le remède idéal pour les longues soirées d’hiver, quand la neige nocturne tombe à gros flocons et que le feu, dans la cheminée, nous rassure et nous enserre de ses tendres parfums et de sa chaleur. La flamme ne cesse de briller devant nous, et il sera désormais impossible de l’éteindre.

crédit : Daniel Buchwald
crédit : Daniel Buchwald

Palace Winter a engendré un véritable chef-d’œuvre minimaliste, précis et aussi hypnotisant que les yeux d’un charmeur de serpent. Une transe magique dont on savoure tous les fumets et qui n’a pas fini de nous étonner.

« Medication » de Palace Winter est disponible depuis le 2 octobre 2015 chez Tambourhinoceros.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.