Comment se servir d’influences cinématographiques diverses afin de définir une nouvelle lecture, personnelle et complémentaire de la musique, dans un respect à la fois entier et inédit, tout en relevant du génie pur ? C’est ce que fait Ruby Cube de la plus belle des manières avec le mémorable « Heartbeat », hommage original et passionnant à des cultures trop souvent mises à l’écart mais pourtant inséparables de ce que nous sommes, intellectuellement et culturellement.
Certains d’entre vous penseront, évidemment, à « Rubber » de Quentin Dupieux. D’autres, à l’inoubliable « Christine » de John Carpenter. Et il y a de ça dans « Heartbeat », nouvelle vidéo charmeuse et sensuelle des Toulousains de Ruby Cube. Mais se contenter de simplement comparer le résultat d’une intense réflexion artistique à la reproduction sans âme d’inspirations passées dénaturerait totalement le propos ici illustré avec force et concentration. Car Ruby Cube sait ce qu’il veut, et l’obtient ; ne serait-ce que grâce à des couleurs éliminant immédiatement toute notion d’angoisse, attirant le spectateur, comme les deux protagonistes féminines, vers une destination motorisée que l’on ne peut refuser. Le rythme cardiaque augmente, la poitrine se lève, les poumons s’enflamment de curiosité et de désir. Le charme opère, implacable.
La réalisation de Sébastien Auger et Pierre Teulières, d’une admirable précision et concision, transforme l’intrigue en poésie visuelle, où chaque plan demeure un personnage à part entière, dévoué à l’action et à ses conséquences. De ce fait, la sexualité devient enchanteresse, presque surréaliste ; comme si l’on se trouvait face à un mélange savoureux et jamais complaisant de sorcellerie et d’attraction charnelle. Pas besoin de montrer pour susciter la pureté d’un acte, aussi fugace soit-il ; dans des tonalités mauves vaporeuses et phosphorescentes, « Heartbeat », pop délicate et émouvante de Ruby Cube, a trouvé la concrétisation la plus marquante et juste de ses ambitions. Oser pour mieux exprimer son art, quel qu’en soit le prix ; et, devant un tel résultat, ce dernier ne sera que peu cher payé, tant le court-métrage restera longtemps gravé dans nos mémoires.
