[Live] Maestro au Joker’s Pub

C’était un peu la soirée « pochette surprise ». Des « Un pote les a vus aux derniers Bars en Trans et m’a dit que c’était mortel » aux « Y’a deux des anciens musiciens live de Vitalic dans le groupe » entendus à l’entrée du lieu, chacun avait sa bonne raison de se montrer au Joker’s Pub ce jeudi 7 avril au soir, sur les coups de 22h. Sans première partie de soirée, sans tête d’affiche locale, le groupe parisien nous a convaincus dès le premier morceau pour nous lâcher un peu avant minuit, l’énergie évacuée et l’esprit libéré. Retour sur un concert sans sommeil.

Maestro © Fred Lombard

Avant de parler de la performance, une courte présentation des musiciens s’impose : au centre de la scène, au chant et au pad, l’Écossais Mark Kerr, ancien membre de Discodeine et Bot’ox, et ex-batteur des Rita Mitsouko ; à gauche, aux claviers et aux machines, Fréderic Soulard, producteur, entre autres, de Poni Hoax et de Joakim (le boss de Tigersushi) ; et à droite, faufilé derrière les kicks et les cymbales, Antoine Boistelle, batteur de Owlle.

La cravate noire et jaune serrée autour du cou, en chemise noire, le micro dans la main droite, la main gauche sur le clavier du Mac Book, Mark Kerr emprunte le look et le personnage de ces conférenciers un peu ternes, adeptes des présentations PowerPoint. Il n’en sera forcément rien, tant la folie classe du chanteur écossais viendra casser les fausses apparences pour nous livrer une performance rare, entre David Byrne et James Murphy. Inclassable, la musique électronique du trio glaswégien-parisien jongle entre une ghost pop androïde (l’espace scénique est complètement envahi par les machines et autres claviers), une dance pop synthétique et un électro punk frénétique. Sur scène, on perd un peu en pop pour gagner en tension, à l’instar de « Darlin’ Celsa », le « morceau pour les filles » qui s’embrase fougueusement d’accoutrements électroniques entre les mains des trois compères et de leur copieuse armada de machines.

Véritable maître de cérémonie d’une synth wave passionnée, Mark Kerr, à l’accent charmant, mène à la baguette le rythme de croisière d’une électronique prête à faire remuer le public comme les vagues à marée haute. La pop électronique toute en tension de Maestro n’en finit plus d’infuser et de diffuser ses ondes comme un arc électrique se propageant de corps en corps, envoyant même quelques torpilles techno pour mieux canaliser les pulsions d’un public qui ne cesse d’en redemander entre les pistes. Des claviers à la batterie, la fougue prend et contamine la foule avec indiscipline. La salle devient un club libertin, le public se désarticule pour mieux transpirer l’effective et affective transe lancée par le chant inépuisable de son leader en très grande forme, allant jusqu’à se jeter à genoux sur scène, pour mieux crier son amour sur « I Love U », ou déverser sa violence un peu perverse sur « Mechant ».

Dans les premiers rangs, la passivité n’existe pas : les garçons et les filles, les jeunes et les plus anciens dansent unis, sans subir le regard pesant de ceux qui ne remuent pas assez. C’est l’éclate, le fun, le plaisir sain et simple de reconnecter avec une musique sombre et légère, à la fois exigeante et diablement efficace. « Devils », « War Zone » et l’énorme « Thriller Killer » viendront marquer les esprits d’une assistance éperdument conquise, perdue pendant une heure dans ces dédales sonores décomplexés et inédits, fidèles finalement au titre du premier album du groupe : « Mountains of Madness ».

Si la folie a un nom, Maestro n’a pas volé le sien, et encore moins sa réputation. Ce jeudi soir, le trio franco-écossais n’a pas failli et nous a offert une folie électronique jubilatoire et salvatrice. Une performance qu’il nous tarde de revivre prochainement !


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques