Complet depuis de nombreuses semaines, le concert de la reformation de Louise Attaque, emmené par le très amiable Gaëtan Roussel, était attendu de pied ferme au Chabada, le 2 mars dernier, par un public de fans de toutes générations. L’occasion d’une véritable séance de retrouvailles vingt ans après le premier album.
Invités et introduits chaleureusement par Louise Attaque sur scène, les Montréalais de The Seasons auront pour mission périlleuse de conquérir un public angevin rarement acquis d’avance. Et pourtant, nous qui les connaissons depuis leur premier EP « Velvet » chroniqué dans nos colonnes il y a deux ans déjà, nous qui les retrouvions en live à l’occasion du Printemps de Bourges, nous savions dès lors que le jeune quatuor canadien avait plus d’un tour dans son sac pour séduire l’assistance et même faire chavirer les jolis cœurs des jeunes spectatrices. Avec beaucoup d’entrain, de volonté et d’énergie, The Seasons va y parvenir en l’espace d’un titre, tel un conquérant que rien n’arrête.
Les chansons pop légères et mélodieuses entonnées par les frangins Hubert et Julien Chiasson participent grandement au charme de cette première partie de soirée, que l’audience semble apprécier à sa juste valeur, à en juger par les applaudissements nourris qui ponctuent les interludes. Complété par l’énergique Rémy Bélanger derrière les fûts et Samuel Renaud, tout aussi investi et dynamique à la basse, le jeune quatuor va redoubler d’efforts, payants, pour faire découvrir en live son génial premier album, « Pulp », dont le public et la presse ne tarissent pas d’éloges de l’autre côté de l’Atlantique. Avec une assurance et une volonté sans faille, The Seasons va ainsi lancer sa machine à tubes, qui n’a pas fini de conquérir la France ; du léger « Apples » à l’entêtant « The Way It Goes », en passant par une reprise habile des « Papillons Noirs » de Gainsbourg. Souriants et tout simplement heureux d’avoir embarqué sur cette grande tournée française, Hubert, Julien, Rémy et Samuel ont partagé avec nous leur bonheur ô combien communicatif !
Pour les retrouvailles avec son public après dix années d’absence, c’est par « Ton Invitation » que Gaëtan Roussel au chant et à la guitare, Arnaud Samuel au violon et Robin Feix à la basse, complétés de Yoann aux claviers et de Nicolas à la batterie, donneront le top départ d’un grand concert, généreux et faisant la part belle aux premiers succès populaires de Louise Attaque. Dès les premières mélodies, les chœurs du public, dans la salle comble du Chabada, se mêlent au chant passionné et souriant de son chanteur. L’ambiance y sera bon enfant tout au long de la soirée, partagée entre l’émotion si précieuse de la première fois et ceux qui, fans de la première heure ou autres réceptifs aux parenthèses musicales de Gaëtan Roussel, en groupe avec Arnaud Samuel au sein de Tarmac ou en solo, auront rattrapé les souvenirs d’une autre époque qui venait doucement à s’échapper.
Les nouveaux morceaux extraits d’« Anomalie », parsemant la set list de la soirée, sont écoutés et suivis avec attention, là où les grands tubes de Louise Attaque parlent au plus grand nombre (« Léa », « J’t’emmène au vent », « Les nuits parisiennes » ou « Amours »), du jeune public aux plus anciens. C’est donc un mariage habile, mais surtout maîtrisé, de nouveautés-découvertes (« Anomalie » étant sorti le 12 février dernier) et d’instantanés ravivés d’une autre époque qui nous sera réservé. Quel plaisir d’entendre à nouveau les beaux textes de Gaëtan se lier à la poésie des cordes du violon d’Arnaud et à la tenue de la basse jouée par Robin, complétés par les rythmiques effrénées du batteur ! Parmi les nouveaux morceaux, nul doute que le public aura retenu le poignant « L’insouciance » et l’entraînant « Du grand banditisme ».
Inconditionnellement, du côté des succès d’antan et d’estime, « Léa » réveillera le chant du public où les chants des plus jeunes, rieurs voire amusés, se lieront à ceux émus des « anciens », avant que la mélancolie douce gagne un peu toute la salle sur les premiers accords de « La plume », agissant comme une madeleine de Proust. Entre temps, Louise Attaque reprendra, de manière fidèle, « Sur un volcan » de la Maison Tellier, en concert deux jours plus tard dans la salle angevine ; une manière très intelligente et convaincante d’annoncer la date tout en faisant un joli clin d’œil à leurs amis.
La fougue de « Savoir », puis l’ivresse des « Amours », viendront alors ravir à vive allure les sentiments d’un Chabada qui n’en peut plus de taper du pied et des mains pour accompagner la formation rock dans ses inoubliables « Soirées parisiennes » avant de mieux enchaîner sur le passionné « J’t’emmène au vent ». Après un premier rappel de trois titres, Gaëtan Roussel, Arnaud Samuel et Robin Feix reviendront au-devant de la scène pour offrir un ultime morceau en acoustique, « Un peu de patience », et offrir aux Angevins un dernier cadeau plus intimiste.
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