Un jour sur la Voix du Rock

Quand j’arrive à la brasserie du Petit Quinquin (pas de doute, on est dans le Nord) qui tient lieu d’espace presse à l’occasion du festival la Voix du Rock, on me dit que le groupe belge Great Mountain Fire est au fond du resto, et que je peux aller faire des photos et les interviewer. Pourquoi pas ? Je me dirige au fond de la brasserie, mais il y a déjà embouteillage de télés locales pour rencontrer le groupe. La journaliste de la chaîne Weo lance sa première question : « Je sais que le festival n’est pas encore démarré, mais êtes-vous contents d’être là ? » Je me dis que je n’ai clairement pas le niveau… Et comme j’entends la chorale du Grand Mix qui commence à chanter sur scène, je préfère ressortir et aller faire des photos.


La chorale du Grand Mix

la chorale du Grand Mix

Pour ceux qui ne suivent pas assidument la vie de la salle tourquennoise, la chorale du Grand Mix est une action culturelle à destination d’un groupe de seniors, mais aussi d’un groupe de juniors. Les uns et les autres s’initient et/ou perfectionnent leur technique de chant en reprenant des classiques du rock ou des morceaux plus actuels. Sur la scène de la Voix du Rock, ce sont les seniors qui sont à la manœuvre, accompagnés par Lenna Deluxe et ses musiciens. Et il faut vraiment dire bravo au Grand Mix pour avoir joué le jeu jusqu’à donner l’opportunité à ces seniors de monter sur une si grosse scène dans un festival de cette importance et doté d’une telle prog. Sur scène, nos retraités ne s’en laissent pas compter et assurent devant un public déjà relativement important pour l’horaire. Quelques fausses notes ça et là, mais surtout de l’envie, du coeur et du plaisir. Un beau projet, le tout conclu avec le renfort de la chorale junior pour une reprise très, très réussie de Ghost de Skip The Use.


Louis Aguilar and The Crocodile Tears

Louis Aguilar

Louis Aguilar, voilà un nom que j’avais souvent vu écrit sur les premières parties lilloises de nombreux concerts. Je n’étais pas mécontent de découvrir enfin ce génie de 20 ans et des poussières qui vient de sortir son 4e album, excusez du peu. Sauf que, lorsqu’il monte sur scène avec son groupe, The Crocodile Tears, je suis persuadé que ce n’est pas la première fois que je le vois. Il me faudra un long moment (plus de 24h en réalité) pour réaliser que je l’avais vu jouer dans un autre groupe, plutôt électronique celui-là, Weekend Affair, en première partie de Local Natives au Grand Mix plus tôt cette année. Je préfère de très loin son registre folk rock présenté à la Voix du Rock, un très bon set qui m’aura donné envie de me plonger dans sa riche discographie.


Great Mountain Fire

Great Mountain Fire

Autant le dire tout de suite, il fallait arriver tôt à la Voix du Rock cette année, car le meilleur concert du jour, c’est bien les Belges de Great Mountain Fire qui l’auront donné. Déjà vus plus tôt dans la saison au Grand Mix, ils confirment sous le soleil de Tourcoing ce que j’avais déjà pensé à l’époque : leurs prestations scéniques sont beaucoup plus fortes que leur joli premier album, Canopy. C’est d’ailleurs quelque chose dont j’aurais pu/dû parler avec eux au point presse, car je me demande s’ils ont vraiment conscience de la puissance démultiplicatrice de leur attitude et de leur jeu de scène, comme sur l’excellent Late Lights, que ne renierait pas Phoenix. Ces Great Mountain Fire me font penser à un autre groupe découvert cette année, dont les prestations scéniques font la différence, les Québécois de Half Moon Run.


Juveniles

Juveniles

Juveniles, c’est le duo du moment de tout bon hipster qui se respecte. Si j’ai vu l’article dithyrambique dans les Inrocks, je n’ai encore rien entendu d’eux. Le concert démarre à fond de train avec un titre (que je n’ai malheureusement pas retenu) tout simplement parfait, avec des synthés bien sentis et un rythme qui donne tout de suite envie de danser. Sauf que la mayonnaise retombe très très vite et ne reprendra jamais vraiment. Il manque un truc et je ne sais pas quoi. Le groupe s’est-il fait rattraper par le stress de jouer devant 20.000 personnes à la Voix du Rock ? Album à réécouter pour un début d’explication.


Lianne La Havas

Lianne La Havas

Je me pose une vraie question concernant Lianne La Havas : aimerais-je autant cette fille si elle n’était pas aussi belle ? La réponse, je veux le croire, est oui. Car en ce samedi 15 juin 2013, c’est bien toute la place de la République de Tourcoing qui est tombée sous son charme, 20.000 personnes, garçons et filles, tous envoutés par le large sourire de la belle, sa patience face à des problèmes techniques émaillant ses deux premiers morceaux, et surtout ses balades soul simples et authentiques, où Lianne La Havas n’hésite pas à évoquer sans fausse pudeur à quel point elle a morflé dans une précédente histoire d’amour. Elle finira son set sur un « Is Your Love Big Enough » beaucoup plus influencé par les rythmes sud-américains, créant une certaine frustration, et l’envie de la revoir très vite dans ce genre de registre.


Lilly Wood & The Prick

Lilly Wood & The Prick

Pas grand chose à dire sur le set de Lilly Wood & The Prick. Le groupe fait le job, sans réel supplément d’âme, mais avec supplément « j’en fais des tonnes ». Après un début un peu poussif, on finit quand même par se laisser prendre par le concert quand vient l’enchaînement des tubes du premier album du groupe.


Sébastien Tellier

Sébastien Tellier

Je n’ai jamais été un grand fan de Sébastien Tellier. Et je n’ai jamais vraiment compris pourquoi. Ce concert de la Voix du Rock 2013 est venu me confirmer que j’avais sans doute tort. Sébastien Tellier, voilà un homme tout à la fois simple, accessible, excentrique, un showman hors pair dont le délire autour de l’Alliance Bleue est parfaitement réglé. Si Tellier prend soin de son public en début de concert, lui raconte qu’il connaît bien le secteur de Tourcoing car la famille de sa mère est du coin, ou bien va chercher des roses blanches qu’il envoie aussi bien aux filles qu’aux garçons (à regret pour ces derniers cependant), il se concentre rapidement sur sa musique qui prend un tour réellement mystique, avec parfois de longues plages instrumentales. On ressort de cette expérience à la fois bluffé et interloqué, convaincu que Sébastien Tellier n’a pas fini de nous surprendre.


Kavinsky

Kavinsky

Un jour, il faudra m’expliquer tout le battage autour de Kavinsky. C’était la seconde fois que je shootais un de ses concerts, et chaque fois c’est la même impression de suffisance et de mépris qui se dégage de son set et de son attitude. Kavinsky se fout du public, fait quelques gestes stéréotypés envers celui-ci de temps en temps, juste pour ne pas être accusé de ne pas communiquer avec lui (je pointe quelqu’un du doigt dans la foule, je fais semblant de décocher une flèche ou de dégainer un flingue). Ses mixs sont approximatifs et parfois assez poussifs (comme le remix totalement vain de Get Lucky des Daft Punk), à l’exception peut-être du remis de Killing In The Name de Rage Against The Machine. Du coup, n’en pouvant plus, je m’échapperai de la place de la république à Tourcoing avant la fin du set, sans doute terminé sur la BO du film Drive, seul réel fait d’arme de Kavinsky à ce jour.


C’est un peu frustrant de finir la Voix du Rock 2013 sur cette impression mitigée. Pour autant, ni moi ni mes amis venus ce soir-là ne regretteront leur soirée. C’était assurément une édition réussie et un bel évènement. Ah, au fait, la Voix du Rock est aussi un festival gratuit, ce qui ne gâche rien !

Le site du festival : lavoixdurock.com

Louis Aguilar : louisaguilar.bandcamp.com
Great Mountain Fire : greatmountainfire.com
Juveniles : juvenilesmusic.com
Lianne La Havas : liannelahavas.com
Lilly Wood & The Prick : lillywoodandtheprick.com
Sébastien Tellier : alliancebleue.com
Kavinsky : facebook.com/KavinskyOfficial

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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures