[LP] Graceful – No One Hears us

Un bon coup de pied dans le monde fermé de l’électro rock hexagonal, autant qu’une véritable cure de jouvence ; Graceful signe un album à la fois furieusement débridé et réellement prenant, grâce à une originalité infaillible couplée à l’appropriation d’un genre trop rangé et qui ne demandait qu’à se laisser transcender. C’est maintenant chose faite, et de la plus belle des manières !

« Buzz » nous avait déjà mis sur la voie ; avec les Nantais de Graceful, l’électro rock serait intelligent et excitant ou ne serait pas. Et c’est bien ce que prouve « No One Hears us », disque dont le titre n’a pas le mérite d’encourager à pénétrer dans le monde en fusion du quatuor, mais qui, lui aussi, donne carrément envie d’en apprendre plus, et vite ! Et autant immédiatement l’affirmer : l’auditeur ne sera déçu à aucun moment, le projet faisant montre non seulement d’une maîtrise indéniable de la production et de la composition, mais parvenant aussi bien à affirmer un style qui lui est propre et ne se contente pas de recycler diverses influences. Ça groove, ça bouge, ça tremble, ça se repose avant de remettre le lance-flammes en marche ; bref, du bonheur sur plus de cinquante minutes, sans temps mort et avec une capacité de dépendance totale. C’est bien simple ; ici, le disque ne nous quitte plus d’une semelle !

Mise en bouche épicée et savoureuse, « Help » installe la mélodie sur les aspérités d’un mur de guitare acéré, ce que « Buzz » vient rapidement confirmer. Mais c’est bel et bien lorsque les ambiances se modifient, se recherchent et s’étirent que la passion naît ; ainsi, « Death Race » se pare de sonorités atmosphériques audacieuses et mystiques, faisant naître une magie tour-à-tour apaisante et frénétique. De même, « No One Hears us » semble aussi résigné que précieux, phase délicate et lumineuse au milieu du tumulte. La force de Graceful repose sur ces constantes prises de risques, ces bouleversements harmoniques que l’on ne s’attend pas à trouver dans ce genre d’opus. Et le résultat est une pure merveille : les éléments électriques s’en trouvent magnifiés (« Sweet Revolt »), tandis que les mélodies plus contemplatives et parfois enfantines (la boîte à musique rapidement déformée de « The Fall ») distillent autant d’étrangeté que de malice au sein de la tempête de chœurs mémorable que laisse retentir le fabuleux « Cage Me », perle de rock aux allures progressives qui ne cesse de nous hanter. De même que le triptyque final, « Those Bastards », divisé en trois parties distinctes oscillant entre sept et huit minutes et lâchant la bride en n’omettant jamais, dans sa dénonciation, la volonté des musiciens de se placer au-dessus des détracteurs en leur en mettant plein les gencives, avant de s’achever de la plus belle des manières. Du grand art.

« No One Hears us » ; mais, avec un potentiel pareil, plus pour longtemps ! Graceful signe rien de moins que l’un des albums les plus obsédants et denses de l’année, ne se fixant aucune limite pour laisser respirer ses rêves et cauchemars éveillés. En plus d’être exemplaire, le résultat se promène entre la colère et l’introspection, passant en revue tous les spectres émotionnels que nous pouvons, un jour ou l’autre, rencontrer. Exceptionnel dans la forme et dans le fond, cet enchaînement inépuisable de folie douce et d’extase brute traumatise, malmène et, au final, se fait indispensable. Et à nous d’en redemander, tant le plaisir et parfait et contagieux !

crédit : NunooD

« No One Hears us » de Graceful est disponible depuis le 1er septembre 2017.


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Raphaël Duprez

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