[LP] Froth – Outside (briefly)

Délaissant, du moins en apparence, ses influences shoegaze afin de livrer un album aussi méditatif que direct, Froth préfère l’incandescence et la rugosité de mélodies surannées et subtiles qui, en l’espace d’une étincelle, s’embrasent et brillent de mille feux. Un disque sauvage et attirant, piège maîtrisé dans lequel on se laisse volontiers enfermer.

Ne jamais s’attendre à ce que des groupes ou artistes de qualité vous livrent le même opus année après année ; c’est bel et bien cette évidence, que beaucoup semblent oublier, qui fait le sel de l’évolution d’un projet en général, et de Froth en particulier. Car, avec « Outside (briefly) », le quatuor de Los Angeles aurait pu – et c’était un droit largement mérité, au vu de la qualité de ses créations précédentes – pousser le shoegaze à outrance, le malmener et le malaxer jusqu’à sculpter des titres profonds et spacieux. Mais, ici, l’abysse côtoie les cieux, orageux et colériques, de sonorités impulsives et fulgurantes, pour un résultat surpassant sans aucun doute possible les espoirs que l’on conservait précieusement en eux.

Bien sûr, un album de Froth ne serait rien sans des passages aussi paisibles que lumineux, comme le superbe et enivrant « Petals » ou encore l’hypnotique « Briefly ». Mais c’est bel et bien lorsque les volts parcourent les câbles de compositions tranchantes que la magie opère le plus, qu’il s’agisse de simples complaintes au-dessus desquelles la menace gronde (« Contact », « Shut The Windows ») ou de courses rapides et incontrôlables vers un rock à la fois gracieux et nerveux (« Passing Thing », aussi volontaire que séduisant dans son final instrumental déliquescent). Car Froth aime prendre des risques et se surpasser, en s’appropriant de nouvelles terres, parfois au bord de l’expérimental (« New Machine », « Show a Flower a Candle And It Will Grow ») ou d’une sécheresse harmonique n’ayant que faire d’arrangements inutiles pour imposer ses sentiments abrupts avec candeur et magie (« Sensitive Girl » ou le tendre et mélancolique « Shatter »).

En décidant d’affronter son genre de prédilection pour mieux l’apprivoiser et l’interpréter, Froth a réussi le pari insensé et fou de ne pas s’enfermer sous une étiquette bien trop réductrice au vu de son faramineux potentiel. « Oustide (briefly) » est une merveille dans laquelle on se love et dont les effets secondaires, tant hallucinogènes qu’énergétiques, demeurent longtemps la source de plaisirs spirituels inoubliables.

crédit : Andrew Benge

« Outside (briefly) » de Froth est disponible depuis le 24 février 2017 chez Wichita Recordings / [PIAS].


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Raphaël Duprez

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