Voilà qui est bien fâcheux, par ce temps maussade, nous serions bien tentés de nous exiler sur l’île de Moorea, petite sœur de Tahiti dans le Pacifique. Manque de chance, c’est sur la tumultueuse côte bretonne que nous emmène aujourd’hui un trio normand qui n’a pas froid aux yeux. Cap sur le bastion de Saint-Malo, pour un clip tourné sur les remparts de la cité corsaire, mettant en scène les trois amis finalement tout aussi frileux que notre équipe quand il s’agit d’affronter les grandes bourrasques hivernales. Plutôt que de nous envoyer du rêve lointain, le combo indie pop rouennais Moorea plaisante du climat frigorifique de leur région voisine (et souvent opposée quand il s’agit de décider à qui revient le Mont-Saint-Michel) contrastant avec cette déflagration d’amour aux villes solaires du sud, aux températures un brin plus accueillantes en cette saison.
Laurie Beux (chant, clavier, guitare), Harold Untersee (batterie) et Victor Boquet (basse et clavier), pétrifiés par le souffle polaire malouin de janvier, se mettent en scène, non sans quelques grimaces hilarantes (pour nous et sûrement moins pour eux), afin d’illustrer les frissons glacés de leur single « La chaleur de l’été ». Un titre que Moorea nous offre en primeur et en doudounes, avant la fonte des neiges, l’arrivée du printemps (et le réveil des Mammouths dans le permafrost). Faire sourire la mélancolie et groover la tristesse sur des synthés, c’est le défi auquel Moorea répond avec brio ici, telle une invitation à quitter pour de bon la griseur saisonnière pour s’offrir un grand bain d’ensoleillement.
« Pour retrouver la chaleur de l’été
Pour retrouver la joie qui m’habitait »
S’il échoue volontairement à nous donner envie de piquer une tête dans l’Atlantique bretonne en ce début d’année, le clip – écrit et réalisé par Laurie Beux et Arthur Boquet (aka le frangin réalisateur et photographe de Victor, bassiste du groupe, basé – comme par hasard – à Saint-Malo) – dresse avec une autodérision admirable (déjà omniprésente dans le précédent clip « Un effort ») un très joli panorama des recoins tranquilles de la ville portuaire hors saison. Une fois parvenus à la fin du clip, plus maline que malouine, Moorea nous laisse l’occasion de choisir parmi trois fins alternatives, touchant à un rare niveau d’excellence nanardesque. C’est peu dire que nous validons l’initiative autant que la prise de risque.
Des rêves en tête et des étoiles plein les yeux, Moorea n’en finit plus de nous séduire avant la sortie de son premier EP « Réalité » attendu le 31 mai prochain.