Bon Iver et Julien Baker, dimanche 7 juillet 2019
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Pas encore tout à fait remis du concert de Thom Yorke, c’est pour une soirée indie-folk-rock que nous nous rendons à nouveau à Montreux, trois jours plus tard. Bon Iver, le groupe du génial Justin Vernon, nous y attend. Ou plutôt, c’est nous qui l’attendons impatiemment depuis l’annonce de la programmation quelques mois plus tôt.
En première partie, le festival a eu l’excellente idée d’inviter Julien Baker, l’auteure-compositrice-interprète originaire de Nashville, à qui l’on doit deux splendides albums, « Sprained Ankle » (2015) et « Turn Out the Lights » (2017). Sur scène, Julien Baker, chant-guitare-clavier, est rejointe par la violoniste Aisha Burns. Le duo fonctionne à merveille et offre une performance simple, directe et élégante. Les instruments et la voix se font tantôt hurlants ou calmes, alternent entre rage et quiétude. Le public semble hypnotisé par l’intense prestation des deux musiciennes. La force qui se dégage de Julien Baker est imparable et conquiert une assistance venue principalement pour la tête d’affiche.
Avant même que Bon Iver n’entre sur scène, le public brandit déjà ses téléphones portables pour photographier l’impressionnante scénographie qui se dévoile face à lui. Au fond d’une scène chargée d’instruments musicaux et d’ampoules lumineuses trône un écran géant montrant une grille de symboles en noir et or, de type ésotérique, imbriqués les uns dans les autres, à la fois reconnaissables et incompréhensibles. Certains y verront la métaphore de la musique qui est sur le point d’être jouée sur scène…
Le concert démarre par le titre « 22 (Over S∞∞n) ». Les expérimentations soniques de Bon Iver dans son album « 22, A Million » s’enchaînent en début de concert et on est embarqués dans un univers parallèle, guidés par la voix surnaturelle et vocodée de Justin Vernon. L’on pourrait craindre une débauche de machines et de modernité, mais les morceaux issus des deux premiers albums du groupe, moins expérimentaux voire directement folk, font rapidement leur apparition, dans des orchestrations toutefois retravaillées. Ainsi c’est bien « Skinny Love », « Holocene », « Calgary » (joué sobrement à la guitare-harmonica-voix) et « Blood Bank » (dans une teinte plus rock que la version studio) qui finissent par emporter le public. En guise de rappel, Bon Iver offrira aux spectateurs « Hey, Ma », un morceau inédit à paraître sur son prochain album, sorte de mélange équilibré des trois premiers disques du groupe, si différents les uns des autres. Nous quittons finalement la salle ravis de la prestation à laquelle nous venons d’assister, mais également interloqués (sans que cela soit forcément péjoratif) par les phases du concert dominées par les harmonies fracturées et une certaine robotisation des sons dont nous peinons à saisir le motif.
À noter que Bon Iver ayant refusé l’accès à tous les photographes accrédités, aucune image de son concert n’illustre cet article.