Un prénom d’homme, des traits androgynes et une vague ressemblance avec Ellen Page feront durer notre doute jusqu’à nous lancer dans l’écoute de « Sprained Ankle ». L’ambiguïté s’effacera alors pour dévoiler l’une des voix ingénues les plus criantes de 2015, celle de Julien Baker, jeune compositrice et interprète folk de 19 ans.
Cheveux longs détachés, la jeune musicienne américaine originaire de Memphis, au regard perdu et au sourire effacé, nous offre neuf pistes intimistes, transpirant une émotion vraie et captivante. Loin des tourments, mais toujours au plus près du cœur, Julien Baker chante avec un réel instinct des textes réfléchis au spleen berçant.
Avec en guise d’accompagnement, sa guitare, électrique ou acoustique selon les compositions, la chanteuse américaine témoigne avec émoi de compositions touchantes et essentielles, qui s’apparente autant à des lettres intimes qu’à des déclarations enflammées à la vie.
Nous serons transis par la pureté juvénile de son chant, écorchés par la justesse et la franchise de son interprétation ou bouleversés par la portée de ses mots. Julien Baker a tout pour elle et nous le prouve sur son premier album par un élan de spontanéité et de sobriété impérial.
De l’attendrissante sollicitude de « Blacktop » à la mélancolie emportée de « Brittle Boned », de l’universalité désarmante de « Everybody Does » à l’éclatante poésie de « Something », de l’époustouflante force d’interprétation de « Rejoice » à l’émouvant final « Go Home », « Sprained Ankle » porte la marque d’un songwriting brillant, grand d’affect et de justesse.
À travers ce disque à la beauté précieuse et effacée, Julien Baker vient clôturer l’année 2015 en douceur et en recueillement, nous laissant plus que jamais espérer le meilleur pour les semaines et mois à venir. Un disque à écouter nécessairement !
« Sprained Ankle » de Julien Baker est disponible depuis le 23 octobre 2015 chez 6131 Records.
