[Interview] Mickaël Collet, co-fondateur de M Com’ Musique

Dans le monde de la musique, le vinyle signe sont plus beau retour en force. Dans ce but, nous sommes partis à la rencontre de M Com’ Musique, fabricant breton de vinyles, à l’occasion de la sortie d’une box en partenariat avec des artistes,  labels et festivals indépendants. Nous avons évoqué avec Mickaël Collet, co-fondateur de M Com’ Musique, leur début dans ce milieu. Nous avons profité aussi de l’occasion pour faire le point sur l’évolution du marché et avons également philosophé sur les différentes offres marketing parfois insolites associées à ce support. Hasard du calendrier, M Com’ Musique fait, depuis quelques jours, la Une des magazines pour avoir mis au point un tout nouveau prototype de laque, la B-lacquer, réalisé en collaboration avec une entreprise de chimie bretonne pour nous affranchir des laques traditionnelles et révolutionner le mode de production de nos fameuses galettes. Mais rien ne vaut les mots de Mickaël Collet pour nous conter tout cela. 

crédit : Virginie Strauss
  • Comment en vient-on à monter une usine de pressage de vinyle ?

La création de l’usine de vinyle M Com’ Musique, c’est la rencontre de deux personnes qui ont associé leur savoir-faire. On avait des compétences diverses, dans mon cas plutôt technique et Antoine plus commercial, il vient du milieu de la musique, on s’est donc tournés naturellement vers ce milieu-là. On a essayé de tester plusieurs voies ; la distribution, les relations presse et, en faisant ça, on s’est rendu compte que le vinyle revenait en force, c’était en 2014. Donc on s’est lancés, Antoine Olivier et moi-même. On s’est rencontrés, car on avait un travail en commun dans le dépannage automobile et, par la suite, on a eu une envie tous les deux d’entreprendre, on s’est tournés vers ce format, on a fait des recherches pour monter une usine de pressage de vinyle pour trouver comment faire. On a trouvé les financements et du coup on a lancé le projet. On a créé la boîte en recréant une presse automatique, ce qui n’avait plus été fait depuis les années 80. C’est comme ça qu’on a réussi à faire une usine de pressage.

  • À quel moment avez-vous vu que le retour du vinyle allait être aussi important et surtout durable ?

Alors, pour le marché du disque, quand on a fait nos études de marché sur la distribution et la promotion des artistes, le disque vinyle revenait tout le temps. Les gens nous en parlaient « on a des disques vinyles à distribuer », les acheteurs aussi voulaient des disques vinyles. Donc là on a commencé à avoir un signal d’alarme. Après Antoine, lui qui était du milieu de la musique, avait déjà ce warning en tête.  Moi, au début, je n’ai pas été baigné là-dedans, donc j’ai eu quelques réticences, et quand j’ai vu les chiffres du marché, on s’est lancé tout de suite. On était en 2013-2014 pour les chiffres. Pour la pérennité du marché, c’est comme tout produit, ça commence par être un effet de mode. Un effet de mode, ça ne reste que quelques années ; le retour de vinyle là, ça fait une dizaine d’années donc c’est devenu une tendance dans le temps.

crédit : Virginie Strauss
  • De quoi est fait votre quotidien pour faire vivre un tel projet ?

Le quotidien a beaucoup changé entre celui d’il y a 4-5 ans quand on a créé la société et maintenant. On était tout simplement derrière la presse, au téléphone et en même temps on faisait les bons de commande. Maintenant, on a pas mal grossi, on est plus sur du management. On est tout une équipe de production, une équipe commerciale, administration des ventes, voilà notre travail. Et puis, en même temps, on doit voir l’avenir du vinyle, les nouvelles technologies, comment faire un vinyle plus propre. On cherche à faire du vinyle moins cher avec des produits de qualité, c’est l’avenir de vinyle ; tout produit se transforme, pourquoi pas le vinyle ? À suivre…

  • On parle de qualité supérieure dans la production de vinyles provenant du Japon. Savez-vous pourquoi ? Avons-nous rattrapé notre retard sur eux ?

Alors je vais faire une réponse simple : on sait que les Japonais sont méticuleux donc pourquoi pas dans le vinyle, c’est aussi simple que ça. Je ne dénigre aucun pays, mais on peut voir la qualité sur trois pays : les États-Unis, une qualité qui est « la moins bonne », on connaît les Américains plutôt pour faire des choses très industrielles, très brutes ; c’est leur façon de travailler. On a le vinyle européen qui est de bonne qualité et se retrouve entre les deux, il est d’ailleurs très apprécié des Américains. Enfin on a le vinyle japonais qui est effectivement très rigoureux, très contrôlé, c’est pour ça qu’il est qualifié de très bonne qualité. Après pour regagner notre retard, je ne pense pas qu’on en soit loin, déjà du fait qu’au Japon il n’existe qu’une ligne historique : seul Sony qui vient d’en rouvrir une usine, donc il n’y a pas trop de vinyle sur ce marché. Après, on a quand même mis de la technologie dans le procédé de fabrication de disques vinyles. C’est plus contrôlé et je pense qu’on est à leur niveau de qualité, du moins M Com’ Musique se met à leur niveau d’exigence.

  • Quelle évolution a connue le monde du pressage au fil des années ? Comment vous y êtes-vous adaptés ?

Ça va être compliqué pour moi de dire au fil des années, puisque je suis cela depuis 5 ans. Depuis la création de la société M Com’ Musique, il n’y a pas eu énormément d’évolution, à part la remise sur le marché des presses automatique, mais ça existait déjà dans les années 70. Après, pour avoir discuté avec beaucoup de personnes sur l’évolution depuis les années 70, je dirais que c’est l’automatisation et le passage des machines contrôlées par ordinateur. Maintenant les presses, ce sont les ordinateurs qui les contrôlent. C’est plus facile à surveiller et c’est un peu plus pointu sur certains paramètres alors qu’à cette époque c’était peut-être un peu moins capricieux comme machines, mais beaucoup plus mécanique. Voilà, l’évolution se joue là-dessus. Après sur le processus de fabrication, il n’a pas changé du tout. Ça reste le même que dans les années 60-70.

  • Existe-t-il des centres de recherche dédiés à ce mode de production en France ou à l’étranger ? Quel avenir le format va-t-il connaître ?

À ma connaissance, il y a quelques projets qui sont en cours. Je parle pour l’Europe, car je ne les connais pas au niveau des États-Unis. Après ce sont des projets à titre privé, je ne sais pas s’ils vont aboutir. On a, par exemple, le green vinyle qui est censé être une machine qui produit des vinyles avec moins d’énergie et donc un peu plus verts, mais le projet est en place depuis 5 ans et il coûte très très cher. La machine est 10 fois plus grosse qu’une machine de pressage actuelle et en plus je vois mal toutes les usines s’en équiper vu que c’est un matériel complètement différent. Il faudrait tout changer. Ça, c’est un des projets, mais il y a aussi des projets sur l’impression 3D de disques vinyles. Pour l’instant, on n’a pas une précision assez grande sur les imprimantes 3D pour en fabriquer, et puis, même si un jour on réussit à l’atteindre, l’imprimante 3D ne sera pas capable d’imprimer un disque en l’espace de 25 secondes (temps de pressage actuel). Autrement, on a eu des projets concrets comme Toolex qui ont refabriqué des machines des années 70 pour les remettre au goût du jour et les remettre sur le marché. Ce sont des choses qui ont fonctionné. Enfin, on a un projet dans l’est de l’Europe dont on parle depuis plusieurs années, un vinyle HD, après on n’a pas plus d’information. Ce serait une matrice gravée par laser, il n’y aurait plus l’étape du cutting, mais on n’a pas de test et donc pas de retour. Pour l’instant, ça reste à l’état de projet.

  • Il y a-t-il une forte concurrence dans le secteur ?

Oui et non, il y a une forte concurrence, forcément, parce qu’il y a de plus en plus d’usines qui ouvrent ces dernières années. Ça fait plus d’acteurs sur le marché, mais on a chacun notre clientèle et notre savoir-faire. Au final, on trouve naturellement notre place. Il y a de gros groupes comme MPO International, Optimal Media ou GZ Media, qui est sont sur de très grands comptes, de la grosse série, ce sont des acteurs du marché depuis 30 à 50 ans. Ce n’est pas de la concurrence directe. Ils ont leur place depuis très longtemps. Ensuite, il y a des plus petits presseurs, comme nous, qui sont de taille intermédiaire. Nous, on est sur des tirages moyens, on a forcément de la concurrence dans d’autres pays, mais il n’y a qu’une ou deux usines en France qui sont sur les mêmes créneaux. On ne se fait pas d’ombre puisque le marché est assez important pour que tout le monde puisse travailler.

crédit : Virginie Strauss
  • Certains éditeurs ajoutent de la poudre d’os de dinosaure, de la bière ou donnent des coloris toujours plus recherchés à leurs vinyles. Qu’en pensez-vous ? Comment vous démarquez-vous pour accompagner au mieux les artistes ?

Alors, sur tout ce qui est vinyles un peu spéciaux, déjà, ça n’apporte rien à la musique. Ça apporte peut-être à l’artistique. Je ne dis pas, pour une série limitée ou pour une exposition, peut-être, mais pour un tirage classique d’un album, aucun intérêt. Le vinyle noir, c’est la base depuis les années 60. D’ailleurs, on a vu l’arrivée du vinyle couleur qu’à la fin des années 70 voir début 80, à l’arrivée du CD. C’était juste une tentative de retenir le marché en proposant un produit un peu plus coloré, mais le CD a quand même pris la place. Le support était différent. Donc, quand on connaît l’histoire, ce n’est pas forcément la couleur le plus important. Après, de nos jours, je pense que les gens font ça parce qu’ils souhaitent se démarquer sur le marché, pour vendre leurs disques. À mon avis, quand on a de la bonne musique, un vinyle noir suffit amplement pour être bien vendu.
Pour se démarquer, M Com’ Musique a travaillé en premier sur la qualité du son. C’est ce qu’on a fait dans les premières années de la création de l’usine. C’est quelque chose de très compliqué sur le vinyle. C’est une technique assez pointue. Ce n’est pas juste presser un bout de PVC ou une galette comme beaucoup disent. C’est une technique d’étapes dont maintenant on maîtrise le process et donc la qualité. Là, on travaille depuis quelque temps sur l’expérience client pour qu’il soit accompagné le mieux possible. C’est sûr qu’on n’est pas irréprochables, comme tout fabricant, c’est toujours compliqué, mais on fait le maximum pour satisfaire nos clients et leur apporter une très belle expérience afin qu’ils soient contents de leurs vinyles.

  • Vous a-t-on déjà fait des commandes atypiques ? Et si oui, quelles étaient-elles ?

Des commandes atypiques, on en a quelques-unes ; après pas forcément sur le format, mais plutôt l’objet en lui-même. Ce que représente l’objet.  On a eu un vinyle pour soutenir des gens incarcérés, on a eu un vinyle qui nous a été demandé parce qu’une dame avait perdu sa fille, elle voulait faire un vinyle hommage. Après on a des vinyles un peu sympathiques, avec des pochettes pas mal, pour des mariages, c’est pas mal demandé. On fait aussi des produits un peu exclusifs de très grand luxe pour les agences de communication, comme Havas, DDB ou Canal+, qui nous demandent des produits de très grand luxe pour des campagnes promotionnelles spécifiques. On nous a déjà demandé une fois si on voulait bien fabriquer des disques avec des cendres humaines d’incinération, chose qu’on a refusée parce qu’on ne répond pas à ce style de demandes.

  • On sent un côté très militant dans votre démarche. En quoi participez-vous au monde de la musique en plus de l’édition de vinyle ?

Effectivement, on est militants depuis la création de M Com’ Musique. Quand on a créé l’entreprise en 2014, la problématique qu’il y avait à cette époque, c’est que les grosses usines avaient délaissé les petites séries des indépendants. Parce que leur marché ciblait les majors pour qu’elles leur commandent de très grosses séries. Ça les arrangeait, pour des questions de coût et de mise en place technique. Nous, on a travaillé sur ce marché-là, on a proposé une offre. On n’était sûrement pas les seuls, mais l’offre était très peu étoffée à l’époque. On a reproposé cette solution. On a donc eu ce premier côté militant effectivement, et après on a commencé à travailler sur un vinyle à base d’algues qui a fait sensation.

crédit : Virginie Strauss

Malheureusement, vu le marché actuel et notre charge de travail, on n’a pas eu le temps de faire aboutir le projet, mais il reste toujours dans un tiroir et on le sortira. C’est quelque chose qui nous tient à cœur. Après côté militantisme, en ce moment, on a lancé la M Box, une box qui permet de faire découvrir des nouveaux artistes, des artistes en train de monter, à tout un chacun qui voudrait bien s’abonner et qui n’aurait pas forcément eu l’idée de l’acheter chez le disquaire. En plus, vous trouvez à l’intérieur un fascicule qui vous explique ce qu’est l’artiste, son univers. Ce qu’il aime faire et ce que vous allez entendre.

  • Quel est votre plus beau souvenir depuis votre création ? Pourquoi ?

Le plus beau souvenir ? C’est le premier disque que l’on a sorti, vu qu’on a fabriqué nous-mêmes notre machine. C’est le premier disque qui est sorti de chez nous la version 000, comment on dit chez nous. C’est notre plus belle victoire. Après, notre deuxième plus belle victoire, n’a rien à voir en somme avec la fabrication de vinyle pure, mais on a été nominé entrepreneur de l’année sur le secteur de l’Ille-et-Vilaine. C’été un très grand plaisir. Enfin un autre très bon souvenir, c’est quand on a réussi à atteindre le premier million de disques fabriqués.

  • Vous êtes-vous ouvert à l’étranger ? Comment arrivez-vous à vous y faire connaître en dehors de France ?

On est ouvert à l’étranger depuis le début. On a eu des contacts en Grèce, en Belgique, mais ça reste l’étranger même si c’est l’Europe. On a eu de gros contacts en Australie via un label rennais, Beast Records.  On a toujours travaillé avec l’étranger, c’est quelque chose qui me tient à cœur, parce que la musique c’est vraiment quelque chose sans frontières. Pour nous y faire connaître, au début, c’est assez compliqué faut prendre le téléphone, il faut aller au charbon, mais, au fil du temps, les choses se font naturellement, parce que les labels se parlent beaucoup, même à l’étranger, quand ils s’échangent des disques ou ils se les vendent les uns les autres, ils demandent où ça a été fabriqué. La qualité leur plaît donc c’est comme ça que les gens nous connaissent.

  • Je vais faire appel à votre imagination. Quelle serait pour vous l’invention ultime dans l’édition de vinyle ? Pourquoi ?

L’invention ultime pour moi, ce serait d’avoir une machine qui puisse fabriquer deux 33 tours à la fois. Ça pourrait baisser significativement les coûts de vente aux producteurs et que le consommateur se retrouve avec un vinyle deux fois moins cher qu’a l’heure actuelle, pour bien diffuser la musique. Ça, c’est un rêve tout simplement.

  • Vous avez édité un vinyle pour le dernier Disquaire Day. Êtes-vous pour cette date ? Est-ce plutôt commercial ou vraiment valable pour les collectionneurs ?

Je suis pour cette date oui et non. Je dirais oui pour que les gens aient une piqûre de rappel que le vinyle existe. Pour les jeunes et les moins jeunes, c’est quand même le meilleur support musical qui existe. Pour ça, je dirais oui. Je dirais non autrement, car le Disquaire Day, qui est le Record Store Day aux États-Unis, est devenu en France beaucoup trop commercial. La plupart des vinyles qui sont vendus chez les disquaires à ce moment-là ont des prix exorbitants, car ce sont des séries plus ou moins limitées. Là encore, elles viennent beaucoup de chez les majors, donc c’est encore une raison commerciale de faire du fric sur le dos des collectionneurs. Je trouve ça très bizarre après je ne me mettrai pas à dos les disquaires parce que je sais que c’est une grosse journée de revenu pour eux. Ils en ont besoin parce qu’ils ne sont pas assez soutenus. Un vrai vinyle s’achète chez un disquaire, il faut fouiller dans les bacs, il faut demander des conseils, c’est comme ça que l’on trouve les plus belles pépites. J’ai un avis mitigé, mais il faut que Disquaire Day dure, c’est important.

crédit : Virginie Strauss
  • Au niveau matériel hifi, êtes-vous de ceux qui considèrent que le matériel vintage est de meilleure facture pour l’écoute que ce qui est fait aujourd’hui pour le son ?

Le matériel vintage, je ne vais pas trop me prononcer parce que je n’ai pas de compétences assez pointues en électronique. Donc si je dis des bêtises, on va me reprendre. Pour moi, vintage ou pas vintage, ce qui importe c’est que le matériel soit abordable pour les gens pour écouter des vinyles. Si on écoute certains spécialistes, il faut mettre entre 2000 et 5000 euros pour écouter du vinyle parce que, sans ça, on n’a pas tous les sons ou que sais-je encore. Je trouve ça complètement dommage. Ça fait peur aux gens, ça n’aide pas la diffusion de la musique. Donc mettre 150 ou 300 euros suffit largement pour apprécier un bon album.
Le son c’est compliqué, ça n’a pas changé, ça reste de l’analogique. Aujourd’hui, on a la capacité numériquement, quand on fait un mastering, d’essayer d’ajuster aux défauts du vinyle, ce qu’on ne pouvait pas faire dans les années 70. On avait le savoir-faire, mais pas la technologie. Après le process de fabrication en lui-même est identique. Par contre, en bout de chaîne, les fabricants de matière première dépensent beaucoup d’argent pour trouver des matériaux qui restituent un son de meilleure qualité. On est sur un travail de fourmi, on utilise le même PVC depuis de nombreuses années, c’est vraiment des petites améliorations que les gens ne vont pas forcément déceler à l’oreille. Faut être un expert, mais voilà ce qu’on peut dire pour le moment sur ce sujet.

  • Quelle différence notable peut-on avoir entre l’écoute d’un CD et d’un vinyle ? Est-ce une histoire de philosophie de consommation et d’écoute ou simplement le format qui diffère ?

La différence entre un CD et un vinyle à l’écoute, c’est juste qu’un vinyle c’est vivant, ce que les gens oublient. C’est bien dommage. Un CD, pas de problèmes, c’est la musique telle qu’elle a été enregistrée en studio. On restitue ce que l’artiste a voulu. Sur un vinyle, c’est différent, c’est vivant. On va avoir peut-être quelques petits crépitements, quelques pops, mais ça fait le charme du disque vinyle, on est tellement formaté au mp3 et au CD, à la musique numérique en général. Le vinyle a le droit de vivre, d’avoir ses petits défauts qui font ses qualités. Après les systèmes d’écoute ne sont pas les mêmes non plus. Le CD en général, on écoute de plus en plus sur du matériel commun donc ce n’est pas la même écoute que sur une bonne platine, même à un prix accessible. Sur le son en lui-même analogique/numérique c’est un long débat, est-ce qu’il retranscrit mieux la définition du son ? À chacun de voir ce qu’il en pense, moi, je suis forcément pour le vinyle.
Pour moi, il n’y a pas de philosophie. Certains ont une philosophie par rapport à leurs achats. En ce qui me concerne, le vinyle est vraiment un objet complémentaire du mp3. Le mp3, c’est un format nomade sur les téléphones, on l’écoute en extérieur, on consomme de la musique en masse. Le disque vinyle, c’est une écoute à la maison, posée. Ça vient en complément : un artiste qu’on apprécie on va non seulement apprécier sa musique, mais aussi le soutenir en achetant le vinyle, car ça rapporte plus à l’artiste qu’une écoute sur une plateforme de streaming. Après, il y a le geste d’écoute, c’est un vrai rituel. Ça vient en complément. La différence c’est qu’avec le vinyle, on apprécie tout l’album, on se pose, on prend un café. La différence de son entre le mp3 et le vinyle est incomparable, sur le vinyle on entend beaucoup plus de choses.

crédit : Virginie Strauss
  • Avec le temps, le format très restreint des albums pressés en vinyle a-t-il augmenté ? Pensez-vous que la durée des albums va de nouveau se caler sur le format des vinyles et non plus des CD ou avec l’aire du streaming, les artistes s’affranchiront-ils des formats ?

Sur les formats, moi je dirai que c’est une bonne chose qu’ils aient changée parce que le format vinyle (40 minutes maximum) a pu un moment restreindre les artistes dans leur créativité. Le CD a ouvert la voie sur 60 minutes. Maintenant avec le streaming, on peut faire un album de plus d’une heure si on veut. Je trouve ça bien pour la créativité des artistes. Un artiste peut aller au bout de son œuvre. Le vinyle permet, lui, d’être concis, de mettre vraiment les chansons qui lui tiennent à cœur. Après il y aura toujours le format radio pour les hits, ce qui est le format du vinyle 45 tours finalement. Les formats, ce sont des choix, ils sont tous les bienvenus selon moi. Ce n’est pas un problème, chacun est libre.

  • Quel vinyle oublié rêveriez-vous de rééditer avec vos machines ?

Le vinyle oublié que j’aimerai rééditer si mes souvenirs sont bons n’a jamais été édité. Sinon beaucoup l’auraient fait. Ce n’est même pas un album, c’est quelques titres de blues qu’a joué Robert Johnson dans les années 20-30. Très grand guitariste qui était accusé d’avoir vendu son âme au diable tellement il jouait bien. J’aimerais vraiment éditer un vinyle de Robert Johnson.

  • Récemment, une statistique est ressortie donnant une vente des vinyles supérieure au format CD pour cette année, une première en 30 ans. Qu’est-ce que ça vous évoque ? Avez-vous votre opinion sur le retour du vinyle ?

Alors tout est relatif parce qu’on parle du chiffre d’affaire et pas du nombre de ventes physiques. On sait que le CD est très bon marché à fabriquer, il est forcément vendu moins cher pour essayer de faire survivre le support et préserver des emplois, ce que je comprends. Du coup, il génère moins de chiffre d’affaire pour plus de supports vendus. Le vinyle est considéré comme un produit de luxe pour les majors. Elles vendent des albums à 30 euros que je trouve injustifié quand on connaît le prix d’achat, que je tairai ici. Au final, ça donne donc moins de disques vendus pour plus de chiffres d’affaire. Donc tout est relatif, c’est à prendre avec des pincettes cette statistique. Mais, toujours est-il, que cela fait parler du vinyle. Donc on ne va pas s’en plaindre : si ça permet à des personnes de se remettre au vinyle, c’est cool !


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Nicolas Halby

Parce que notoriété ne rime pas forcément avec qualité. J'aime particulièrement découvrir l'humain derrière la musique.