Samedi 25 mai, sera présenté au cinéma La Pagode, le film « NYX. Sommes-Nous Les Enfants De La Nuit ? ». Un grand mystère entoure ce projet. Film qui raconte les Mansfield.TYA ? Œuvre d’art de thomR qui mêle musique et image? Pour comprendre la chose, indiemusic a posé ses questions aux intéressés. Interview croisée entre Julia, Carla et Thomas. Histoire de vous mettre l’eau à la bouche et de vous retrouver à la projection.
- Mansfield.TYA, vous tournez déjà depuis plusieurs années, Rock&Folk ou encore Télérama ont déjà parlé de vous, mais toi, thomR c’est un peu plus compliqué de trouver des informations, alors peux-tu nous en dire plus sur toi et tes projets ?
Thomas Rabillon : Je bricole dans mon coin l’image, la vidéo depuis quelques années. J’aime porter mon regard sur des gens qui me touchent et qui font des choses comme ils sont, simplement. Ça donne lieu à de petits films (ou un plus long pour Nyx) où j’ai l’impression que l’on conjugue ensemble nos états d’âmes. J’ai travaillé avec Mansfield.TYA, Yann Tiersen que j’ai suivi en tournée avec son groupe, Casey et Zone Libre…et puis Ivan Fatjo ce danseur incroyable que je filme depuis longtemps.
- Je n’ai pas encore vu le film, donc je me lance un peu dans l’inconnu, aidez moi ! En quelques mots, « NYX. Sommes-Nous Les Enfants De La Nuit ? », c’est quoi ? Comment décrieriez-vous cette création ?
Julia Lanoë : C’est un film expérimental dans la nuit.
Carla Pallone : Des images – autour, de et dans l’obscurité – de la musique, du silence – du chaos, des idées, des vivants – mais pas que.
Thomas Rabillon : Une sorte de long poème sur la Nuit, écrit de textures sonores et visuelles un peu sombres…
- Est-ce une création à six mains ? Ou juste le regard de thomR sur le travail des Mansfield. TYA ?
Julia Lanoë : Nous avons tous travaillé ensemble, chacun dans son domaine de prédilection. A savoir, Thom les plaisirs, Carla la lecture et moi la viande.
Carla Pallone : Thom a fait de la musique avec des images, nous des images avec de la musique.
Thomas Rabillon : Ça s’est écrit de manière empirique avec les mains, les yeux et les oreilles de tous.
- Thomas, Mansfield. TYA et leur musique ont-elles été tes muses ? Tes actrices ? Ton sujet ? Ou rien de tout ça ?
Thomas Rabillon : Oui, elles sont, elles et leur musique, le point de départ de tout dans cette histoire… sans elles, je n’aurais rien fait. La confiance qu’elles m’ont accordé a été comme un cadeau. C’était inspirant et ça m’a même permis de voir ce moment de ma vie au travers d’un autre prisme.
- Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez vous décidé de travailler ensemble ?
Julia Lanoë : Thom est venu filmer un concert et par la suite nous l’avons adopté. Il est discret et doué. Il a de beaux cheveux et aime être tapi dans un coin.
Carla Pallone : C’était à Vendôme – et comme si on se connaissait déjà – simple et honnête – sa représentation correspondant à celle que nous avions l’impression de défendre.
Thomas Rabillon : Je voulais les filmer depuis longtemps, tenter de retranscrire en images, ce que j’avais ressenti en les voyant sur scène. Après cette brève expérience de filmer un live, ça a été comme une évidence des deux côtés de se lancer dans une collaboration plus longue.
- Comment avez-vous procédé dans ce projet qui, je crois, a duré près de deux ans?
Julia Lanoë : Thom nous suivait comme un ombre, et puis sans qu’il s’en rende compte, c’est nous qui avons fini par le suivre. Il s’est trouvé bien malin !
Carla Pallone : Il n’y a pas de protocole – je cherche encore.
Thomas Rabillon : J’étais dans le studio souvent, je suivais de près l’enregistrement, j’accumulais les rushes et j’ai aussi continué cette quête dans la Nuit, ailleurs, avec d’autres présences ou voix qui ont habité aussi le film à leur manière.
- La nuit est l’élément essentiel du film, a-t-elle dans votre composition/réalisation un rôle important?
Julia Lanoë : C’est l’AXE central.
Carla Pallone : Nyx, c’est la nuit.
Thomas Rabillon : Oui car « La Nuit c’est la Mort, le Jour c’est la Vie… ». On est construit dans ce binaire stupide. Alors qu’il suffit d’écouter les plus libres des êtres parlants pour s’apercevoir que « le jour c’est la nuit… enfin… la vie c’est le rêve ! »
- Dans ce que j’ai pu voir de la bande annonce ou des clips sur lesquels vous avez déjà collaboré, il y a de l’imaginaire, de ce qui appartient aux songes, mais il y a aussi une violence très brute, terre à terre, avec des images de confrontation, des textes aux teintes « anarchistes ». Pourquoi ces deux univers ?
Julia Lanoë : Nous sommes Carla et moi deux jeunes filles mélancoliques et torturées. Thom est un violent. Nous aimons nous complaire dans un certain désespoir. Dans les médias, le mot que l’on entend le plus souvent est le mot mort. Le temps de réponse maximum à une question est quinze secondes.
Carla Pallone : Les deux mon général. Oui, oui. Une obscure clarté, j’ai encore oublié le nom de cette figure de style. Seul le zeugme me vient à l’esprit.
Thomas Rabillon : Dans le film, j’ai adouci le trait de cette réalité violente qui s’exprime. Elle est là, mais sous-jacente, on ne le l’identifie pas précisément de sorte à laisser planer le doute quant à l’incendie qui s’allume et qui éclaire la Nuit… Je voulais aussi que le spectateur soit dans une disposition à laisser son imaginaire s’exprimer, qu’il puisse se raconter sa propre histoire et donc lui donner le minimum d’éléments.
- Dans ce film, il y a aussi Ivan Fatjo, un danseur, le film n’est il pas la rencontre des arts, un hommage à la création ?
Thomas Rabillon : Oui ! Le propos à l’origine était de montrer la création et son processus. Je me suis moi-même immiscé pour parler de ce sujet dans des explorations et des questionnements assez sinueux… Ce sont donc plusieurs domaines de création qui se rencontrent et dialoguent ensemble.
- Julia et Carla, quand vous avez découvert le film, avez vous découvert votre musique sous un angle différent ?
Julia Lanoë : Nous l’avons découvert petit à petit. Le film est comme notre musique. Il pourrait y avoir par la suite d’autre films comme il y a d’autres albums.
Carla Pallone : Je crois que Thom a réinterprété, déconstruit, reconstruit notre musique. Parfois nous redécouvrons la genèse d’un morceau que nous avions oublié. Transformé, déguisé. C’est le départ des RENYX, ou nous avons proposé à d’autres musiciens de faire de même.
- Votre disque, NYX, sorti en 2011, m’apparaît comme un tournant dans votre musique, où un univers traversait tous vos titres. L’album a-t-il été créé en fonction du prisme visuel de la caméra ?
Julia Lanoë: Un peu oui. Tout a été fait ensemble. Les musiques, le film, les paroles.
Carla Pallone : Je ne sais plus qui a commencé
- Quel accueil a eu le film ?
Julia Lanoë : Très bon. Cependant, c’est un film difficile d’accès, d’un format et d’une lecture atypique.
Thomas Rabillon : La diffusion du film reste assez confidentielle mais il a l’air de plaire à certains !
- Julia et Carla, quelles sont vos influences cinématographiques ?
Julia Lanoë : Pasolini, Audiard et le commandant Cousteau.
Carla Pallone : Aujourd’hui, je dirais Herzog, Patienza et Fellini.
- Et toi Thomas, quelles sont tes influences musicales ?
Thomas Rabillon : Arvo Pärt, Connan Mockasin, Tim Hecker, Jacques Brel…
- Quand on regarde tes clips et tes vidéos, il semble que tu es un autre regard sur les musiciens que les autres vidéastes ? Il y a le décor et l’envers du décor…
Thomas Rabillon : Je n’aime pas l’idée de se servir de la vidéo comme d’un outil de promotion et ainsi accentuer tout le côté intouchable et « paillette » d’un artiste en représentation. Ce qui m’importe, ce n’est pas seulement le fait qu’il fasse quelque chose de bien mais également qu’humainement, sa personnalité me parle et donc témoigner de l’humain qui est derrière tout ça !
- Chez indiemusic, on aime bien les découvertes, alors avez-vous un artiste à nous faire découvrir ?
Julia Lanoë : Arne Vinzon
Carla Pallone : Gaspar Claus
Thomas Rabillon : Lonnie Holley
- Merci d’avoir pris de votre temps pour répondre à mes questions. J’ai hâte de découvrir le film samedi prochain. Bonne soirée.
Julia Lanoë : J’espère que le film te plaira. Merci à toi.
Carla Pallone : Merci et à bientôt j’espère !
Thomas Rabillon : Merci !
Projection de « NYX » de thomR, samedi 25 mai à 11h à La Pagode pour 4 euros.
La Pagode
57 bis rue de Babylone
750007 Paris
mansfieldtya.com
facebook.com/pages/MansfieldTYA/140097356014731
thomfilm.net
facebook.com/pages/thomR/270655142962303
vimeo.com/thomr
