[EP] Kailee Morgue – Medusa

Véritable conte de fée moderne ayant eu lieu il y a moins d’un an, Kailee Morgue publiait une démo à peine finie de « Medusa » sur Soundcloud, lui procurant, à sa grande surprise, une notoriété internationale immédiate et suscitant l’intérêt de plusieurs labels. Aujourd’hui, elle est signée chez Republic Records et sort son premier EP : quatre titres tournant autour de ce premier single, vision plus étendue du talent de l’artiste américaine et prémices d’une discographie qu’il nous tarde de découvrir.

Il ne faut que quelques secondes à la version finale de « Medusa » pour nous ensorceler : des arpèges fantomatiques de harpe à la production électronique toute en subtilité et retenue, chaque parcelle de l’espace sonore dégorge d’une force élégiaque. L’ensemble des particules musicales semble s’animer sous l’emprise de la voix séduisante de l’artiste, gravitant autour d’elle dans une ronde onirique au mouvement de plus en plus entraînant à mesure que la chanson progresse. Dans un élan néoromantique, Kailee Morgue actualise le sujet mythologique de Medusa en y dégageant, par la force de ses mélodies, l’émoi moderne autant que l’ataraxie atemporelle. Alors que l’ultime refrain naît des cendres d’une tension délicatement maîtrisée, on comprend que c’est le sublime de Burke qu’elle atteint par ce single, ce singulier effroi aussi délicieux qu’addictif. De son souhait de « créer une histoire et peindre avec les mots », Kailee produit une musique à la force presque cinématographique et réussit à donner un éréthisme brumeux à des mélodies et formules pop connues, comme un élixir de vie pouvant revitaliser la pierre de ruines abandonnées depuis des millénaires.

Chef-d’œuvre de dark pop, le deuxième single « Discovery », bouleverse autant par le minimalisme déchirant du premier refrain, culminant dans un pont où sa voix se retrouve seule avec son vocodeur, que dans les multiples nuances mélodiques de piano et de guitare qui enrichissent la fin de la chanson. La compositrice s’est donné comme mot d’ordre de procurer simultanément la tempête et le rayon de soleil qui la transperce, la luminosité et l’obscurité qui la rend possible par contraste. La sobriété des formules pop prend une portée enjôleuse à travers l’imagerie macabre de ses paroles : ce sont les mots et les mélodies vocales qui donnent une charge émotionnelle aussi élégante que foudroyante à chaque chanson de l’EP.

« Ghost Of Mine » va encore plus loin dans la simplicité instrumentale toute en tension, laissant l’amplitude nécessaire aux voix de conquérir l’espace, alors que « Unfortunate Soul » montre sa maîtrise électro-acoustique à travers une ballade ombrageuse sur le thème de l’épanouissement personnel. Bien que sa musique se construise sur une simple progression mélodique entre la voix et le piano, c’est dans le détail et la sophistication du traitement sonore que Kailee Morgue s’épanouit le plus, qu’elle exprime un art plein de nuances et de contrefaçons faisant de chaque morceau de ce premier EP un nouveau testament de pop néoromantique, réceptacle unique d’un énorme talent en devenir.

crédit : Catie Laffoon

« Medusa » de Kailee Morgue est disponible depuis le 19 janvier 2018 chez Republic Records.


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Noé Vaccari

Étudiant passionné par le post-punk et la musique alternative en général