Il aura fallu quatorze ans à I Love My Neighbours pour enfanter ce premier album, « Anthology », somme de toutes les expériences passées et d’ambitions tournées vers l’avenir. Sa découverte, fruit d’une gestation scrupuleuse, est un émerveillement total, tant chaque détail paraît avoir été ciselé, soigné, relu, corrigé, réinterprété. Un opus fantastique que bon nombre d’entre nous aurait fantasmé sans jamais le voir se concrétiser.
Essayons d’éviter tous les superlatifs possibles et imaginables afin de définir « Anthology » ; ce qui, il faut bien l’admettre, ne va pas être aisé. En effet, le premier disque d’I Love My Neighbours mériterait à lui seul des éloges infinis, grâce à une écriture qui nous laisse béats d’admiration et nous implique immédiatement dans sa signification pour les musiciens. Composé sur la durée, mûri, déchiré puis gravé au creux de nouveaux marbres, il n’est pas qu’une oeuvre méticuleuse ou savante. Au contraire, sa perfection de tous les instants résonne dans sa liberté, au fil de mélodies ayant demandé, on n’en doute pas une seule seconde, un lâcher prise nécessaire à la constance et à la magie de l’ensemble. « Anthology » est une merveille pop rock, un bijou dont on n’osait rêver.
Les vagues d’énergie qu’il déploie se font en douceur et sincérité, s’amusant à apprivoiser les saveurs de styles ici totalement complémentaires. L’hymne potentiel « Chasing Rainbows » restera dans les mémoires, tant par ses chœurs contagieux que grâce à son rythme franc mais assez souple pour inviter de nombreuses et passionnantes idées créatrices. Plus loin, « Widows » danse, secoue les esprits endormis qui reçoivent ses promesses rock et funk en plein visage, sans résister à l’appel du mouvement, de la libération charnelle. Alternant senteurs pop profondes et dont les racines demeurent immuables (« Hello »), puis gestes chaloupés puis rapidement graves et intenses (« Now Sing »), I Love My Neighbours approfondit, pour chaque nouvelle piste, un songwriting dense et malin, orné de sonorités inattendues mais dont la présence s’avère indispensable (les cuivres de « Dahlia », la sidérante balade hard rock « James »). Un sens concis de l’expression harmonique qui achève de faire de cette « Anthology » une intarissable mine d’or émotionnelle.
« Anthology » raconte, en dix chapitres sans temps mort et palpitants, les éternels efforts de ses créateurs. Rien de moins qu’un monument artistique qui risque de vous accompagner longtemps, comme il le fait d’ores et déjà pour nous.
« Anthology » d’I Love My Neighbours, sortie le 24 avril 2020 chez Hold On Music.
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