[Live] Hellfest 2016, jour 1

Wo Fat, All Pigs Must Die, Ramesses, Le Bal des Enragés & Halestorm

Après une courte mais nécessaire pause, nous apercevons la fin du décevant concert de Cruachan dans le Temple, sorte de black folk aux accents celtiques qui a des allures de fest-noz satanique mais curieusement pas très enthousiasmant, puis Wo Fat s’installe dans la Valley. Leur set de quarante minutes sera une claque monumentale qui convoque à la fois un hard rock aux accents texans à la ZZ Top, un gros stoner ou desert rock à la Kyuss ou Fu Manchu et des envolées psychédéliques complètement barges. Nous perdons toute notion du temps devant ce papy barbu qui envoie un son « fat » comme c’est pas possible. Les compos s’étirent sans que nous nous en rendions vraiment compte, le son est monumental et le public au taquet. Un groupe qui, s’il n’est pas nouveau, mérite qu’on s’intéresse davantage à sa discographie, à n’en point douter. C’est d’ailleurs l’heure où la Valley commence à copieusement s’enfumer ; le public plane gentiment, les têtes dodelinent en rythme, les volutes de fumée sortent par spirales des bouches entrouvertes et s’entortillent autour de nos narines… Pas de doute, la Valley est bien la scène des cultures metal et psychédéliques.

Un besoin de se dégourdir les jambes, de s’aérer un peu et de se désaltérer après ce concert massif et planant se fait ressentir ; l’occasion pour nous d’entendre de loin l’épouvantable concert de Shinedown sur la Mainstage. Le groupe est l’un des plus populaires sur Internet de toute la programmation, avec des dizaines de millions de vues (probablement dues au public américain). C’est à peu près l’antithèse musicale de ce que nous voulons voir et entendre au Hellfest. Un metal qui n’en est pas, une musique formatée et insipide… Bref, de l’emocore comme nous pensions qu’il n’existait plus, copieusement arrosé de ballades insupportables. À fuir de toute urgence. Nous atterrissons logiquement en Warzone pour la fin du set ultra-violent du groupe de hardcore All Pigs Must Die, qui bénéficie de la présence herculéenne et tentaculaire de Ben Koller derrière les fûts, qui rejouera au même endroit quelques heures plus tard avec son autre groupe, le plus célèbre Converge. Le set est efficace mais pas transcendant et aucun morceau ou riff ne sortent vraiment du lot, même si l’attitude et l’énergie sont bonnes.

De retour dans la Valley, Ramesses nous offre (ou nous inflige, c’est selon) le concert le plus bruyant de la matinée. Deux morceaux sans bouchons d’oreilles auront raison de nos tympans, tant la basse joue fort, à en provoquer des bruits et bourdonnements parasites sur la sono. Son doom est sale, très teinté de sludge, ultra glauque et malsain. Mais malgré ces apparentes qualités, la sauce ne prend jamais vraiment et le volume est vraiment indécent. Nous partirons un peu avant la fin, déçus de cette prestation. Néanmoins, leur présence était surprenante : en effet, le groupe est à l’origine un side-project de deux membres d’Electric Wizard, qui ont depuis déserté la formation, officiellement en hiatus, pour laisser seul aux commandes le musicien Adam Richardson au chant et à la basse. Peut-être est-ce une des raisons de l’échec artistique de ce concert inattendu pour un groupe supposément séparé. Nous pouvons donc voir de loin la toute fin du set du Bal des Enragés, supergroupe français qui réunit tout le gratin du punk et du néo metal frenchie pour des live festifs et en grande partie composés de reprises d’hymnes heavy ou punk. Nous attrapons ainsi au vol une sympathique version collective du « Antisocial » de Trust (un des rares morceaux qui sera joué par plusieurs groupes différents lors de ce Hellfest, avec des titres de Motörhead en hommage à Lemmy Kilmister) avant d’assister, depuis les coulisses puis en traversant le site, à la sympathique prestation de Halestorm, groupe de hard rock américain aux textes souvent féministes et emmené par la charismatique chanteuse et guitariste Lzzy Hale, à la voix puissante et caractéristique.

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Maxime Antoine

cinéphile lyonnais passionné de musique