[Live] Hellfest 2014, jour 1

À peine arrivés sur le site du Hellfest et nous voici embarqués dans un univers totalement givré malgré la chaleur ambiante. Force est de constater le talent des organisateurs pour poser l’ambiance : des structures métalliques massives sont installées de part et d’autres au-dessus des bars et autres stands. Les figures macabres qui les ornent donneront toute leur splendeur la nuit tombée, à la lueur des flammes qui les éclaireront.

Ambiance Hellfest 2014 © Solène Patron

En plein jour, l’effet est quand même saisissant. Nous voilà dépaysés et fin prêts à nous faufiler parmi la faune metal pendant ce week-end qui s’annonce dément. Les festivaliers ne sont pas en reste et se parent des attributs les plus déroutants, loufoques.

Il est temps d’aller en prendre plein les oreilles et c’est vers la scène de La Valley que nous nous dirigeons afin d’entamer tranquillement (?) notre périple en terre metal. Kadavar va commencer son set dans quelques minutes et il faut constater que le groupe est attendu. Depuis la sortie de leur dernier album studio en 2013 «Abra Kadavar », les trois barbus jouissent d’une renommée grandissante et nombreux sont les admirateurs et autres curieux à se masser devant la scène pour voir le phénomène hard rock allemand.

Dès les premières notes et coups sur les fûts, l’incendie est déclarée. Les riffs brûlent et nous ramènent aux origines du metal. Difficile effectivement de ne pas se rappeler le Black Sabbath des débuts. La nostalgie n’est pourtant pas au programme. Les trois musiciens maîtrisent leur sujet et ne laissent pas place à l’emphase. C’est direct, puissant et la lave coule à travers les amplis. Kadavar enchaîne les morceaux qui font déjà figure de classiques de son répertoire (« Doomsday Machine ») salués par un public conquis par ce heavy rock bouillant. Idéal pour commencer ces trois jours de festival durant lequel le mercure ne cessera de monter.

Nous quittons la Valley sous le coup de cette découverte pour voir Rob Zombie débouler avec ses freaks (précédemment dans les rangs d’un certain Marilyn Manson) sur la MainStage 1. On se rappelle alors les premières écoutes incroyables d’ « Astro Creep » lorsque le sieur officiait au sein de White Zombie et de « Hellbilly Deluxe », son premier opus solo. On s’attend alors à une débauche de débauches, de l’electro heavy d’outre-tombe, de la sueur et du sang. Las !

Le concert commence avec « Dragula », titre culte s’il en est dans le répertoire de l’huluberlu barbu, et très vite le soufflé retombe. Certes, ça grimace sur scène mais ça manque cruellement de punch. On a affaire à des versions faibles et essoufflées de morceaux que l’on pensait tellement taillés pour la scène.

Retour sur la Valley où le crew de Kylesa va croiser le fer durant un show plein de tension. Deux batteries trônent sur scène et l’on appréciera les jeux complémentaires des batteurs. Deux chants également pour deux ambiances, l’un mélodieux et l’autre tout en cris. Les morceaux se lancent, s’étirent, explosent. Le theremin rarement vu sur scène apportera son lot de stridences dans ce déluge sonique. On se retrouve face à un groupe inclassable oscillant entre stoner le plus lourd et noisy le plus braillard.

Après ce démarrage avec des groupes privilégiant la pesanteur à la rapidité, il était temps de pousser le curseur vers davantage d’agressivité. La prestation d’Impaled Nazarene sera décevante malgré sa brutalité et ce sera finalement la puissance de Kataklysm qui ravira nos cages à miel, pour reprendre l’expression d’un fameux et barbu animateur de radio croisé sur le site (Tout mon respect, M. Zegut).

Les Canadiens nous servent un death metal des plus efficaces. Double grosse caisse qui cavale, hurlements gutturaux et riffs acérés injectent une énergie démoniaque sur la scène de l’Altar. Le public ressent cette puissance et nous voyons les premiers circle-pits et mosh-pits se former dans la fosse.

Il est désormais temps de découvrir Watain sur scène. La rumeur macabre entourant le groupe, l’écoute de leurs albums dont le dernier « The Wild Hunt » lorgnant vers le progressif ayant dérouté les fans et la réputation de prestations scéniques d’une violence rare nous poussa donc vers la Temple, scène dédiée durant le week-end aux musiques extrêmes les plus occultes, black metal en tête. Nous ressentirons un sentiment d’effroi devant le cérémonial mis en place par le groupe avant même le déchaînement qui se produira durant une heure sur scène.

Pour débuter, Erik Danielsson procédera à une cérémonie en gloire à Satan, crâne de bouc en offrande et flammes sur scène. Le reste du groupe débarque et c’est à un ouragan de violence que nous faisons face. Les musiciens fardés de la tête aux pieds paraissent tels des démons dépenaillés sortis des ténèbres. Le son est impeccable et le show est rodé. Notre sang se glace et nous nous disons alors que le Hellfest porte définitivement bien son nom et peu importe les intégristes à l’origine de polémiques inutiles et absurdes.

Pour finir la soirée, nous nous rendons vers la scène de la Warzone que nous apprécierons de plus en plus tout au long du week-end, les groupes qui l’arpenteront étant le plus souvent en marge d’un metal conventionnel. Le metalcore des américains de Walls of Jericho aura provoqué des circle-pits intenses et le public déchaîné répondra illico aux injonctions hurlées de Candace Kucsulain. C’est en plein cœur de la fosse que nous profiterons de ce show d’une puissance folle, plus jouissive encore que sur les albums du groupe. Le bassiste et la chanteuse finiront d’ailleurs dans le public qui, à cette heure avancée de la nuit, bondira une heure durant comme un seul homme. Certainement l’un des shows les plus percutants de ce week-end.

La prestation de Enslaved sur la Temple entre black metal et progressif sera de bonne facture et nous paraîtra même paisible  après cette démonstration de force de Candace & co.

Cette première journée se termine et nous avons déjà en mémoire des moments épiques. Les feux se sont allumés sur le site, l’ambiance est toujours excellente parmi les festivaliers et il nous tarde déjà de revenir en plein jour dès le lendemain pour d’autres shows aussi bons que ce vendredi. À suivre…


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Olivier Roussel

Olivier Roussel

Accro à toutes les musiques. Son credo : s’autoriser toutes les contradictions en la matière.