[Live] Grand Blanc, terrible et magnifique à la Dame de Canton

Jamais à La Dame de Canton, je me suis sentie aussi loin de la Jonque.
Jamais dans le bateau pirate, je n’ai autant oublié la saumure des fonds de cale. La Dame a son caractère. Tonneaux et plancher qui tanguent. Mercredi soir, Grand Blanc lui a tenu tête.

crédit : Solène Patron
crédit : Solène Patron

Grand Blanc est terrible. Grand Blanc est magnifique. Il suffit d’écouter leur EP « Devant de nous » pour s’en rendre compte. Magnétique et strident. Puissant et massif. Alors en concert, il y a de quoi s’écrouler. Ne pas tenir la route tant la destination est prometteuse. Il n’en est rien. Grand Blanc sur scène, c’est tout aussi fracassant. Si ce n’est plus. Voir la performance, c’est comprendre que chez eux rien n’est bancal, rien n’est illusion. L’attitude est droite et grave. L’attitude n’est pas une mascarade. L’attitude est solide et précise.

Ils auraient préféré faire mieux. Ils auraient pu faire mieux. Un peu déçus, ils le disent. Mais cette date à la Dame de Canton en suit deux autres. Un peu plus stressantes. Un peu plus à craindre. Alors là, sur le plancher de la Jonque, Grand Blanc a connu le souffle dans la tempête. Et cela leur va terriblement bien. Il y a toujours chez eux ce contraste qui se dessine. Entre pesanteur et apesanteur. Noirceur et lumière. Classe et humilité.

Le combat et l’opposition se retrouvent dans le chant. La femme et l’homme. D’abord, c’est elle qui envoûte la cale. Puis il lui répond. Le dialogue est hypnotisant. Comme beaucoup de choses chez Grand Blanc. Les claviers qui défilent. Les souffles qui deviennent de doux râles. Les basses qui achèvent. Hypnotisant et poignant. Car dans ce son industriel, il y a pourtant tant de choses qui percutent nos âmes.

Les mots ne sont pas amenés par de fausses poésies. Ils claquent et tachent. Il y a une prose un peu sale, un peu moite qui rappelle les cieux gris et pluvieux sur une banlieue qui agonisse. Grand Blanc, c’est une histoire d’image, tant le son est vecteur d’imaginaire. Tant le poids de la voix marque le temps et l’espace. Il n’est pas seulement question de musique, un concert de Grand Blanc est une claque dimensionnelle. Qui prend et qui balaye. Et sur ça, dire qu’ils peuvent mieux faire.

S’il devait n’en rester qu’une, on en prendrait deux. Montparnasse et Feu de joie. S’il devait n’en rester qu’une, elles ne feraient qu’une. Elles se suivent et se lient si durement. Tellement à l’unisson. Tellement plurielles.

Grand Blanc est un chaos sombre et percutant. Un enfant terrible mais loyal.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes