[Live] Deluxe et Sax Machine à l’Aéronef

Petite précision liminaire sur la chronique qui suit : je n’avais jamais écouté Deluxe avant d’assister à ce concert à l’Aéronef. De Deluxe, je ne connaissais que les superbes photos réalisées par l’odieux Boby, parti en tournée avec eux, ainsi qu’un excellent bouche-à-oreille de leur dernier passage dans cette salle. Juste de quoi se dire : « ce concert devrait être sympa pour les yeux, allons vérifier ce que ça donne pour les oreilles ».

Deluxe, l'Aéronef, Lille, 23 avril 2016
Deluxe – crédit : David Tabary

La soirée débute avec Sax Machine. Sur scène, on aperçoit deux grandes tables et on imagine un instant un insipide DJ set comme on en a de plus en plus souvent en première partie. On est loin de se douter de ce qui nous attend. Dans l’indifférence générale monte sur les planches un grand type à lunettes et son sac à dos. Il pose son sac au milieu de la scène, attrape un micro et s’en retourne aussi vite backstage. Alors que les photographes sont invités à rentrer dans le pit, le type et son micro sortent des coulisses pour aller dans la salle. Il s’agit en fait de RacecaR, rappeur membre du trio Sax Machine. Du milieu de la salle, l’homme commence à haranguer la foule : « Ça va Lille ?! Are you having un bon week-end ? » Puis il se dirige au bar et commence à énoncer les bières disponibles avec un accent de Chicago qui pousse à l’hilarité dans la salle.

Pendant ce temps entrent sur scène les deux autres membres de Sax Machine, Guillaume Séné et Pierre Dandin. Ils triturent quelques étranges machines électroniques, attrapent un trombone et un saxo et commencent à jouer. RacecaR les rejoint et une frénésie funk s’empare de l’Aéronef ! En deux morceaux, toute la salle danse, lève les bras, sautille. C’est du jamais vu pour une première partie. On a juste le temps de se dire qu’il y a aussi une inspiration free jazz que RacecaR confirme que le groupe improvise largement sa musique.

Au micro, l’homme ne tient pas en place. Il fait l’essuie-glace de gauche à droite, descend dans le pit, s’assied au bord de la scène, saute sur place. Jusqu’à ce que, incapable de résister plus longtemps, il retourne au milieu du public, puis finisse même par monter à l’étage de l’Aéronef. On se dit que l’atmosphère funk qui emplit la salle aurait plu à Prince. RacecaR ne tardera d’ailleurs pas à lui rendre hommage.

Le concert se termine avec, cette fois, les deux musiciens qui s’aventurent au milieu du public, pour mieux retourner directement en coulisses. Quelques minutes plus tard, RacecaR sort de ces mêmes coulisses et commence à discuter avec les spectateurs. Avouons-le, clients ou pas de ce genre musical, on vient de prendre une énorme claque avec ce concert de Sax Machine et on pourrait très bien rentrer directement à la maison en se disant avoir passé une excellente soirée.

Ce serait oublier que le plus gros morceau reste à venir. Les lumières s’éteignent et une énorme moustache dorée s’illumine à l’arrière de la scène. Le petit cirque de Deluxe entre en piste. Liliboy arrive au micro en sautillant et c’est parti pour le show. Les six membres de Deluxe savent très bien comment faire monter la température de plusieurs degrés en quelques minutes. Ils ne tardent pas à inviter le public à se rapprocher aussi près que possible, à se serrer avant de l’inciter à sautiller avec eux.

Soubri, aux percussions, se souvient de leur dernier passage à l’Aéronef il y a cinq mois et laisse entendre que ce n’est pas pour rien qu’ils reviennent aujourd’hui, car cela était l’un de leurs meilleurs souvenirs de tournée. Il n’en faut pas plus pour augmenter d’un ton la ferveur de l’audience. On monte faire un tour en mezzanine, là où d’ordinaire l’assistance est un peu plus molle, confortablement accoudée à la rambarde, profitant du spectacle comme on regarderait la télé. Pour le coup, la température est bel et bien remontée jusqu’à l’étage. Là aussi, on saute, on danse et on hurle aux moindres incantations de Deluxe. Quand le groupe demande au public de lever les bras, c’est tout l’Aéronef qui obtempère; idem quand il demande à tout le monde de s’asseoir.

Et puis, même si Deluxe et Sax Machine évoluent dans des genres musicaux très différents, on réalise que l’esprit funk transcende vraiment toute cette soirée qui se transforme sans le dire en un superbe hommage à Prince (mention spéciale aux saxophonistes des deux groupes !). Au final, on n’a pas forcément entendu de morceau se dégager particulièrement du set de Deluxe ; par contre, on reviendra avec plaisir assister à l’un de leurs concerts (et encore plus à un concert de Sax Machine !) pour l’incroyable ambiance qui s’en dégage !


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures