[Live] CHATON à la Cigale

Fort d’onze disques, dont quatre parus en 2022, et quelques EPs, CHATON ne se produit que rarement sur scène. Discret et attaché à ses proches, l’artiste découvert en 2017 ne souhaite plus s’éloigner de sa famille pour une date. Alors quand la nouvelle de ce spectacle unique est sortie, nous l’avons reçue comme une invitation à la maison qui ne peut se refuser.

crédit : Alice Tabernat

L’ambiance ce soir est heureuse et excitante, mais aussi sereine. Bien que personne ne sache à quoi s’attendre, les combinaisons de setlist pouvant être infinies, les spectateurs semblent avoir une pleine confiance en CHATON… qui ne déçoit pas puisqu’à peine les projecteurs éteints les premiers mots de « Poésie » résonnent ! Le public jubile, et entonne le refrain du titre qui a mis en lumière, dès son premier opus, cet auteur-compositeur-interprète singulier dans le paysage musical français. Petit à petit le morceau se mue : le beat reste le même, mais CHATON incorpore les paroles de « Monde Entier ». La transition est douce, cohérente.

S’il est seul sur scène, CHATON habite tout l’espace. Rarement derrière ses machines, il danse et arpente le plateau de long en large. Les titres se suivent, sans jamais trop se ressembler. Les paroles claquent et tranchent d’avec les mélodies et la voix claire de l’artiste. Celui qui chante « [être] toujours plus Barbès que Saint-Tropez » dans « Monde Entier », nous parle de crise d’angoisse, de Lola sa femme, de l’amour inconditionnel qu’il porte à ses enfants, et de l’industrie musicale pour laquelle il a longtemps travaillé comme parolier. Les influences reggae et dub mêlées à l’autotune donnent un caractère nonchalant aux punchlines.

Il n’est pas question de régler ses comptes, mais plutôt de souligner avec simplicité une réalité. Ce qui finalement peut créer chez l’auditeur un sentiment déstabilisant à l’instar du cinglant « Sans soda & Sans glaçon » et ses mots affûtés : « Me demande pas mon avis sur ta chanson / Je l’aurais même pas écrite à mon pire ennemi ». CHATON capture, avec ses poèmes, des instants de vie souvent blessés. Ses compostions sont peut-être si sensibles et élégantes parce qu’honnêtes : CHATON ne semble pas chercher la gloire bien qu’il n’écrive que sur lui et ses sentiments. Ce concert est, d’une manière, la cartographie intérieure de CHATON et écume la riche discographie où les textes sont aussi importants que les recherches sonores, n’oublions pas que CHATON a travaillé avec Blundetto.

Les six années de CHATON sont parcourues avec entrain, car même s’il n’y a jamais eu de grande promotion autour des albums les auditeurs fidèles connaissent une grande partie de la setlist, de « Deux Larmes » à « Violent Beau » en passant par « 23:34 ». Loin d’être parodique ou kitsch, la reprise de « Pour que tu m’aimes encore » revêt un caractère fragile et gracieux.

La soirée se termine sur les entrainants, et pourtant graves, « J’attends en bas » et « K€ ». Le public jubile et applaudit CHATON avec ferveur et reconnaissance.

Même si nous aurons peut-être plus de chances de croiser CHATON dans les rayons d’un supermarché que sur scène, ce concert n’était pas un adieu, simplement un partage entre un artiste discret et passionné, et son public.


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Alice Tabernat

Alice Tabernat

Étudiante passionnée par la création musicale et les beaux textes.