[Clip] [Exclusivité] Broken Waltz – Deep in the Mud

Nouvelle incarnation rock du duo composé par Clément Palant et Xavier Soulabail, Broken Waltz développe depuis la sortie de l’album « A Mysterious Land of Happiness… » en fin d’année dernière, un espace sonore étrange et fantasmagorique, sorte de cabaret freak où se mettent en scène les fantasmes déviants d’une Amérique désenchantée, loin de son propre grand rêve. Si ce premier LP réveillait ainsi les fantômes de la musique du diable et du bayou, le second chapitre gémellaire toujours en long format, qui s’annonce dans quelques jours, « …And Disasters » attise les braises d’un grand sabbat aussi excitant que dangereux, à l’image du clip « Deep in the Mud » à découvrir en exclusivité sur indiemusic.

Le logo ébréché de Broken Waltz suscite l’imaginaire dès les premières secondes. Il symbolise cette sanction absolue, cette marche en avant irrémédiable : rien ne peut résister à l’épreuve du temps. La matière se brise, les os craquent, la poussière retourne à la poussière, les cendres retournent aux cendres. C’est depuis les tréfonds de ces vestiges du monde et de l’humanité, dans cette atmosphère moite et suffocante que soudain s’adressent à nous les deux bandits rebelles de Broken Waltz, accompagnés par une bande de mercenaires, prêts à en découdre. Comme à la grande époque de Dr John, le rhythm’n’blues est ici un exutoire libérateur, sauvage et incandescent. Mais le punk étant passé par là depuis, le rythme de la batterie est fracassant et sec.

Dans ce joyeux bordel organisé, la basse se prend pour la guitare et abuse du slide. Le saxophone ténor de Pierrot Rault, pierre angulaire et décisive du combo, est tellement agité qu’il bouillonne et éructe telle la lave d’un volcan. Tel un hors-la-loi du grand ouest, le trombone est implacable et sanguinaire. La messe païenne peut commencer. Elle est bruyante et sauvage. Au-dessus de la mêlée, surplombe l’autorité naturelle et chamanique de Clément Palant. Son chant a quelque chose de possédé, entre liturgie et prêche, comme si Tom Waits et Nick Cave avaient créé un monstre fusionnel lors d’une obscure cérémonie vaudou, copieusement arrosée de mezcal et d’autres substances psychotropes. Conteur héroïque et charismatique, il déverse ses élucubrations égotripées dans une sorte de protorap, qui serait né dans la boue des États du Sud, plutôt que dans l’enfer du ghetto new-yorkais. L’énergie libérée est de plus en plus pénétrante à la limite de l’apoplexie, elle provoque le mirage instable de la transe, point de départ d’un trip halluciné et cryptique. Si l’acte de décès du rock’n’roll a bien été déclaré depuis belle lurette, Broken Waltz a vraisemblablement décidé de le ramener d’entre les morts. Paix à son âme.

crédit : Vincent Paulic

« …And Disasters » de Broken Waltz, sortie le 15 octobre 2021 chez Beast Records.


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.