Tortueuse sans être torturée, la musique de Bantam Lyons va puiser dans les profondeurs d’une brume mélancolique, un rock puissant et salvateur, réconfortant et tempétueux.
Pour l’apprécier, le groupe brestois compte sur notre attente, notre patience, notre recueillement. Et se livre à des actes solennels d’une grande austérité d’abord, avant de dégager toute la splendeur de compositions où s’entrechoquent des émotions ravivées.
Combatifs et loin de rendre les armes, les quatre musiciens s’imposent par la force de leurs mots combinée au poids des notes jouées qui, sans en avoir l’air, font grimper la tension et escalader la passion à chaque instant.
C’est la voix compréhensive, conquérante et enflammée de Loïc Le Cam qui fournit un frisson fascinant dans le corps et s’imprime au plus profond de nous. Ce sont quatre musiciens dans une démarche passionnée, qui concourent à nous faire dresser les poils et serrer les dents autant qu’à nous laisser béats devant l’évidence et la spontanéité racées de leurs compositions.
Avec ce nouvel acte d’une aventure marquée au fer rouge de l’incandescence rock, Bantam Lyons se montre dominateur dans chaque échange, puisant au fond de lui la force de se démarquer, pour mieux porter à leur apogée des titres qui partent sans prévenir, comme des coups perdus. « Glow » est de ceux-là, relâchant la détente pour mieux nous atteindre, desserrant la laisse pour gagner en vitesse et en force, et nous embrassant de toute sa passion dévorante.
On retiendra de cet effort le saisissant « Wednesdays », porté avec courage et conviction, comme une torche olympique dans la nuit, et contre vents et marées. Six minutes pendant lesquelles la batterie marque le rythme de nos pas, le chant aigu de Loïc nous sert de guide et les riffs des guitares suivent et poursuivent l’effort avant de tout donner dans un dernier tumulte passionné où tout s’accélère et s’échauffe. En pleine tempête, l’insubmersible Bantam Lyons est maître de la navigation.
Pour se délester un instant de tous ses poids, sur « Something Familiar », la formation bretonne s’essayera à un post-punk concis et mélodique, lassée d’attendre, pour mieux livrer ses secrets d’énergie au premier venu. Mais nous l’aurons bien vite compris : Bantam Lyons se plaît d’abord à arrêter le temps et le confirmera avec l’auguste « Yellow Fingers », au revoir déchirant avant des retrouvailles prochaines.
Soutenu avec cœur par l’exigent label nantais Kshantu (Hint, Western, Mansfield.TYA), ce nouvel EP porte tous les sérieux espoirs de ces nouveaux arrivants en terres nantaises, venus bon gré mal gré tenter leur chance un peu plus loin des rivages et des grandes marées, avec brio.
« EP » de Bantam Lyons, sortie le 16 octobre 2015 chez Kshantu et L’Autre Distribution.
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