[Interview] A Rainmaker

Ils seront à l’affiche de la Birthday Party XXL du Chabada et auront l’honneur et la responsabilité d’ouvrir les festivités de trois jours de concerts du vendredi 6 au dimanche 8 juin 2014.
Rencontre avec le quintet indie pop parisien A Rainmaker que nous avons programmé avec Colt Silvers vendredi soir, dans le cadre de notre carte blanche.

crédit : Brice Portolano
crédit : Brice Portolano
  • Entre le premier EP « Rwenzori » et le second « Sunbelt », il y a un an d’écart, que s’est-il passé durant cette période ?

On a pas mal joué ! On avait vraiment besoin de faire des concerts et de s’amuser un peu après 6 mois de studio. Ensuite on a réfléchi au nouvel EP, quelles directions prendre, comment faire évoluer notre son de manière plus cohérente et personnelle ?

On a produit ce 4 titres nous-mêmes et peu de temps après nous avons eu la chance de travailler avec Stéphane « Alf » Briat (Air, Phoenix, Sébastien Tellier) sur le mixage. C’était impressionnant d’entrer dans le studio et de voir le disque d’or de « Moon Safari » sur le mur. Ça fait quelque chose ! Pouvoir bosser avec Alf qui a mixé les albums de notre génération qui nous ont tous à l’époque marqué et influencé, c’est dingue. Je me souviens, quand j’avais 9 ans, être entré dans la chambre de mon grand frère tout excité qui venait d’acheter « United » (de Phoenix) et écouter avec lui « Too Young ». Qui m’aurait dit 15 ans plus tard que ce serait notre tour, c’est plutôt marrant… Puis nous voilà sur scène pour partager ces nouveaux titres. Tout ça, mine de rien, prend un certain temps !

  • Au sein du projet, comment travaillez-vous les textes et les compositions ensemble ?

On attend tous d’avoir un déclic sur une idée, qui peut venir de n’importe qui et de n’importe quoi, puis on bosse dessus jusqu’a ce qu’on sente qu’il se passe quelque chose, ça peut prendre un peu de temps ! Généralement les textes viennent après, c’est plus facile pour nous d’écrire sur ce qu’on ressent en écoutant le morceau avancé harmoniquement ; on cerne l’ambiance et on pose des paroles sur ça pour mieux jouer avec.

  • Votre premier EP « Rwenzori » nous emmenait dans des paysages tropicaux, très colorés, très exotiques. Il y avait vraiment l’idée d’une virée dépaysante. Avez-vous souhaité poursuivre cette direction avec l’EP « Sunbelt » ?

Oui, c’est réellement ces aspects qui nous plaisent sur Rwenzori, une musique toujours en mouvement qui amène l’auditeur dans un état un peu second, on se sent tous un peu hypnotisés quand on écoute nos disques préférés, c’est donc tout naturellement qu’on essaie de recréer ces sensations dans la notre. Sur un des morceaux du nouvel EP, on a mixé une cinquantaine de pistes de voix de Capucine qui se confondent avec l’instru, ça créé une illusion assez dingue !

  • Sur ce nouvel EP, il y a un côté électro et funk qu’on ne trouvait pas jusque-là (notamment sur « The Call », qui fait par moment penser à ce que peut proposer Breakbot). Qu’est-ce qui vous a poussé vers ce côté plus dansant ?

C’est un côté de la « french touch » qu’on adore ! Ce mélange assez fin de groove et de mélancolie faussement niaise, de « tube » à l’américaine avec ses coté kitsch des eighties qui garde une certaine classe et une retenue bien française. On voulait un titre comme ça dans l’EP, c’est un clin d’œil vers cette scène qu’on adore.

  • Au-delà des univers musicaux, quelles histoires, quels sujets vous inspirent les textes de vos morceaux ?

Nos textes reflètent des états d’esprit et du ressenti majoritairement, par exemple on ne traduit jamais une mélancolie par des mots terre à terre, on préfère imager pour les rendre moins évidents, plus ouvert à l’interprétation. Nous ne sommes pas dans une démarche de débattre, de mettre le doigt sur des sujets sensibles, mais nous essayons de laisser à l’auditeur la possibilité de s’accaparer les paroles pour l’inviter à voyager, à danser ou à s’émouvoir.

  • En réalisant l’excellent remix de « Loose Yourself To Dance » des Daft Punk en amont de la sortie de ce second EP, était-ce pour vous un moyen de dévoiler l’orientation de certaines nouvelles compositions ou plus un défi lié à une actualité ?

C’est Nico qui a fait ça pour s’amuser, chacun se détend à sa manière ! Durant cette période, il écoutait pas mal l’album de remix des Daft Punk par Darkside, allez savoir si ça a un rapport !

  • Quels sont les groupes qui tournent actuellement en boucle chez vous ?

On écoute beaucoup et partageons tout ce que nous écoutons. Des Beatles à la musique sérielle, de Steve Reich et Moondog en passant par Miles Davis, Roxy Music, Marvin Gaye, Curtis Mayfield, CAN ou encore le Yellow Magic Orchestra ! En ce moment ce qui tourne pas mal c’est Jagwar Ma, Fleetwood Mac, Alpine et Chassol !

  • Vos visuels sont très soignés, que raconte celui de « Sunbelt » ?

A Rainmaker - Sunbelt

C’est un visuel qui sort d’un rêve, littéralement ! Brice s’est réveillé un matin avec cette idée précise et comme on attache de l’importance aux moments comme ceux-là, on a foncé. Laisser la providence faire son travail nous a souvent porté chance ! En fait c’est comme pour nos textes, on aime aussi donner plusieurs interprétations possibles aux visuels de nos disques. Pour « Sunbelt » (NDLR : immense région américaine – encore un clin d’œil au voyage), nous pouvons aussi bien penser que la colonne centrale ressemble à une porte ouverte vers un monde imaginaire, ou qu’elle offre la représentation d’un totem indien qui est un lieu de communion, mais aussi de danse et de total oubli de soi.

  • Votre dernier EP « Sunbelt » est pour le moment disponible exclusivement en vinyle lors des concerts avant une sortie numérique à la rentrée de septembre. Pourquoi avez-vous fait le choix de cette stratégie ?

On se dit que ça n’a pas beaucoup d’intérêt à vouloir précipiter les choses. Nous voulions partager et faire découvrir Sunbelt en live dans un premier temps et remercier les gens qui viennent nous soutenir, de leur offrir une certaine exclusivité, d’où cette sortie de vinyles pour ce bel objet. On a préparé de belles choses pour cette sortie notamment un clip tourné en Arizona (sortie bientôt) ainsi qu’un partenariat avec Harris Wilson, une marque prometteuse !

  • Vous êtes en tournée pour présenter ce nouvel EP depuis fin mars jusqu’à l’été. Entre le studio et le live, qu’est-ce qui change ? Qu’apportez-vous de singulier sur scène ?

Ce sont deux façons complètement différentes de travailler. Disons que le live est une sorte d’exutoire pour lequel on prend beaucoup de plaisir. C’est un partage, c’est des émotions encore plus fortes, car on vit le ressenti des gens en même temps. Pour nous, c’est important de bosser des versions différentes que celles enregistrées en studio. On veut emmener nos sons encore plus loin, rentrer dans une certaine transe.

crédit : Brice Portolano
crédit : Brice Portolano
  • Vous serez vendredi 6 juin au Chabada d’Angers, pour une carte blanche donnée à notre site par la salle avec Colt Silvers. Que diriez-vous au public angevin pour les séduire et leur pousser à vous voir sur scène ?

Oui, on a hâte de faire cette date, ça va être une belle soirée !
Les séduire… Faisons d’abord connaissance, on n’est pas un groupe facile. Non, plus sérieusement, on espère qu’il se passe un truc avec eux ce soir-là, pour le reste, ça suivra !

  • Enfin, quelles sont les actualités à venir de A Rainmaker ?

La sortie de notre EP « Sunbelt » pour la rentrée, puis des dates de concerts, un premier clip.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques