[Live] Julia Holter au Petit Bain

Figure de la scène arty californienne, Julia Holter nous gratifie cette année d’un très long-format, avec le projet « Aviary ». Une suite de séquences expérimentales, sortie tout droit de l’imagination de l’ex-étudiante de CalArts, qui étale sur une heure et demie une pop déroutante dans une atmosphère toujours aussi cinématographique.

Julia Holter – crédit : Cédric Oberlin

Le disque précédent, « Have You in My Wilderness », donnait plus d’ampleur vocale à cette artiste qui s’est toujours d’abord considérée comme auteure-compositrice, et a longtemps affiché un intérêt pour les pistes instrumentales. Ainsi les « Feel You » et autres « Sea Calls Me Home », qui résonnent toujours avec autant de grâce au Petit Bain, enrichissent sa palette de délicieuses partitions chamber-pop où elle se révèle vocalement.

La setlist évidemment dominée par « Aviary » nous emmène encore plus loin qu’avant dans l’univers un brin perché de l’Américaine, dans une sorte de confusion ordonnée et calculée de partitions chaotiques, mais maîtrisées, qui offrent un déluge de douces claques. Les concerts de Julia Holter sont à chaque fois des expériences nouvelles, surprenantes, aux chemins sinueux que l’on ne reconnaît jamais véritablement d’une performance à l’autre. L’offre artistique se double d’une présence scénique toujours séduisante, avec des musiciens de haute volée, cinq en tout, pour donner toute l’épaisseur orchestrale aux compositions complexes de la résidente de Los Angeles : violon, contrebasse, batterie, etc.

Les séquences art-pop toutes plus atypiques les unes que les autres s’enchaînent, du titre en deux parties « I Shall Love », aux partitions subtiles et hypnotisantes « Whether » et « Words I Heard ». Des chansons qui prennent décidément trop de place, car en quittant la scène dans l’éventualité d’un rappel, le band a dépassé le délai. Pas de retour sur scène finalement malgré les applaudissements insistants du public. Un au revoir précipité, mais évidemment pas un adieu pour celle qui offre aux Parisiens des soirées si particulières.

En première partie, le Petit Bain avait invité Marc Melià, Majorquin résident de Bruxelles, et auteur d’une pop synthétique et instrumentale. À l’aide de boucles rêveuses et mystiques, il nous a interprété les partitions de son premier disque solo « Music for the Prophet », du nom de son instrument phare, le synthétiseur Prophet 08. Une entrée en matière atmosphérique et sublime, qui, à l’image de Julia Holter, nous plonge dans un univers cinématographique, comme une sorte de B.O qui attendrait son film.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens