[Focus] Holispark, Germaine Kobo, Broen et Loney Dear

Une reprise cachant une ingéniosité rock transcendant ses maîtres, une confession rythmée et humaine de l’aventure intime d’une artiste dévouée à ses origines, un excitant projet pop venu du froid et une ballade dont il est difficile de se remettre ; voilà le programme de ces découvertes entre extase, plaisir et larmes.

Holispark

Autant l’avouer tout de suite : l’auteur de ces lignes n’est pas vraiment fan de Imagine Dragons. Trop exigeant, peut-être ? Non, simplement parce que la musique des Américains ne l’inspire pas. Aussi, lorsque la découverte d’une reprise de l’un de leurs tubes les plus célèbres, « Believer », se présente, c’est avec autant de curiosité que d’appréhension que l’on se décide à voir de quoi il retourne. Et le constat est sans appel : en ajoutant sa touche rock personnelle au sujet original, le quintet lillois Holispark frappe un grand coup, dans tous les sens du terme : riffs de guitare aiguisés et puissants, batterie aussi massive que variée, basse soutenue et volontaire et, par-dessus tout, le chant pleinement engagé dans cet exercice de style de Manon, habitée par les paroles qu’elle s’approprie avec une déconcertante facilité. Le résultat, aussi bien visuellement (la mise en scène, le lieu et les costumes et maquillages choisis forment le contrepoint parfait des clichés du gothic rock, style bien éloigné de celui de Holispark et osant éclairer en plein jour une prestation à l’électricité débordante), nous réconcilie avec un titre qui nous avait auparavant laissé de marbre. De là à dire que cette version surpasse largement l’originale, il n’y a qu’un pas, qu’on franchit sans problème !


Germaine Kobo

« Koyékola » : « Apprendre », en lingala, langue bantoue de la République Démocratique du Congo. Un verbe que la musicienne marseillaise Germaine Kobo a décidé de faire sien, afin de replonger dans ses racines, de les comprendre et de témoigner des bouillonnements artistiques qui coulent dans ses veines. Ceux-là mêmes que l’on retrouve dans une instrumentation à la fois électro et rythmée, un funk d’une délicatesse entraînante, qui ne ressemble à rien de connu. C’est d’ailleurs ce qu’illustrent à la perfection les lumières phosphorescentes chorégraphiées de la vidéo accompagnant cette piste aux saveurs tant africaines qu’occidentales, dans une union sacrée où la famille, la séparation et l’envie d’apprendre prédominent et nous emmènent, auprès dans la compositrice, dans une quête originelle dont il nous tarde de connaître les prochaines étapes. « L’ignorance ne s’apprend pas », chante Germaine Kobo ; la pensée, elle, ne demande qu’à trouver les réponses qu’elle mérite, grâce aux mélodies et au lyrisme d’une épopée culturelle et intime bouleversante d’humanité.


Broen

Annonciateur d’un premier album, « I Heart Art », dont la sortie est prévue pour le 20 octobre prochain chez Bella Union et [PIAS], « Time » nous permet de découvrir une autre facette du passionnant projet norvégien Broen, quelques mois après le décalé et délicieusement suggestif « You (Detective) ». En effet, à l’inverse de son prédécesseur, « Time » s’imprègne d’une dimension mélodique certes sobre et directe, mais plus humaine et rythmée. On oscille ainsi entre artifices synthétiques et guitares funk, le tout porté par la voix sensible et juste de Marianna S. A. Røe, marquant une complémentarité avec l’instrumentation qui est aussi surprenante que lumineuse. « Time » semble venir d’une autre planète, tel une fréquence extraterrestre qu’un satellite aurait captée sans parvenir à totalement la déchiffrer, tout en comprenant qu’il existe, ailleurs, un langage propre au plaisir et à la douceur, au laisser-aller et à la jouissance du quotidien. Le temps est bien trop court en compagnie de Broen ; une absence qui sera comblée, sans nul doute, de fort belle manière dans un peu plus d’un mois. D’ici là, on compte les jours…


Loney Dear

Tout juste signé chez Real World Records, le fameux et éclectique label de Peter Gabriel, le multi-instrumentiste et songwriter suédois Emil Svanängen, plus connu sous le nom de Loney Dear, s’apprête à sortir un nouvel album éponyme le 29 septembre prochain. Afin de vous permettre de patienter jusque là, et sachant d’ores et déjà que le disque s’annonce comme l’un des opus majeurs de la rentrée, l’artiste nous offre la version acoustique de « Humbug », dans une interprétation radicalement différente de la piste originale, mais d’une beauté et d’une mélancolie frémissantes et subtiles. Deux pianos et une voix ; voilà tout ce qu’il faut à Loney Dear pour nous transporter, durant un peu plus de trois minutes, dans une introspection déchirante, vision sublime et brumeuse d’un art où la voix, cristalline et prégnante, trouve un dialogue inattendu et cathartique avec des claviers d’une profondeur saisissante. À tel point qu’il est impossible de ressortie indemne de l’écoute de ce moment intemporel, laissant des marques nostalgiques et durables sur nos esprits tant apaisés que tourmentés. Le chef-d’œuvre qui s’annonce n’en sera que plus beau ; mais, déjà, « Humbug » est d’une exceptionnelle pureté, d’une simplicité aussi frappante que frissonnante.

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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.