[LP] Lydia Ainsworth – Darling Of The Afterglow

Avec pour enjeu principal de surpasser son premier et remarquable album, Lydia Ainsworth revient en posant à nouveau toute sa palette créative à plat, prête à s’immerger dans des couleurs nouvelles et plus maîtrisées. Revers de médaille : la belle perd en intensité émotionnelle ce qu’elle gagne en qualité de production. On ne peut pas tout avoir, mais on se contentera avec satisfaction et plaisir de ce disque certes lisse, mais tout de même à part dans la musique populaire actuelle.

crédit : Tonje Thileson

Retour en 2014 : sortie de nulle part, la compositrice et productrice canadienne Lydia Ainsworth frappe un grand coup avec « Right From Real », incursion impromptue et immédiatement saluée par la critique dans les courants musicaux en vigueur. Brassant aussi bien dans des terreaux pop qu’électro ou folk, l’artiste crée et façonne à son image des chansons qui lui ressemblent, clones au cœur humain brûlant et pulsionnel. On pouvait donc tout attendre de son nouveau disque, trois ans après ce coup de génie ; trop, même. Car il faut bien admettre que « Darling Of The Afterglow » ne fait, une nouvelle fois, rien comme tout le monde, charriant des arrangements inédits et impeccables. Mais ces détails ne permettent pas de dissimuler une certaine facilité dans les harmonies et une volonté non dissimulée d’approcher les flammes du mainstream, sur lesquelles beaucoup se sont déjà brûlé les ailes.

Pourtant, le superbe « The Road » ouvre les festivités avec une intimité et une profondeur précieuses dans laquelle chœurs, piano et rythmes artificiels s’unissent pour donner naissance à un univers émouvant et intense. De telles fulgurances, Lydia Ainsworth nous en fera ressentir beaucoup au fil de l’écoute, dans la chaleur dénudée et pure du magnifique « Afterglow » par exemple, ou encore sur une reprise glacée et profonde du « Wicked Game » de Chris Isaak. Tant de compétences ne passent bien évidemment pas inaperçues, d’autant mieux lorsqu’elle s’autorisent à revêtir des apparats presque orientaux (« Into The Blue »), ou en suspendant un timbre aigu et pénétrant sur d’ultimes mesures (« WLCM »). On prend ainsi conscience du potentiel inépuisable de la belle, de sa faculté d’écoute et d’inspiration dans les genres qu’elle explore et apprivoise, avec succès et courage.

Malheureusement, ces éclats éblouissants ne peuvent pas nous faire oublier ni éviter les écueils que la créatrice percute de plein fouet, à l’instar d’un R’n’B capricieux et trop aisé (« What Is It? », « Ricochet ») ou d’une tentative d’incursion rock et orchestrale avortée en quelque secondes (« Open Doors »). À force d’écouter les sirènes d’une inventivité se simplifiant beaucoup trop la tâche, Lydia Ainsworth s’égare ; ce qui est vraiment dommage, tant l’opus regorge d’une multitude de perles et de visages que l’on se plaît à chercher des yeux, à distinguer pour mieux les reconnaître et les laisser nous séduire. Au final, « Lady Of The Afterglow » est une réussite en demie-teinte, bien que tous les espoirs soient encore permis au cas où ces défauts pourraient, par magie et avec une bonne dose de concentration et de transpiration, se métamorphoser en qualités destinées à devenir indémodables.

« Darling Of The Afterglow » de Lydia Ainsworth est disponible depuis le 7 avril 2017 chez Arbutus Records.


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Raphaël Duprez

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