[LP] Le Vasco – La Transe des Oiseaux

Artisans d’une musique crossover qui s’épanouie sur la scène alternative parisienne depuis le début des années 2010, les membres du groupe Le Vasco dévoilent enfin leur première album « La Transe des Oiseaux ». Un condensé avant-gardiste d’influences éclatées, s’entremêlant avec cohérence dans un récit électronique post-internet.

Connu des initiés, Le Vasco se fraye un chemin vers la reconnaissance public depuis quelques années via les Transmusicales en 2013, le concours Ricard S.A. Live Music en 2014 ou plus récemment grâce à la sortie d’un EP chez Nowadays Records. Et c’est chez ces derniers qu’ils sortent « La Transe des Oiseaux », album tirant son nom énigmatique d’une ancienne chanson extrait de leur premier EP.

Difficile de cerner leur signature musicale. On trouve sur le Web différentes étiquettes au fil des médias : R’n’B vaporeux, pop mutante, punk synthétique, hip-hop expérimental, etc. Entité mystérieuse, le groupe se rattache à l’internet-wave, une récente mouvance constituée de jeunes producteurs s’inscrivant dans une esthétique post-internet et des sonorités synthétiques, qui s’hybrident à une pléthore d’influences dans un grand bain artistique.

Avec un background narratif d’une grande richesse retraçant le mythe d’Aya Yosemite, dieu numérique et hologramme mystique régissant ce monde, Le Vasco balise un chemin inédit où les frontières entre la réalité et le virtuel explosent, afin de nous emporter dans une danse pixellisée et émancipée de nombreuses contraintes stylistiques.

Si « Razorblade » a été le premier single dévoilé, nous pouvions d’ores et déjà découvrir « Easy Online » ou « Neon Blue » via l’EP précédent. Des titres alternant R’n’B mutant et pop transgenre, dans lesquels des claviers perchés entre hip-hop façon Warp Records et IDM tubesque, s’enroulent autour de la voix de la chanteuse, avec ici et là des chorales synthétiques retentissant sur des nappes atmosphériques. Mais rien n’est prévisible chez Le Vasco, comme le confirme « Borders Of Your Private World », qui effectue un formidable virage vers le dream-punk et la noise-music. On se laisse embarquer par les étrangetés délicates et enivrantes de morceaux comme « Les Oiseaux sont là, ils attendent » ou les vagues cosmiques de « Night Train ». Et avant de s’en aller, Le Vasco nous offre un joli dernier tour de piste avec « Party People », une instrumentation hip-hop aux sonorités asiatiques, pétrie d’impressionnantes envolées électroniques.

Le Vasco réussi le tour de force d’imposer son univers si singulier, tout en se rattachant à divers esthétiques, malgré une prédominance de gimmicks hip-hop et de d’expériences pop. Le groupe jongle d’un morceau à l’autre avec les attentes des auditeurs, contournant l’évidence avec panache, afin de nous apporter des variations salutaires dans un carcan accrocheur. « La Transe des Oiseaux » se révèle iconoclaste sans le vouloir, avec sa volonté d’aller questionner avant toute chose la matière sonore au détriment des codes musicaux de tel ou tel genre. Une logique sur le fil du rasoir qui déjoue les expérimentations abscons, en s’entichant à la fois du corps et de l’esprit, au fil d’incantations musicales s’inscrivant dans le renouveau sonore du 21e siècle.

« La Transe des Oiseaux » de Le Vasco, disponible le 13 janvier 2017 chez Nowadays Records.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.