[LP] Anders Brørby – Mulholland Drive, 1984

Prophète des paysages sonores abstraits et de l’obscurité ambiante, l’artiste-plasticien Anders Brørby dévoile un nouvel album en forme de bande-sonore sans concession, fusionnant aux images de films imaginaire et sous-tensions.

Anders Brorby - Mulholland Drive, 1984

Avec ses disques précédents, les biens-nommés « Nihil » et « Music For Imaginary Scenarios », le compositeur d’Oslo tissait déjà des liens entre les disciplines. Dans sa pratique de l’art brut, il chante à travers ses machines des chapelles musicales atmosphériques, à base de synthétiseurs granulaires, de field-recording traités, de boucles et de micro-variations. Et si la référence au film « Mulholland Drive » du célèbre David Lynch semble évidente, nous croiserons aussi des références dans certains titres à son inoubliable série « Twin Peaks » comme à d’autres cinéastes, Dario Argento en tête.

S’il est difficile d’aborder l’œuvre morceau par morceau, tant l’osmose de l’univers est totale, on notera l’excellente « Black Room » qui fait muter de l’ambient ténébreuse en odyssée minérale, laissant ainsi s’écouler dans l’espace des effluves anxiogènes et naturalistes. Nous planons dans une étrange mélasse sonore à la fois aérienne et tétanisante sur « The Unhappiest Places Of Earth ». Nous captons même un semblant de lumière avec l’épurée « Defeat » et son chant mélancolique et haut-perchée, traversant des nappes triturées de glitchs. L’harmonie est complète lorsque retentissent les claviers de « Deconstruction of Mirages » et les machines vrombissantes de sa suite, « Handheld Weapon ».

« Mulholland Drive, 1984 » invoque des images allant de l’étrange douceur à l’apocalypse, des visions antinomiques et fortes qu’il est difficile de s’imaginer. Une musique qui s’adresse directement à l’esprit, à ses sens et son imagination. Chose intéressante, l’artiste évite de s’enfermer dans le bruit et la fureur malgré son accoutumance au drone. Il nous donne à entendre et ressentir des espaces très aériens, à l’inverse d’autres artistes creusant les décors abstraits et criards sans aucune circonspection. L’ambient se travaille sur le relief et sillonne sur les chemins de l’éternel Mulholland Drive, route aux milles visages qui continue de nourrir les fantasmes et les imaginaires des créateurs.

Anders Brorby

« Mulholland Drive, 1984 » de Anders Brørby, disponible le 5 novembre 2016 chez Hylé Tapes.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.