[Live] Hellfest 2015, jour 1

Après des mois d’attente, nous revenons enfin à Clisson pour trois jours qu’on imagine déjà mémorables. L’édition 2014 du Hellfest présentait une affiche monstrueuse et l’on se demandait comment l’équipe pourrait renouveler l’exploit. L’annonce des premiers noms avait vite fait de nous rassurer : le paquet était mis pour la dixième édition. Les fidèles de cette grande fête du metal ne s’y sont pas trompés en s’arrachant la totalité des places en moins de quinze jours !
Bref, il était temps de nous y rendre enfin

Wolf Brigade © Solène Patron

Arrivé sur le site, on constate que des améliorations ont été apportées. Décors de train fantôme sur les Main Stages, chapiteaux de la Valley, Altar et Temple abandonnés au profit de structures plus larges et plus aérées, pelouse et allées ; il faut accueillir comme il se doit le metalhead.

Et les groupes dans tout ça ? On s’engouffre dans la Valley pour découvrir Truckfighters. C’est parti !
Le groupe a d’ores et déjà sa fanbase. Preuve en est : des drapeaux suédois vus dans la foule. « Desert Cruiser » mettra aussitôt tout le monde d’accord. Le stoner rock efficace du groupe l’est plus encore dans les tempos rapides, mais on retiendra du guitariste davantage ses incessants sauts de cabri que les soli sortis de sa Gibson.

Changement d’ambiance radicale avec le cocktail thrash-black-pagan de Skyforger. Une certitude : les Lettons savent transposer l’énergie martiale de leurs morceaux sur scène.

On a l’impression saisissante, en voyant Orchid sur scène, d’être transporté au Glastonbudget, festival cousin du fameux Glastonbury ne programmant que des tribute bands. En effet, on croit voir Ozzy, Tommy, Geezer et Bill en pleine promo de « Master of Reality ». Tout y est : les riffs, les poses et même la veste à franges. Pour autant, ça fait du bien de se laisser happer par ces compositions originales rappelant le meilleur du metal 70’s.

Nous oublierons vite les quelques minutes passées en Warzone devant le concert de Wolf Brigade. C’est même surprenant de voir un groupe balancer autant de hargne avec si peu de passion.

Dying Fetus fait le job dans l’Altar. Les gars ont l’art et la manière de balancer des bombes death/grind et la fosse bout dès les premières mesures.

Le mercure ne cesse de monter et c’est avec la sensation de brûler sous le soleil californien que l’on assiste à la performance de High On Fire. À l’instar de Dying Fetus (et de Motörhead, qu’on aura aperçu de loin lors d’un « Damage Case » honorable), le groupe nous rappelle que le trio est la formule idéale d’un rock allant à l’essentiel. Pas de place aux artifices, on a droit à un show honnête suintant le stoner par tous les pores.

Stupeur et tremblements lors du concert de Envy. On ne connaissait pas ces Japonais qui étaient déjà présents au Fury Fest (ancêtre du Hellfest) en 2005. Jamais le plomb n’aura paru si léger. Les morceaux s’étirent et les arpèges cristallins mêlés à un étrange chant sussurré explosent en une déflagration violente et libératrice. Voir la grâce se muer soudainement en furie provoque le frisson du public. Prestation hors-norme qui restera gravée dans les mémoires, notamment dans celle du veinard qui est parti avec la Gibson SG offerte par l’un des guitaristes au moment des adieux !

Voir Mastodon dans la Valley quand ce groupe pouvait légitimement déverser son stoner atmosphérique sur une main stage relève de la bonne surprise… et d’un défi pour ceux qui sont arrivés trop tard. Le public se tasse et se lâche au son des riffs puissants délivrés par cette entité qui a conquis des millions de fans en repoussant avec audace les frontières du metal. La prestation est honnête et rend honneur à leurs morceaux d’ores et déjà classiques.

On change de registre et d’ambiance lors du concert des vétérans de Cock Sparrer. Aux armes en 1977 lors de l’explosion du punk, le groupe donne le sourire à un public parfait pour les chœurs. Les riffs sont basiques, tout comme la section rythmique, mais la prestation est vraiment exceptionnelle. Les vannes fusent entre les titres, la Warzone est en liesse et l’on savoure ce punk balancé avec un bon vieil accent cockney.

On retrouve avec plaisir mais également un peu de doute David Eugene Edwards à la tête de Wovenhand. Être à nouveau face au sorcier qui nous avait envoûtés avec le folk sombre et rêche de 16 Horsepower dans un festival à la gloire du metal et tous les clichés qui s’ensuivent (headbangs, growls, circle-pits…) nous paraissait étrange. On est très vite rassuré, tant la prestation délivre d’électricité. Ce ne sera toutefois pas du fait des spots, le groupe faisant probablement appel au même éclairagiste que Jean-Louis Murat.

La pénombre est quasi totale et l’on distingue tout juste le chapeau de Mr. Edwards. Peu importe, la magie, ou plutôt la sorcellerie, opère. Bien que très éloigné des rituels du black metal, on a affaire ici à des invocations maléfiques et Le Malin ne semble pas loin. Ce concert laissera des traces et il est appréciable de voir un groupe réussir avec tant de brio et de sincérité à nous transporter dans son imaginaire, aussi ténébreux soit-il.

Slipknot est attendu de pied ferme par des milliers de jeunes metalheads pour clôturer cette première journée mais nous choisissons d’aller croiser le fer avec les Dead Kennedys. On prend un pied dingue à pogoter sur ces classiques gravés depuis des décennies dans le marbre du punk.

La dixième édition du Hellfest a tout juste démarré et nous avons déjà des souvenirs plein les poches. Il est tard. On se retrouve dans quelques heures…


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Olivier Roussel

Olivier Roussel

Accro à toutes les musiques. Son credo : s’autoriser toutes les contradictions en la matière.