Charlie Tango – Deux Silences

Ce soir où Charlie Tango jouait ses titres, seul devant une Dame de Canton intimiste, il y avait à la fois ce sentiment de solitude, palpable, du chanteur en solo face à son public (plus habitué aux formules en duo ou à quatre), et cette envie d’encourager l’artiste face à nous, à travers une écoute attentive. Il avait cette maladresse touchante lors des transitions, seconde fois que l’artiste jouait ses nouveaux titres en live. Mais il y avait également cette authenticité gagnante, ces sourires comblés qui nous étaient adressés comme ces anecdotes parfois dures, parfois tranchantes, parfois plus légères, qu’on attrapera à l’envol ou qu’on prendra en pleine face.

Charlie Tango - Deux Silences

Charlie Tango nous présentait alors quelques titres de son nouvel EP, « Deux Silences », et si j’en viens à le chroniquer aujourd’hui, c’est qu’il ne l’avait pas encore en sa possession à cette époque. Je me souviens d’une rencontre agréable après son concert, entre deux cocktails, où Sébastien Gallet alias Charlie Tango m’avait tendu son premier EP, et promis de m’envoyer le suivant dès qu’il l’aurait en sa possession.
Me voilà donc à écrire sur ce second EP pour Charlie Tango, les pieds pas si loin du bord de mer, les pins par-dessus la tête et quelques coups de soleil un peu brûlants sur les épaules.

Tout démarre sur « Deux Silences », rock funèbre à l’intention de son défunt frère. Titre aussi perturbant qu’émouvant où Charlie s’adresse à ce dernier avec le regret de n’avoir pu profiter davantage de moments avec lui : « Je maudis la mort, elle seule qui peut te voir grandir ».
Avec ses textes souvent noirs qui font sens en dévoilant ses histoires franches, avec sa narration souvent fluide, mais qui parfois arrête le temps, Charlie Tango impose son rythme. Fracassant.

« Demain J’irai » parle d’aller vers l’avant, de provoquer les choses, de les bousculer pour créer les occasions. Un moment entrainant sur ce titre porté par l’accompagnement au violon et à la batterie comme par l’optimisme.

« Adieu Paris » jouera alors ses notes plus sombres, où le clavier s’emballera tardivement pour un électro pop invitant quelques notes folk. Textes amers et rythmes en accélération, on saluera l’interprétation en direction de cette chute, vertigineuse. « Mais moi je tombe et tu t’en moques », on n’aurait pas trouvé mieux pour en parler.

Courte ballade folk intimiste, Charlie Tango conseille à sa « Rosa » de se méfier des apparences et des promesses des honnêtes gens, avant de faire un « Carnage » en duo avec Buridane, chanson à la dure, sublimée par l’accord trouvé entre deux voix douces porteuses d’un texte aux ecchymoses apparentes. Ça s’électrise, ça s’excite au chant, la batterie s’emballe, les cordes du violon s’énervent pour un final en plein néant. Nous voilà perdus en plein no man’s land.

crédit : Nicolas Dormont
crédit : Nicolas Dormont

« 07h30 » vient nous sortir de cette dévastation soudaine. Nous laisse sur quelques notes de guitares discrètes, un chant intime et obscur, murmuré presque. À la saveur rock s’ouvre la sensibilité folk. Conclusion déracinante d’une écoute prenante.

Sur son second EP, Charlie Tango dévoile enfin son talent, qui telle la jeune pousse aura pris le temps de germer pour révéler ses premiers fruits à maturité. Un bel exemple de persévérance, et un bel espoir pour la chanson française attachée à ses beaux textes.

« Deux Silences » de Charlie Tango sortira le 4 décembre prochain à l’occasion d’une soirée de lancement à Lyon.

charlietango.fr
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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques