Rencontre avec Amnésie

Voici la première interview d’une série consacrée aux quatre artistes que sont Amnésie, Gratuit, EDH et Ricky Hollywood et qui participeront au concert événement d’Ego Twister le vendredi 29 mars au Chabada à Angers.
Fort de la sortie de son premier album l’automne dernier, Amnésie vient avec « Le Trou Noir » prêcher sa vision de la musique électronique et l’histoire de la techno à grand renfort de synthés vintages. Nous allons découvrir au sein de cet entretien un artiste à la fois engagé et esthète, mais surtout quelqu’un de passionnant et d’entier.
Rencontre avec Amnésie, figure emblématique du label Ego Twister.

Amnésie

  • Salut Wilfried ! Peux-tu nous parler de ton projet Amnésie ?

Amnésie, c’est mon projet solo que je mène depuis près de 10 ans, depuis que j’utilise des sons électroniques. J’ai commencé en faisant quelque chose d’assez dub anglais très froid, assez proche de Scorn en plus saturé avant de passer à du hip-hop core également très saturé, c’était à l’époque du Collectif 17 ans que j’avais montés avec des amis. Avec quelques copains on partait d’une démarche très punk au sein de laquelle on pouvait faire des choses musicalement très énervées comme beaucoup plus calmes.
C’est également à cette époque que j’ai rencontré Yan (Hart-Lemonnier, tête pensante d’Ego Twister)  qui a sorti mon premier EP sur mini CD-R et dont on avait fait environ 50 exemplaires, on avait fait pour l’occasion un emballage qu’il fallait d’arracher totalement pour pouvoir écouter le disque.
En fait Amnésie a beaucoup varié pendant ces dix années, il y avait des périodes durant lesquelles je ne faisais rien parce que j’avais d’autres projets, dès que ceux-ci étaient finis je ressortais le nom d’Amnésie des cartons pour nommer ces musiques électro et comme je le disais avant, c’était au départ très sombre, mais j’ai ensuite fais des choses plus légères ou joyeuses, ça variait en fonction de mes humeurs.

  • Tu as toujours été dans l’électronique ou tes autres projets étaient également très différents ?

J’ai commencé par la batterie quand j’avais 13 ans dans ma maison de quartier avant d’avoir plein de groupes au lycée parce que c’était plus facile pour draguer les filles. Comme je ne pouvais pas trop jouer de la batterie chez moi, j’ai vite dérivé vers la guitare et la basse sans jamais arrêter de jouer dans des groupes et c’est à partir de ce moment là que je me suis rendu compte que sur mon ordinateur, sur Windows 3.1, il y avait un truc sur lequel on pouvait enregistrer du son, le mettre à l’envers ou le ralentir. Je trouvais ça incroyable l’idée de pouvoir manipuler du son, ralentir du son par 2 changer complètement la matière sonore et je trouvais ça totalement génial. C’est à partir de là que je me suis mis aux musiques électroniques, j’ai revendu ma batterie et me suis acheté un sampleur Akai S2000. Je suis un peu geek et j’ai lu le manuel 4 fois, ça m’a appris comment marchait un synthétiseur, comment marchait un sampleur et suite à ça, j’ai commencé avec les sous que j’avais à m’acheter un peu de matos et à composer des trucs. Aujourd’hui j’en suis au point où j’ai plein de synthés chez moi, j’ai même un modulaire. Même si je continue à jouer de la guitare et de la batterie, j’ai été totalement mordu par le virus.

  • Ainsi une dizaine d’années après, ton premier album intitulé « Le Trou Noir » sort enfin, pourquoi autant de temps ?

Amnésie - Le Trou Noir

En fait, je ne m’en sentais pas capable. Pour moi ça veut dire se concentrer sur le même truc pendant un an minimum et je trouve ça un peu tendu. En plus, autant j’adore la scène et j’y prends énormément de plaisir, autant s’enfermer pour enregistrer dans mon home studio me satisfait très peu. C’est Yan qui m’a proposé de faire ce disque.

  • Ce premier album fait le choix de l’analogique, peux-tu m’expliquer cela ?

Comme je te l’ai dit, j’emmagasine du matériel électronique depuis une quinzaine d’années et j’avais commencé avec mes 2 premiers synthés analogiques, dont un Pulse de chez Waldorf, donc j’ai toujours été baigné là dedans. De plus, j’ai essayé auparavant de pousser le concept de musique faite par ordinateur dans ses retranchements en n’utilisant pas des logiciels tout faits, mais en créant moi même mes logiciels afin de pouvoir aller au bout de l’idée d’une musique qui ne peut être faite que par ordinateur. Au final je me suis rendu compte que les sons que j’utilisais le plus étaient des sons qui émulaient des synthés, donc autant continuer dans cette voie. Il me restait quelques synthés numériques, mais j’ai tout revendu parce que j’ai appris à aiguiser mon oreille, à mieux apprécier l’acoustique que procurent notamment de vrais synthés analogiques. C’est pourquoi j’ai fait le choix pour « Le Trou Noir » de n’utiliser aucun son numérique.

Cela a été compliqué par exemple pour la boîte à rythme analogique, car la mienne ne comporte que des sons de kick, snare et charley et réduit donc le champ de possibilités (dans un sens). Je cherchais à créer un son réellement organique pour ce disque, comme s’il avait été enregistré il y a 30 ans, créer une sorte d’intemporalité, revenir sur l’histoire de la musique électronique parce que j’étais un peu passé à côté l’époque. Sur l’album il y a une chanson qui s’appelle « En 1992 j’écoutais Nirvana » parce que justement en 92 j’écoutais Nirvana et non la techno émergente, j’avais des potes pour qui c’était le cas et je leur rétorquais que ce n’était pas de la musique.

Voilà, je découvre ça aujourd’hui et je trouve ça super intéressant parce que ces mecs ressortaient des synthés des années 70 et faisaient des trucs nouveaux avec, je voulais retrouver ce côté très primaire, c’est pour ça que les morceaux sont hyper simples, ce sont des chansons avant tout. Je voulais un son comme ça, très organique, comme un guitariste aime avoir un son de gratte qui a du corps.

  • Es-tu satisfait de cet album ?

Non, pas du tout. J’ai bossé dessus et je rebosse dessus pour cette date au Chabada. J’ai envie de présenter cet album différemment sur scène, comme j’habite à Angers et que cette salle n’est pas loin je pourrai déplacer mes gros synthés. Cela fait que je retravaille mes morceaux et je trouve plein de choses qui auraient dû être sur l’album, mais qui ne le sont pas

  • Mais je pense que c’est pareil pour tous ceux qui font un disque…

Mais je ne suis tout de même pas pleinement satisfait…

  • À propos du live justement, je t’ai vu avec pas mal de configurations scéniques différentes, laquelle choisiras-tu pour le 29 mars au Chabada ?

Soiree Ego Twister 29 mars

En fait, je m’étais dit que j’emmènerais tout mon home studio pour m’éclater à fond. Puis en fait j’me suis dit « houla j’vais peut-être pas tout emmener ». Voir Yan sur scène m’a donné envie pour l’occasion d’emmener des claviers, ce que je ne fais pas habituellement, car comme je chante en même temps et que je suis seul, c’est plus simple de jouer avec des séquences que sur un piano. Là pour le Chabada j’ai ma configuration habituelle à laquelle j’ajoute 2 synthés analogiques avec des claviers pour que sur certains passages je puisse faire monter un peu la sauce en direct. J’ai aussi trouvé un keytar du jeu vidéo « Rock Band » à 20€ sur Leboncoin. J’ai toujours peur que les gens se fassent chier quand je joue, moi en tout cas je me ferai pas chier.

  • Après cet album, as-tu d’autres projets ?

À très court terme, j’ai envie d’enregistrer genre 10 morceaux hyper simples sur une semaine ou deux avec deux boîtes à rythmes vintages, deux synthés, lancer tout ça et l’enregistrer en direct et demander à différentes personnes de chanter sur le résultat. J’aimerais faire ça au Printemps pour que ça soit prêt pour cet été.

À côté de ça je fais pas mal de trucs expérimentaux sans n’avoir jamais rien enregistré, car c’était réservé à du live, et ça me trotte dans la tête d’enfin enregistrer quelques titres comme ceux-ci.

  • Tout ça sous le nom d’Amnésie ?

Non, non, les trucs expérimentaux sous mon nom Wilfried Thierry, le nom de l’autre projet on verra pour un nouveau nom…

  • Je t’ai vu pas mal sur scène et je sais que cela te colle à la peau…

J’aime entendre ma musique assez forte et chez moi ce n’est pas possible, j’aime voir comment les gens réagissent et j’aime m’amuser, ne jamais faire deux fois la même chose et c’est assez casse-gueule. Des fois je me plante, car je me perds dans mes idées et des fois ça marche.

Une fois, lors d’une date à Strasbourg, il y avait tellement peu d’ambiance qu’au bout d’un moment j’ai laissé une piste tourner, j’en ai profité pour aller aux toilettes, me laver les mains, en sortant des toilettes au lieu de retourner sur scène je suis allé au milieu des gens, je leur fais « c’est bien hein ? C’est un peu chiant quand même ? ». Des fois, voilà, je fais des petits coucous au public et des fois c’est l’inverse je suis totalement tétanisé, car je suis de nature un peu timide malgré ma grande gueule. C’est un peu à double tranchant. C’est pour ça j’aime que si quelqu’un est amené à me voir plusieurs fois sur scène, il ne ressorte pas en disant « il nous fait encore les mêmes blagues… ».

Amnésie

  • Il y a donc quelque chose de purement rock’n’roll dans tes concerts ?

Je sais pas faire danser les gens, j’aime couper mes morceaux au milieu. Sur les séquenceurs y’a un gros bouton STOP et il est toujours hyper tentant d’appuyer dessus. J’adore appuyer sur STOP comme un bourrin. Sur la Party Ruiners 4 (compilation d’Ego Twister), il y a ce morceau « Us » que je coupe net, ça me fait toujours rire de surprendre les gens. Des fois il y a des gens qui dansent.

  • Tu distingues grosse scène et petite scène ?

Ce n’est pas du tout la même chose. Devant beaucoup de gens, c’est dur de créer un lien avec eux. J’aime me promener parmi les gens, et c’est plus compliqué avec une scène surélevée. Il m’est déjà arrivé de me casser la gueule devant des gens, une fois notamment sur des cubes lumineux au Barduf.

Une fois Arno Gonzales (DJ angevin) m’avait invité à jouer à une de ses soirées à minuit sur la grosse scène du Chabada. Il y a genre 600 personnes qui rentrent d’un coup et qui veulent danser, tu as soudain l’impression de devenir une machine et sur le coup, c’est hyper galvanisant, car tu as un sentiment de pouvoir énorme, mais en même temps tu as l’impression que tu aurais pu juste mettre du « boom boom » et ils auraient été contents, car c’est tout ce qu’ils voulaient. Il y a un sentiment de consommation qui ne me plaît pas du tout, même si ça reste une super expérience.

J’aime les petites scènes quand il y a un peu de monde, malheureusement ça m’est arrivé quelques fois de ne jouer devant personne.

Mon meilleur souvenir de concert était au Fouloir à Nantes (désormais fermé), c’était archi blindé, il y avait genre 400 personnes, mais j’étais à 3 pas des gens depuis la scène.

  • Passons à l’album, tes textes sont-ils importants ?

J’en sais rien, je chante comme une merde, mais j’ai besoin d’un microphone, je pense, pour créer le contact aussi avec des gens. Par rapport aux paroles je ne sais pas trop, j’ai envie de parler de trucs intimes, mais je n’ai surtout pas envie que les gens comprennent de quoi je parle. C’est toujours très décalé et au 18e degré de lecture que se cache le message du morceau. J’ai besoin pour que je les chante qu’il y ait un vrai message derrière, hyper intime, hyper honnête, mais je n’ai pas envie que les gens comprennent.

  • C’est de la timidité ?

Je n’ai pas envie de dévoiler ça. Je suis passé par les beaux-arts et il y a un courant pour lequel plus tu dévoiles ton intimité, plus c’est vendeur. Moi ça me fait plus penser à TF1 qu’à de l’art contemporain. Je préfère que ça soit codé. J’ai écrit un petit texte sur mon blog (amnesietheband.tumblr.com/post/41186486366/explication-de-texte) pour expliquer ces paroles en gros. Je ne veux pas jouer l’artiste écorché et en faire un objet marketing.

Les paroles de l’album sont très politiques. Il arrive une époque, le 21e siècle qui est la fin des utopies, une succession de crises, le capitalisme qui ne marche pas. Ils sont conscients qu’ils vivent dans un système qui ne marche pas et qui n’a pas d’alternatives, c’est ça le trou noir. Il y a un morceau qui parle des émeutes en banlieues avec des gens qui au lieu de se révolter à Neuilly préfèrent brûler leurs propres écoles des quartiers populaires, une sorte de société qui se suicide. Le morceau « Black Hole » parle de toute une génération qui est à fond dans la drogue, l’alcool pour mieux oublier, c’est un exutoire.

« Maximum Zizi » ironise sur la puissance et la suprématie du masculinisme et toutes ces conneries. « C’est la Crise » pousse à l’absurde le fait que justement on nous rabâche sans arrêt que c’est la crise, d’ailleurs avec le clip j’illustre ça.

  • À ce propos tu comptes faire un nouveau clip ?

J’avais commencé à faire un clip sur « Maximum Zizi », mais tout seul ce n’était pas pratique. Cependant j’ai des idées pour d’autres titres…

  • As-tu peur d’oublier ? Je fais référence à Amnésie et le Trou Noir…

En fait c’est un fait, j’ai un énorme problème au niveau de ma mémoire. Je peux super bien me souvenir du nom d’un auteur japonais de la nouvelle vague qui a fait des films de 1967 à 1972, mais à côté de ça j’ai beaucoup de mal à me souvenir de ma propre vie. J’ai très peu de souvenirs d’enfance et je me rends compte que les souvenirs de ma propre vie s’effacent assez vite.

Le nom Amnésie n’a rien à voir avec ça, je ne sais pas d’où il est sorti et il est nul, mais je l’ai gardé depuis le temps. En même temps j’m’en fous.

  • Tu as été amené à voir la ville et la scène d’Angers évoluer…

Il y a un énorme problème à Angers, après c’est une question de choix politiques. Je pense qu’Angers fait depuis pas mal d’années de grosses erreurs en choix de politiques culturelles. Il y a un très pauvre soutien à la création. À côté de ça c’est une ville qui fait énormément de socio-culturel, ce qui est bien, mais ils oublient pour cela de s’appuyer sur des artistes. Angers est en train d’embaumer complètement la création, tout ce qu’il y a d’un petit peu déviant, la ville d’Angers décide pour des raisons électoralistes de les écarter. Au CNDC (Centre National de Danse Contemporaine), il y avait une direction très aventureuse qui proposait donc de la danse contemporaine et qui peut ainsi désarçonner. La direction a récemment changé et il a été nommé à la tête du CNDC quelqu’un qui promeut du patrimoine, choix étrange pour un centre de danse contemporaine, non ?

Cet exemple est totalement à l’image d’Angers. Angers va finir par ressembler à son château, c’est-à-dire que c’est très joli, mais ce sont de vieilles pierres. C’est ce que je reproche à Angers.

À Angers il manque clairement une salle intermédiaire entre le Chabada et les cafés-concerts. Ce type de salle est un tremplin essentiel pour les groupes locaux.

Les Angevins se foutent de la gueule de la ville du Mans alors qu’elle est mieux développée à ce niveau-là (avec par exemple Teriaki, l’Excelsior…). Il y a là bas comme à Nantes une politique mise en place pour soutenir les associations qui se battent pour la création.
Alors évidemment tout le monde dit que Nantes c’est plus gros, mais il suffit de regarder Le Mans pour se rendre compte qu’il est possible de promouvoir la création et parfois la création expérimentale dans des villes plus petites. La taille n’est pas une excuse n’est pas valable.

Pourtant Angers est une ville que j’aime, mais elle s’encroûte. Dès qu’il y a des initiatives, t’as l’impression qu’elles sont essuyées par des rivalités.

Il manque également des médias locaux influents, car ceux déjà présents sont totalement en manque de personnalité et sont à l’image d’Angers, un espèce de fourre-tout trop consensuel. Il n’y a pas d’identité artistique forte.
Pour moi en gestion culturelle on ne peut pas faire du marketing, il faut une conviction forte et visionnaire artistiquement parlant.

  • Parlons de la pochette de ton album « Le Trou Noir », est-ce toi qui l’as réalisée ?

Amnésie - Le Trou Noir LP

La pochette a été réalisée par LL Cool Jo, c’est un dessinateur que j’aime beaucoup et aussi un ami. C’est quelqu’un d’un peu nihiliste et qui a un regard assez sombre qui colle assez bien au pessimisme du trou noir. Je lui ai laissé carte blanche et je suis hyper content du résultat d’un point de vue esthétique, elle parle bien de ce qu’il y a sur le disque à contrario de disques que je vois parfois qui ont une super belle pochette, mais qui ne correspond pas au contenu musical.
Sinon les visuels ne m’intéressent pas. Il en faut un sur disque par contre. J’ai pas le temps de m’intéresser à l’aspect visuel. C’est aussi une question marketing et je n’en ai rien à foutre.

  • Pourtant tu as fait des clips ?

Oui, mais tu vois le clip de « J’ai tué mon chat » c’était plus pour le fait de le jouer en live à trois et se foutre de la gueule des groupes de rock qui jouent en playback. « C’est la crise » c’était pour rendre le message encore plus clair et s’amuser un peu aussi.

Après la vidéo c’est mon métier aussi, donc je n’y suis pas complètement insensible non plus.

  • Quel est ton regard par rapport à Ego Twister ?

J’ai rencontré Yan car il tournait autour de Collectif 17 ans, il regardait ça de loin et je pense qu’il appréciait notre démarche de trublions locaux qui cherchaient à promouvoir l’électronique d’une autre manière. Il est venu à notre rencontre et nous a parlé de son label. Je trouvais ça énorme qu’un mec fasse ça. J’ai vite appris à le connaître et nous sommes devenus très amis. Il a sorti mon premier Ep sous le nom d’Amnésie chez Ego Twister.

J’adore sa démarche qui est dangereuse, car hyper pointue. C’est à la fois un label pointu, mais en même temps très prout prout. C’est même pas vraiment pointu, je pense qu’il manque juste aux gens un peu d’avoir écouté François de Roubaix ou encore Jean-Jacques Perrey. Ils sont tristement méconnus.

Yan bosse à fond pour un truc qui ne lui fait pas gagner de pognon et je suis absolument admiratif de ça.

  • Pour finir, quel est ton dessert préféré ?

Une tartine de Nutella.

ikkini.net
facebook.com/amnesie.egotwister
egotwisterrecords.bandcamp.com/album/le-trou-noir-vinyl-lp
egotwister.com
soundcloud.com/amnesie1

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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique