Dans l’antichambre de l’anti-folk avec Turner Cody

Musicien New-yorkais ayant beaucoup joué de notre coté du globe, vous avez sans nulle doute déjà croisé, entendu, ou entendu parler de Turner Cody.
Turner est extrêmement prolifique, dans un registre Folk ou Anti-Folk, si on se réfère à la manière dont il s’est fait connaître. C’était en 2002 sur la compilation Anti Folk Vol 1 aux cotés des Moldy Peaches ou de Jeffrey Lewis.
Une nouvelle Old-Folk. Oui, en fait, c’est comme ça que je perçois la musique de Turner Cody. Quand je l’écoute, je sombre dans une nostalgie Dylannienne. L’écouter jouer, l’écouter me raconter des histoires, c’est un de mes petits plaisirs. Connu pour avoir fait les premières parties d’Herman Düne ou encore d’Adam Green, il signe l’année dernière Gangbusters : un album riche ou l’on y entend parler d’Amour.
Sa chanson Corner Of My Room avait d’ailleurs été choisie par Jacques Audiard afin d’illustrer une des scènes de son dernier film, primé à Cannes, Un Prophète.
Rencontre avec ce musicien dont vous n’allez plus pouvoir vous passer.

  • Hey Turner Cody, alors comment se passe ta vie à New York ? As tu déjà considéré la possibilité de déménager en Europe ?

J’ai plutôt une vie sympa ici, à New York. Je vie entre Brooklyn et le Queens avec ma femme Madeline. En ce moment, je travaille en tant que livreur de pizza dans Williamsburg, un quartier de Brooklyn. Des fois, je pense à comment serait ma vie si j’habitais a Paris. Mais mon français est vraiment horrible. Et puis, pour moi, Berlin, c’est vraiment similaire à Brooklyn, alors tant qu’a faire, autant rester ici . Je pense que pour le meilleur ou pour le pire, je suis et resterai New-Yorkais.

  • Est-ce que jouer dans toute l’Europe est différent de jouer en France. Je suppose que tu aimes les deux, mais c’est quoi la grosse différence ?

Selon ma propre expérience, chaque pays d’Europe a ses propres caractéristiques. En Belgique, les toilettes des hommes et des femmes sont trop proches les unes des autres. En Allemagne pour le petit déjeuner, ils mangent des hot-dogs et des concombres. J’adore la France, surtout Paris, en fait . Je me sens moyennement à l’aise à Marseille. Ceci dit, de tous les endroits où j’ai été : le plus étrange reste Innsbruck, une ville en Autriche .

  • Tu écris beaucoup, 12 LP en 10 ans, c’est assez exceptionnel ! T’arrive-t-il d’écrire des chansons sans les enregistrer, des chansons que tu gardes pour toi ?

A l’heure d’aujourd’hui, j’ai a peu près cinquantes chansons que j’ai encore à enregistrer. J’espère pouvoir le faire d’ici la fin de ma vie .

  • Écris-tu tes chansons pour les jouer en live ? Dirais-tu que tu es plutôt un musicien de scène ou un musicien d’album ?

Je pense que pour qu’une chanson soit bonne, elle doit aussi bien marcher en live que sur un enregistrement. Je suppose que je suis un peu des deux au fond.

  • Es tu né dans un environnement musical ? Est-ce que la musique que tes parents écoutaient fait aussi partie de tes influences ?

En fait, non. Mes parents n’ont jamais été particulièrement intéressés par la musique. Je me suis fais ma propre éducation de ce coté-la. Je pense vraiment que c’est une bonne chose. J’ai été capable, par exemple, de découvrir Bob Dylan par moi-même. Personne ne me l’a donné et dit « tiens, écoute ça, c’est bien ».

  • En tant que New-Yorkais as-tu un conseil voyage ? Quel genre d’endroit nous conseillerais-tu pour entendre de la bonne musique en live ?

Je ne vais pas à autant de concerts que ce que je devrais. En revanche, je conseillerais à tout fan de musique de regarder ce que Todd P propose. The Silent Barn est aussi un endroit sympa.

  • Tu blogues, mets des chansons sur Bandcamp, alimentes Youtube de vidéos, tu twittes et tu es aussi sur Facebook ; considères-tu l’Internet moteur de notre industrie musicale actuelle ainsi que de ta musique ?

Je ne blogue pas réellement, enfin je suppose que twitter c’est un peu comme un blog. Je pense vraiment que l’Internet est vital selon ma vision du développement artistique. Mes compétences informatiques sont moindres ceci dit. Ce que je fais se résume à regarder des choses à mon propos ainsi qu’à lire le New York Times.

  • La plupart du temps, tu joues en solo, mais tu aimes aussi t’entourer d’autres musicien ; Herman Düne a, par exemple, participé à Gangbusters. Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez-vous finis par travailler ensemble ?

J’ai rencontré Herman Düne en 2002 quand ils sont venus à New-York et qu’ils sont restés là où j’habitais. A l’époque, j’ai fait leur première partie et puis j’ai joué de la basse sur trois de leurs tournées. Ils ont aussi joué sur quatre de mes albums. Ils m’ont sauvé la vie. Je les adore .

  • Sur l’ensemble de ton travail, as-tu une chanson que tu aimes plus que les autres ?

Je pense qu’ « Au Revoir » est l’une de mes meilleures chansons, au moins en ce qui concerne les paroles.

  • Quel sont tes projets pour le week-end ? Et pour les mois et les années à venir ?

Pour le week-end ? Je dois travailler tout le week-end, je pense aussi boire quelques bières. Et puis pour le futur ? Bien, je suis en train de réfléchir à un nouvel album. Bien-sûr, je veux revenir en Europe et jouer un peu partout, faire de la musique, de l’art, des films … et puis devenir TRÈS TRÈS connu. Enfin je dois dire que les chances que ça se passe ainsi ne semblent pas énormes.

  • Merci de ton temps Turner. Bonne continuation ici et là-bas .
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Léa Tropini

Chroniqueuse basée sur la West Coast californienne ! En direct de San Francisco !