[Focus] Crossroads Festival 2021

Jour 4 : vendredi 10 septembre 2021

Membre du collectif Bruit Blanc qui redessine le paysage musical de Lille et ses alentours, Ninon est une jeune femme qui emprunte autant au rap qu’à la trap ou à la chanson française pour déployer un univers bien à elle fait de mélancolie, de bords de mer, de ciels gris et de fuites en avant. Mais au-delà des mots et d’un prénom, Ninon laisse apparaître une vraie personnalité singulière qu’on a hâte de voir s’exprimer sur scène.

Difficile de ne pas penser à James Blake quand on écoute un titre comme « Acide » de Nerlov. Ça tombe bien, il revendique Blake comme une des influences. Tenant d’un courant spleen wave à la française, Florent Vincelot nous partage son univers entre ironie, cynisme, mélancolie voire désespoir. C’est frontal, sans fard mais non moins magnifique et fascinant.

Ces trois-là ne sont pas nés de la dernière pluie et on déjà œuvré dans des formations connues et reconnues du nord de la France. Temps Calme a sorti son premier album « Circuit » en plein reconfinement et il n’est rien de dire que l’on attend avec impatience ce Crossroads Festival pour découvrir leurs morceaux en live. On pense forcément à Tame Impala pour le côté psychédélique des compositions ou Explosions In The Sky pour la dimension post-rock. Ce serait pourtant beaucoup trop réducteur de limiter Temps Calme à de telles références tant le travail créatif sur « Circuit » est impressionnant. On nous invite certes à démarrer un voyage par temps calme, mais celui-ci s’avère ensuite tour à tour mouvementé, surprenant, déroutant, inquiétant, exaltant. Autant de sensations qu’on espère vivre en plus grand à la salle Watremez.

Louis Jucker nous vient de La Chaux-de-Fonds en Suisse. On l’imagine volontiers bricoler ses morceaux lo-fi chez lui au coin du feu ou sur le pas de sa porte. Les arrangements simples et dépouillés de son dernier album « Something Went Wrong » sorti fin 2020 sonnent juste et beau, et dans la voix de Louis Jucker, on retrouve un peu de la beauté fragile de celle de Nicolas Leroux.

Allez savoir pourquoi, quand on a découvert la prog du Crossroads, on a failli confondre Junon et Ninon. Rien à voir pourtant, puisque Ninon est à une nouvelle forme de chanson à texte ce que Junon est à un nouvel élan post-hardcore (du post post-hardcore ?). Fondé sur les ruines de General Lee, le groupe lillois propose en effet un post-hardcore particulièrement travaillé que ce soit dans les chants et les textes.

Thérèse sera sans doute l’une des sensations fortes de ce Crossroads Festival 2021. Attendue de pied ferme à Roubaix et précédée d’une hype vertueuse autour de son projet, la jeune femme accompagnée du producteur Adam Carpels (lui aussi passé par le Crossroads l’an dernier) viendra nous présenter son EP « Rêvalité » qui repousse la pop aux confins de tous les genres, s’attaque à de nombreux clichés et dérives de notre société tout en restant personnel et intime. À ne surtout pas manquer !

C’est à Gargäntua que reviendra le privilège et la lourde responsabilité de conclure ce Crossroads Festival 2021 à la salle Watremez. Les deux compères J4n D4rk (chant) et God3froy (machines) évoluent dans un style entre drum & bass et electro avec une touche de black metal. Nul doute que leur univers ne laissera aucun festivalier indifférent et que chacun quittera les lieux avec quelque chose de gargäntuesque en soi.


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures