[Live] Beauregard 2022

Jour 2 : vendredi 8 juillet

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Un gagnant du tremplin John’s Session peut en cacher une autre. À l’ombre de la scène « John » à 16h40, Annabella Hawk nous raconte sa life sans tics sur des morceaux tantôt nostalgiques, tantôt cinétiques, tantôt kinétiques. Elle prend toute la place sur cette grande scène pour nous emmener dans son monde qu’elle vit et travaille avec ses deux acolytes depuis de nombreux mois. Heureuse de pouvoir enfin le partager au plus grand nombre après ces deux années maudites de restrictions musicales, Annabella charme et s’arme d’un répertoire assis et acidulé qui lorgne du côté de Katy Perry. Elle nous invite dans son monde qui n’en fait pas tout un monde. À bras ouverts, elle nous présente le fruit d’un long travail qui en portera. C’est tout ce qu’on nous souhaite.

La poésie musicale est aussi la grande invitée de John. Aime Simone plante son décor à 17h20 sur la scène « Beauregard », illuminé par un soleil qui n’est pas en sommeil. Précis sans être précieux, son univers touchant atteint tous les rangs massés devant la scène pour accueillir et acclamer un artiste qui prend des risques et revendique ses partis pris. Et on se retrouve épris de sa voix sur des beats et des notes pop, trip hop, qui prennent aux tripes. Des chansons androgynes, comme son look, en noir et blanc, qui nous donnent des couleurs. On aime et Aime Simone porte bien son nom.

On se ménagera avec Dinos et Vianney pour se concentrer tout d’abord sur Frank Carter & The Rattlesnakes. Séduit par son échange posé et sincère durant sa conférence de presse dans l’enceinte du festival, Frank Carter et sa clique surprennent sur la scène « Beauregard » à 19h15. C’est sans hésiter le premier vrai tsunami du festival, avec une musique aussi contrôlée que son attitude est incontrôlable. Frank Carter donne tout et veut tout donner. Jusqu’à porter son incroyable énergie presque inconsciente en plantant de nombreuses fois sa scène et son micro en plein milieu du public. Le groupe brasse toute la poussière du domaine, jusqu’à fendre la foule pour pouvoir courir et emmener dans le domaine et dans son sillon de nouveaux fans conquis. Brut de pommes normandes, le show survolté des Anglais ferait passer « Anarchy in the U.K. » pour une chanson d’enfants de chœur. Qui, galanterie oblige, ordonnera même que le temps d’un morceau la gent féminine puisse pogoter sans retenue au cœur de la foule sans être importunée. La classe qui veille aux crasses ! Le multi tatoué Carter aura su jeter l’huile sur le feu pour un concert mémorable.

À 20h20 sur la scène « John », Rival Sons plante son drapeau ricain pour un show revival. Retour en arrière musical, le groupe méconnu en France aime à nous rappeler les heures de gloire californiennes des années 70. On est dans le vintage de la tête aux pieds. Avec des mélodies rock et glam qui sonnent familières sans vraiment convaincre ou enthousiasmer. On saluera l’efficience et l’efficacité vocale de Jay Buchanan en l’espérant plus inspiré avec son groupe dans le futur pour une musique plus marquée et identifiable.

La foule fait le planton depuis des heures pour pouvoir voir au plus près le phénomène Gallagher. Liam Gallagher est prévu sur la scène « Beauregard » à 23h40 et arrive avec un peu de retard. Le festival qui avait toujours vu ses artistes monter sur scène à l’heure pétante ne s’attendait pas à le voir péter une série de câbles. Une des têtes d’affiche certainement la plus attendue, avec des festivaliers venant parfois de très loin, voire de l’étranger, fera de nouveau son bad boy (et dire que nous avions déjà été témoins de son clash à Paris avec son frère. Une loi des séries ?). Toujours est-il que Gallagher va transformer son nom en galère auprès de ses musiciens, techniciens et du public bouches bées (mais hurlantes) devant aussi peu de considération. Les rares morceaux joués sans encombre sont un vrai bonheur rapidement terni par l’invocation de problèmes techniques empêchant de mener le concert à bien. Le technicien des retours tenu par l’oreille et son groupe le nez dans ses pompes, le concert se termine brutalement au bout de 15 minutes devant la consternation générale. Mais qu’est-ce que t’as bu doudou, dis donc ? Feu Oasis et son meneur « prodige » n’en aura une nouvelle fois fait qu’à sa tête. De nœuds ! Pour se consoler, les festivaliers qui n’auront pas déserté le domaine (et dont nous n’aurons pas fait partie afin de pouvoir affronter le marathon musical du lendemain) trouveront refuge auprès des beats de Jungle et Kas:st jusqu’au presque bout de la nuit.

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans