[Sorties] 5 soirées et festivals immanquables en septembre 2022

C’est la rentrée des classes, la rédaction indiemusic a soigneusement rempli ses cahiers de vacances. Elle est prête à repartir de plus belle, à l’assaut du monde de la musique indépendante, à commencer par repérer chaque mois, des lieux, des festivals, des structures, qui font vivre avec passion la musique live contre vents et marées. Et pour le coup, ce mois de septembre est une parfaite illustration du dynamisme et de la résilience de ce microcosme, parfois bien invisible face aux énormes machines à concert. La meilleure manière de les soutenir étant bien évidemment de garder intacte cette curiosité pour la singularité, cet appétit pour la découverte et l’émergence, ce goût pour la surprise et l’étonnement.

La Tête de l’Artiste fête ses 5 ans

Mercredi 7 septembre à l’International (Paris)

On commence la sélection des sorties du mois par les copains. Yann Landry alias La Tête de l’Artiste, agence de relations presse musicales fête ses 5 ans d’activité à l’International le temps d’une soirée gratuite mettant à l’honneur certains des artistes qu’il a à cœur d’accompagner pour la sortie de leurs disques et actualités respectifs. Pour l’occasion, trois groupes (dont un secret) vont se relayer de 20h à 23h autour d’une programmation concentrée en adrénaline rock et bon point, la soirée ne te coûtera rien à la billetterie (mais précisons quand même que le bar ne fait pas crédit). À l’affiche, il y aura les Montpelliérains de Pipi Tornado à l’énergie punk baroque, très DIY, entre lyrisme ludique et frénésie décadente, qui présenteront ce soir-là leur premier EP sorti au printemps dernier. Les amateurs de chant tyrolien et de franche déconnade seront les premiers ravis. Le rock en français dans les textes, c’est à la fois le crédo et le créneau de Daniel Jea, guitariste sideman depuis près de 20 ans au service de La Grande Sophie, Buridane ou encore Saez. Son dernier album concept est un disque de lutte et de conviction et c’est donc avec ce même esprit contestataire qu’on ira le découvrir sur scène, clamer avec lui ses textes pleins de bons sens et de désobéissance. L’effet de surprise viendra sûrement du special guest, dont on ne peut rien vous dire pour le moment, sinon qu’il aime débouler à cent trente sur le périph, même sans autorisation. On vous laisse enquêter.



Coconut Music Festival

Du jeudi 8 au samedi 10 septembre à Saintes (17)

En cette rentrée, le Coconut Music Festival nous fait forcément de l’œil avec sa programmation d’abord très locale mais aussi en raison de ses connexions musicales entre de nombreux artistes cette année à l’affiche. Et aussi car il s’agira de l’ultime édition du festival charentais. Rien que la première soirée intitulée « Coconut All Star » le jeudi soir a tout d’un grand évènement, elle qui convie ces artistes qui parfois dès 2008, à l’instar de Kate Stables alias This is the Kit, ont cru l’aventure collective et passionnée d’une bande de copains emmenée par Amaury Ranger, programmateur du festival et membre historique de François and the Atlas Mountains – tête d’affiche de cette grande « réunion de famille ». On y croisera cette nuit-là neuf groupes et artistes dont les rockeurs saintais de Lysistrata, O – Olivier Marguerit, les projets solos des Atlas Mountains (Petit Fantôme, Babe et Jaune), mais également les pépites de la couronne britannique Rozi Plain et Barbarossa (dont on chérit tout particulièrement la discographie lumineuse et intimiste). Que du bon et de l’amour en somme, et pour 10 euros en prévente ou 12 euros sur place, c’est même donné ! Les autres soirées seront l’occasion de découvrir, entre autres le sensationnel performeur queer canadien Hubert Lenoir ou la nouvelle sensation dream pop Quasi Qui, réunion familiale entre Yehan Jehan et sa sœur Zadi, pas bien loin des constellation MGMT et Empire of the Sun.



Rock in the Barn #13

Vendredi 9 et samedi 10 septembre à Vexin-sur-Epte (Normandie)

L’an passé, on vous disait tout le bien de son édition « Hors les Murs ». Rock in the Barn est de retour pour une treizième édition à la ferme de Bionval, dans la campagne normande au cœur de Vexin-sur-Epte (à mi-parcours entre Paris et Rouen pour situer) et avec une programmation qui nous parle fortement tout comme son affiche d’inspiration gréco-romaine signée Jeanne Pâle. Sur place, trois scènes (cour, grange et prairie) et un mélange habile et parfaitement dosé d’artistes internationaux et de valeurs sûres indés françaises ne vont pas laisser de répit à la découverte rock, pop, folk et psyché tous azimuts côté public. À l’international, citons pêle-mêle la dark wave glaciale et urbaine de Lebanon Hanover, le rock militant et inclassable des Londoniennes de Goat Girl, la révélation germano-turque Derya Yıldırım qui, avec son Grup Şimşek, donne un nouveau souffle à la psych-pop anatolienne entre compositions originales et reprises de classiques turcs, le folk apaisant et enchanteur de la New-Yorkaise Cassandra Jenkins mais également le duo de Seattle, Acid Tongue, dont le dernier LP « Arboretum », est une formidable démonstration de rock psyché alternatif et surtout (ré)créatif. Du côté des Frenchies, beaucoup de figures connues de nos services, à commencer par Taxi Kebab, We Hate You Please Die, Lulu Van Trapp, Metro Verlaine, Mss Frnce, Entrée Libre et Dye Crap le vendredi et Komodrag & The Mounodor, Guadal Tejaz, Dead Myth, Scuffles ou encore Guts en DJ set le samedi. Encore un coup de maître des Normands !



Scopitone #20

Du mercredi 14 au samedi 17 septembre à Nantes (44)

On ne pouvait pas passer sous silence la tenue de la 20e édition du Festival Scopitone, qui revient à Stereolux mais également dans toute la ville de Nantes (notamment au Château des Ducs de Bretagne et sur les Bords de l’Erdre) à travers une programmation innovante et précurseur mêlant, comme à son habitude, cultures électroniques et arts numériques. Au cœur du cyclone, deux soirées, deux nuits électroniques vendredi 16 et samedi 17 septembre, mettant un point d’honneur à proposer une expérience totale à travers des performances audiovisuelles et sensorielles. Nul doute que redécouvrir la musique de Daniel Avery, d’Irène Drésel ou encore les créations live des Nantais d’ATOEM et Sébastien Guérive dans ces excellentes conditions sera une expérience marquante le premier soir. Tout comme on se délectera le samedi de découvrir (enfin) le live A/V de la Clermontoise Romane Santarelli, la collaboration inspirée entre le Nantais S8JFOU et le plasticien Simon Lazarus mais également la pop festive et solaire de Myd avec son live band. Et pour en prendre plein les mirettes, profitez également toute la semaine – forcément à la nuit tombée – des impressionnants dispositifs de mapping imaginés par Joanie Lemercier (« Constellations » à Stereolux) et Yann Nguema (sur la façade intérieure de la cour du Château des ducs de Bretagne).



Hop Pop Hop

Vendredi 16 et samedi 17 septembre à Orléans (45)

Le festival Hop Pop Hop symbolise comme peu d’autres l’univers des musiques indépendantes. Au cœur de sa programmation, des musiciens et musiciennes inspirés et créatifs mettent en œuvre des univers sonores singuliers, loin des carcans de la norme, de la tendance et du tout marketing. Pas vraiment de couleur musicale définie, au sens des grandes étiquettes habituelles, si ce n’est celle d’un ensemble d’artistes aux propositions esthétiques exigeantes et ambitieuses. En premier lieu, forcément, au regard de son fabuleux dernier album « Hello Future Me », la musicienne suisse Emilie Zoé sera très attendue sur la scène Évêché, aux côtés du batteur Fred Bürki. Elle n’a aujourd’hui que peu d’équivalents dans l’univers du rock indépendant, dans cette manière d’aspirer à un absolu rock électrique et libérateur à la pureté émotionnelle saisissante, véritable objet expressif captivant et envoûtant, capable des plus intenses envolées électriques comme des chuchotements les plus touchants. Dans un autre registre, les Belges de ECHT!, formation jazz à l’inspiration foisonnante fusionnant dans leur musique avec un feeling renversant esprit rythmique hip-hop, abstractions electronica, dérivations dub et envolées spatio-temporelles prog jazz. Il y aura aussi l’un des fers de lance du renouveau noise et post-hardcore français avec le trio W!ZARD, dont la réputation (et par conséquent la furia) scénique est en train de devenir des plus imposantes. Entre découvertes, sensations et références, Hop Pop Hop aura l’honneur d’accueillir également les mythiques Burning Heads, véritables légendes locales, monstres d’abnégation et de longévité punk rock, les Tourangeaux de Meule et leur krautrock cosmique, le rap engagé, féministe et déterminé d’Uzi Freyja, le post-punk fier, ombragé et cathartique des Américains de Protomartyr, la transe noise incantatoire sans frontière d’Avalanche Kaito, les hybridations électroniques de Coco Em… La meilleure option, bien sûr, reste de foncer tout de suite sur le site du festival pour s’imprégner complètement de la programmation dans sa globalité, et de réserver son week-end du 16 et 17 septembre, direction Orléans, embarquement dans l’Astrolabe.


Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques