Dans la musique, il y a ces artistes qui débarquent dans nos vies du jour au lendemain sans qu’on n’ait jamais entendu parler d’eux avant. L’histoire est tout autre pour la Bruxelloise Maria-Laetitia Mattern qui, après une première belle expérience de la scène avec son groupe Sonnfjord, se lance aujourd’hui en solo avec les initiales de son prénom composé en lettres capitales, l’envie et le talent pour porter à son tour tout en haut des charts francophones ses premiers titres. Avant sa participation aux iNOUïS du Printemps de Bourges où elle représentera la Belgique, ML s’est prise au jeu de nos questions multiples. Nous qui voulions tout savoir de ses rencontres inspirantes et créatives avec Ambroise Willaume (Sage) et Flore Benguigui (L’Impératrice) mais aussi de sa relation à la nuit (noire de préférence) comme à la synesthésie, Maria-Laetitia a su nourrir notre intérêt, déjà grand, pour son projet et notre hâte de la découvrir jeudi 21 avril sur la scène du 22 à Bourges. Rencontre avec l’une des prochaines figures pop incontournables de la scène franco-bruxelloise.
- Tu viens de sortir début février ton premier single « Nuit Noire » – on va y revenir bien sûr – mais ce n’est pas ton tout premier projet. Pourrait-on revenir un bref instant sur l’aventure de ton précédent projet Sonnfjord. Un trio indie pop que tu as formé jusqu’en 2019 avec ton frère Aurelio et François de Moffarts. Quelle expérience de la scène, de la composition et de l’écriture t’a apportée cette première aventure en formation groupe ?
L’expérience Sonnfjord m’a énormément apportée : sur le plan humain, personnel, musical, mais aussi au niveau de mon aisance dans le milieu musical. J’ai commencé la musique assez jeune, mes premières compos datent de quand j’avais 16, 17 ans (si on oublie les premières chansonnettes de mes 12 ans haha). J’ai ensuite suivi des études de communication et journalisme. L’ancêtre de Sonnfjord (même groupe, autre nom) est né vers la fin de mes études, et puis j’ai décidé d’y consacrer plus de temps une fois mon diplôme en poche – tout en bossant à côté comme freelance, ce que je fais toujours aujourd’hui.
Bref, l’histoire de Sonnfjord a en fait commencé très tôt, avec un changement de nom en cours de route, dans un style assez folk au début, pour devenir plus pop/rock par la suite. Le fonctionnement était toujours le même : j’écris des chansons en guitare/voix, qu’Aurelio (mon frère – qui a aussi son projet solo « Aurel ») et François (un ami) arrangent, emmènent ailleurs. À trois, on formait le noyau dur du projet, dont j’étais la leadeuse. Sur scène, on était 5, donc un vrai band.
Ce parcours appris, entre autres, à gérer un projet, avec tous ses paramètres : la com’, les réseaux sociaux, gérer les musiciens, les deadlines, se fixer des objectifs, etc. Je gérais Sonnfjord comme ma mini-entreprise, j’y ai toujours mis énormément de cœur et d’énergie. Le projet Sonnfjord ne s’est jamais exporté, on est restés dans les frontières belges. Mais par contre chez nous, il a vraiment connu un beau rayonnement, on a eu un paquet de dates, entre autres à Dour, aux Francofolies de Spa, au Brussels Summer Festival, avec un vrai public qui nous suivait. Ça a été une expérience géniale, on s’est beaucoup amusé. On avait une super dynamique entre nous, on est d’ailleurs restés très potes.
Je pense que ce parcours en groupe a été indispensable pour moi, jamais je n’aurais pu m’imaginer me lancer en solo à 23 ans, je n’avais pas assez confiance en moi pour assumer ça. Aurelio et François ont été mes piliers et m’ont énormément appris et mis en confiance. Et même si ML est mon projet solo, ils ont beaucoup travaillé sur mes chansons. Je le défends en solo, mais la création de ces chansons a été un travail collectif, comme c’est souvent le cas en fait. J’ai tout écrit et composé en guitare-voix, mais ils sont co-compositeurs de toutes les chansons à venir, avec Ambroise Willaume. Aurelio et François ont toujours eu le truc pour donner la bonne première impulsion à mes morceaux guitare/voix, ils ont l’oreille et l’audace pour les emmener là où je ne l’imagine pas. Et puis Ambroise y a apporté beaucoup aussi (on y revient après).
- Est-ce qu’on pourrait d’ailleurs dire que « Desert Town » (2018) a constitué l’amorce vers ton projet solo, du moins, vers la francophonie dans le texte ?
C’est effectivement la première fois que j’écrivais en français (en partie), donc je comprends qu’on puisse le voir comme ça. Mais à ce moment-là, je n’imaginais pas que j’allais finir par chanter 100% en français et encore moins me lancer en solo. Pour moi, « Desert Town » était encore vraiment une chanson de l’histoire de Sonnfjord. L’amorce s’est faite plus tard, avec les titres qui vont sortir sur l’EP, en fait. Comme « Divagation », qui pour le coup est le premier titre que j’ai écrit entièrement en français. Il y avait eu d’autres essais-erreurs avant, j’écris beaucoup de choses que je ne garde pas.
- Cela fait désormais un peu plus d’un an que tu as annoncé en douceur tes débuts en solo derrière ton alias en initiales jusqu’à la sortie de ton premier single. Ce projet solo, de quelles envies, de quelles réflexions est-il né ?
C’est un peu étrange, j’ai l’impression que j’avais cette envie de projet solo au fond de moi depuis longtemps sans vraiment l’assumer. Et puis c’est un peu comme si mes chansons m’y avaient précédée. J’ai écrit la plupart des chansons d’ML en m’imaginant que ça allait être la suite logique de Sonnfjord. Mais tout en ayant envie d’aller dans une autre direction : le choix du français, une production différente (avec la patte d’Ambroise Willaume), d’autres idées d’esthétique …
Ce qui s’est passé, c’est qu’à un moment donné, j’avais ces nouvelles chansons entre les mains et je me suis dit : en fait il faut arrêter de se mentir, ce n’est plus du Sonnfjord. J’avais d’autres envies. Envie de défendre ça de manière plus personnelle. Vers la fin de Sonnfjord, ça se ressentait déjà, j’avais l’impression d’avoir le cul entre deux chaises, de n’être ni un groupe ni un projet solo. Que ce qui avait été un groupe devenait de plus en plus mon projet. Vu de l’extérieur, ça ressemble peut-être à un truc d’égo, j’en sais rien, mais je ne le voyais pas du tout comme ça. Pour moi, l’envie de se lancer en solo rimait avec l’envie d’être plus moi-même, plus authentique, plus alignée aux chansons que j’avais, aussi. Mon frère a été le premier à m’en parler, il m’a dit « Tu trouves pas ça bizarre de sortir ces chansons sous le nom Sonnfjord ? C’est tellement différent ». Tout ça a fini par faire tilt dans ma tête, et petit à petit, j’ai accepté l’idée que j’avais envie de me lancer en solo. Mais ça n’a pas été facile et ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Vis-à-vis d’Aurelio et François aussi, j’avais du mal à l’admettre, même s’ils ont été adorables et très compréhensifs face à ce besoin de changement. Mais la fin d’une aventure de groupe, ce n’est jamais évident, il faut dire au revoir à pas mal de choses, c’est très flippant aussi. Mais je ne regrette pas.
- Cette nouvelle aventure a aussi provoqué de nouvelles rencontres. Je pense forcément à Ambroise Willaume aka SAGE. Comment avez-vous collaboré ensemble pour créer l’univers de ML, pour marier ton sens mélodique et sensible de la chanson à une certaine efficacité, je dirais même immédiateté pop électronique ? Cette complémentarité des envies, elle a fonctionné immédiatement ou il y a une période, disons d’apprentissage entre vous deux ?
La rencontre avec Ambroise a été à la fois décisive et évidente. J’avais pas mal tergiversé pour trouver LE réal avec qui bosser ces chansons. Je savais ce que je voulais, mais sans trouver la personne qui aurait le bon son. Ambroise l’a vraiment eu. Je cherchais quelque chose de chaud, d’organique et moderne à la fois, c’est vraiment ce qui décrit son style musical.
Quand on est arrivés chez Ambroise avec Aurelio et François, on tournait un peu en rond avec les maquettes qu’on avait. Certaines chansons étaient en anglais, d’autres en français, ou les deux. Il a été celui qui m’a dit que le français fonctionnait super bien avec ma voix et que je devais me lancer là-dedans sans hésiter. Il a apporté une âme aux morceaux, a réussi à amener un regard neuf dont on avait besoin, à les rendre plus efficaces aussi.
On s’est directement très bien entendus, on a beaucoup rigolé pendant ces périodes de studio. J’ai aussi décidé de lui faire confiance à fond, et je ne regrette pas du tout. J’ai senti qu’il prenait le bon pli face aux morceaux. La moitié des sessions studio ont été faites avec Aurelio et François, l’autre moitié seule. Le plus marquant pour moi était l’enregistrement de ma voix, j’avais l’impression de ne m’être jamais entendue comme ça, il a réussi à me donner une nouvelle voix : en français, mais aussi plus chaude, plus intime et mature, moins enfantine que sur Sonnfjord.
Bref, cette période de studio, ce sont des souvenirs en or : c’était à la fois fun et productif, très smooth, simple. On était entre nous, on n’a demandé aucun avis extérieur pendant la conception de l’album. Et je trouvais ça un peu magique de voir mes petites chansons aboutir les unes après les autres à un résultat dont j’étais si satisfaite.
- Du côté des références, tu cites des figures anglo-saxonnes : Leonard Cohen comme un mentor d’abord, mais aussi Lana Del Rey, Patti Smith, Eels et Elliott Smith. Ce serait finalement plus les histoires, les récits amenés par ces songwriters qui guident ta propre écriture que leurs compositions ?
En fait, j’écoute tellement de musique qu’il est difficile pour moi de ne citer que quelques références. À ces noms, j’ajouterais Julia Jacklin, Maggie Rogers, Tame Impala, Metronomy… Sans aucun doute, les parcours des artistes ci-dessus m’ont interpellé. J’ai beaucoup lu sur la vie de Leonard Cohen, c’est un personnage qui m’a accompagné dans certaines périodes de ma vie. Ce qui me touche chez lui ; c’est sa sincérité, son authenticité, son intelligence juste et dénuée d’arrogance. Il est vraiment passionnant. Je me suis tellement plongée dans ses biographies à un moment de ma vie que j’ai presque l’impression de l’avoir connu personnellement, haha. Je ne parlais plus que de lui, je saoulais tout le monde je crois. Chez Lana Del Rey, c’est le sens des mélodies, la voix envoûtante, le côté femme forte et extrêmement fragile en même temps, très féminin, et puis toute l’esthétique californienne qui l’accompagne et qui me fascine. Elliott Smith, pour le côté mélancolique, authentique. Lire sur la vie des artistes m’inspire énormément. J’ai dévoré Just Kids de Patti Smith, mais aussi les bios de John Lennon, Joni Mitchell, Alain Bashung…
- Ton choix de partir vers le français, au-delà de la quête de sens et de la précision des mots, a-t-il été aussi influencé par des artistes francophones ?
Oui, un artiste francophone qui m’a marqué à ce moment de tournant est Peter Peter et son album « Noir Eden ». J’ai écouté ses tracks « Noir Eden » et « Bien réel » en boucle, j’adore son côté nostalgique et pop à la fois, et surtout son écriture aussi personnelle qu’imagée.
Je me le suis vraiment approprié. Il y a aussi Nicolas Michaux, un chanteur belge que j’adore. Sinon, sur la scène francophone, j’aime aussi Lomepal, Feu! Chatterton, Juliette Armanet, Pomme, Voyou, Pépite, l’Impératrice, Orelsan… Et Bashung, Christophe, dans les plus anciens. Mais j’ai toujours écouté – et encore aujourd’hui – 90% de chansons anglophones et mes références sont résolument anglo-saxonnes.
- On se l’était promis plus tôt, on va parler évidemment de « Nuit Noire », ton premier single accompagné d’un très beau clip réalisé par Raquel San Nicolas. « Nuit Noire », c’est un peu ta déclaration à l’inspiration nocturne, à travers les crises d’insomnies et autres pensées qui te travaillent le soir, c’est bien ça ? Comment la nuit joue-t-elle son rôle chez toi dans ton imaginaire créatif ? Est-ce qu’il y a une forme d’abandon, de lâcher-prise que tu ne parviens pas à saisir de jour ?
Oui, ta description de « Nuit Noire », c’est tout à fait ça. Et c’est vrai qu’il y a une forme d’abandon la nuit, de lâcher-prise. Je relie aussi la nuit à l’étrange, au mystérieux, à la magie. C’est la nuit qu’on se connecte à qui l’on est vraiment, une fois la lumière éteinte, on laisse tomber les masques. Mais la nuit nous confronte aussi à nos angoisses. J’ai tendance à être insomniaque, et mes insomnies peuvent être aussi belles et créatives que sombres et tristes. Je doute beaucoup de moi-même, et la nuit fait souvent revenir ces vieux démons. En psychologie, la nuit noire représente aussi une phase de passage, une crise qui permet de se rapprocher de son « vrai soi ». Je n’avais pas tout ça en tête en écrivant « Nuit Noire », c’était très instinctif, mais avec du recul, cette chanson parle de ça. J’y vois la nuit comme une forme de catharsis. On se confronte à soi, on tourne dans sa tête, et puis, boum : on sort, on exprime, on parle, on danse, on va « faire un tour, la nuit noire au secours ».
- Ta musique a ce côté très immédiat, frais et dansant. Est-ce que ce sera une constante sur ce prochain EP « Changé » ?
Le côté immédiat vient du fait que j’accorde beaucoup d’importance aux mélodies et à leur côté accrocheurs, aguicheurs pour l’oreille. J’aime les mélodies décalées, surprenantes. Les chansons dont je suis addict ont ce truc : quand une mélodie m’accroche, ça me fait vraiment un truc au cœur, je l’écoute en boucle, c’est comme si ça me soignait. Et on retrouve ça dans la pop, le rock, le rap, tout. J’ai ça par exemple dans « In The Closet » de Michael Jackson, où à 2 minutes 20, il chante « Oh, because there’s something about you, baby, That makes me want to give it to you ». Ou à 3 minutes 32 dans « Antichrist Television Blues » de Arcade Fire, quand les cœurs s’emballent, c’est magique, j’ai des frissons à chaque fois que j’écoute ce passage. Bref, j’ai des dizaines d’exemples comme ça, et c’est ce que j’essaye de faire en musique. Cette recherche mélodique, c’est ce qui m’amuse le plus dans la compo.
Après pour le côté immédiat et dansant, je pense que la prod joue beaucoup, elle a exacerbé le côté pop de mes morceaux. Mais par contre, ils ne sont pas tous dansants ou positifs ! Sur l’EP, il y a un titre complètement piano-voix, plus nostalgique. « Nuit Noire » est la plus dansante.
- Parlons un peu de ta relation à l’écriture : comment se raconter soi-même sans entrer pleinement dans l’intime ; c’est une réflexion à laquelle tu t’es confrontée en passant au français ?
Oui, absolument, ça n’a pas été évident. Au début, pour me cacher, j’alignais les métaphores. Mon frère, qui relisait mes textes le premier, me disait « On ne comprend rien à ce que tu veux dire là, il faut que tu fasses moins de métaphores ». J’ai alors doucement essayé d’écrire de manière plus directe, j’ai aussi dû trouver mon style à moi, même s’il va encore évoluer c’est sûr. Je sens que je n’en suis qu’aux prémices de l’écriture francophone, et c’est excitant d’imaginer que je pourrais vraiment aller plus loin là-dedans.
En tout cas, écrire en français, c’est un peu se foutre à poil, c’est vrai. J’ai parfois peur qu’on interprète des choses sur ma vie à partir de mes textes, qu’elles soient vraies ou fausses en fait. Et en même temps, c’est le jeu. Les gens peuvent imaginer ce qu’ils veulent, c’est aussi à ça que sert la musique, non ?
- Absolument ! Je n’ai pas encore eu la chance d’écouter les autres titres de ton EP, mais il est annoncé un duo avec Flore Benguigui de l’Impératrice sur le titre « Changé ». Tu nous parles de cette autre rencontre ?
J’ai rencontré Flore lors d’une soirée organisée à La Madeleine, à Bruxelles, avec une série de concerts, dont le but était de récolter des fonds pour la recherche contre le cancer. L’Impératrice jouait, Sonnfjord aussi. On a fait la fête après, on a sympathisé avec elle et Charles de l’Impératrice. On est restées en contact sur les réseaux sociaux après, on s’écrivait de temps en temps. J’adore cette fille, elle est super talentueuse, tout ce qu’elle fait, ça m’impressionne. Quand j’étais en studio et qu’on enregistrait « Changé », je me suis dit que j’imaginais bien un feat avec elle là-dessus. Je lui ai envoyé un message sur Insta, elle a accepté, et quelques semaines après elle venait au studio pour enregistrer sa voix. C’était très simple et relax. Sur la track, qui sort le 20 avril prochain, ça donne un truc super cool et chelou d’avoir sa voix qui se mêle à la mienne. Nos voix se ressemblent un peu, du coup ça donne un truc un peu schizophrène super intéressant, qui matche parfaitement avec le thème de la chanson, qui parle du changement, de la métamorphose.
- Il y a un autre titre dont le pitch m’intrigue tout particulièrement, « Un peu plus haut », où tu partages ta sensation de vivre dans un monde où tout serait faux, routine et hors de contrôle, à la manière du Truman Show voire d’une certaine façon d’Un jour sans fin. Quelle est l’histoire de ce morceau ? Je suis très curieux de savoir s’il est prévu un clip pour l’accompagner…
« Un peu plus haut » est ma préférée de l’EP, c’est une chanson qui signifie beaucoup pour moi. Parce qu’elle est très épurée (c’est un piano/voix, pratiquement sans autres arrangements), parce que je l’ai écrite en une soirée, de manière vraiment instinctive. J’avais l’impression que les phrases sortaient toutes seules, j’adore avoir ça, ce n’est pas toujours aussi simple haha. Cette chanson évoque pour moi le besoin de s’élever, d’aller voir au-dessus des considérations matérielles et superficielles qui nous entourent si souvent. Le combat que ça représente aussi, de chercher la vérité, de ne pas se laisser happer par les faussetés et les artifices qui nous entourent. Elle me fait penser à Truman dans le Truman Show, qui se démène pour trouver la vérité, sa vérité. Intimement, je crois que j’y raconte aussi un parcours personnel, une envie d’assumer ma propre vision de la vie, loin de ce que la société nous met comme décor, stéréotypes, manipulations. C’est une chanson claire obscure. Elle paraît très mélancolique et pourtant j’étais très heureuse quand je l’ai écrite. Elle sera accompagnée d’un clip intime et dépouillé, tout à fait raccord avec la chanson, j’ai très très hâte qu’il sorte. Le clip a été réalisé par Raquel San Nicolas, qui a également réalisé celui de « Nuit Noire ».
- Je tente une petite divagation en ayant cité deux films cultes pour moi. La musique au cinéma, c’est évidemment un incontournable, mais en écrivant tes titres et tes histoires, est-ce que tu te fais aussi un peu ton propre cinéma ? Est-ce qu’on ne deviendrait pas un peu le metteur en scène de notre propre imaginaire ? L’envie de passer derrière la caméra, c’est quelque chose auquel tu aspires à l’avenir ?
C’est vrai que sur certains titres, j’ai plein d’images qui me viennent en tête au moment de les écrire. Et quand elles sont arrangées/produites par la suite, c’est encore plus magique, j’ai souvent des scènes qui me viennent à l’esprit, elles deviennent cinématographiques. Je deviens peut-être la metteuse en scène de mon propre imaginaire à travers mes chansons, c’est vrai, c’est joliment dit. Et j’associe d’ailleurs mon EP à un décor, à des couleurs.
Après, je ne suis pas quelqu’un de très « visuelle » dans la vie. Je ne suis pas physionomiste, j’ai du mal à imaginer la réalisation d’un film ou d’un clip, par exemple. Je peux avoir plein d’idées abstraites sans aucune idée de comment les mettre en pratique, c’est vraiment un autre métier. Mais par contre, réaliser des clips aux côtés d’un réal, en collaboration, j’adorerais.
- Tu es Bruxelloise. Une origine géographique qui compte aujourd’hui quand on parle de la nouvelle scène pop francophone. C’est d’ailleurs à travers cette appellation « protégée » que tu vas te présenter cette année aux iNOUïS du Printemps de Bourges pour représenter la Belgique. Quelles sont tes attentes vis-à-vis du festival français et comment as-tu préparé ce concert, qui peut être déterminant pour la suite de ta carrière ?
En tant que Belge, participer aux iNOUïS représente vraiment beaucoup pour moi. C’est vraiment un honneur d’être la seule Belge à en être. Et puis, avec Sonnfjord, on n’avait jamais mis les pieds en France. Avec ce projet solo, je me suis accompagnée par une super team française (Allo Floride) et j’ai clairement l’intention de venir chez vous très souvent, haha. J’essaye de ne pas avoir trop d’attentes par rapport à ce festival en particulier, par contre. Parce que je me mets déjà bien assez la pression comme ça et que je pense que ça risque d’être contre-productif. Bien sûr, j’espère que ça amènera d’autres dates, que ça fera rayonner le projet, que ça lancera la machine. Je bosse beaucoup mon live en ce moment, on a une résidence prévue cette semaine, avec un coaching scénique, etc. J’essaye de me projeter au mieux, de taffer, de donner le meilleur de moi-même. Et après, inch’allah.
- Du côté du live, seras-tu seule sur scène avec des machines ou as-tu fait le choix d’une formule en groupe ?
On est trois sur scène : je suis accompagnée par un batteur et un bassiste/guitariste/claviériste. De mon côté, je joue aussi de la guitare et du piano pendant le set. J’ai opté pour une formule groupe qui transmet mieux le côté live et organique de mes chansons.
- Parmi les autres artistes iNOUïS à l’affiche cette année, as-tu déjà quelques affinités avec certains d’eux ?
Je n’en connais aucun personnellement, mais j’ai été checké quelques profils, j’ai écouté plusieurs projets, ça promet beaucoup de jolies choses. J’ai hâte de les rencontrer en vrai ! De manière générale, je trouve toujours cool de pouvoir partager avec d’autres artistes, issus de styles musicaux complètement différents. Je ne demande donc qu’à mieux les connaître.