[Interview] Mansfield.TYA

Le duo Mansfield.TYA, formé de Julia Lanoë (Rebeka Warrior dans Sexy Sushi) au chant et Carla Pallone au violon, nous enchante avec ses mélodies lancinantes et surannées. Pour la sortie de leur quatrième album, « Corpo Inferno », les deux complices reviennent sur leur parcours et leur esthétique contemplative.

crédit : Lucie Rimey Meille
crédit : Lucie Rimey Meille
  • J’aimerais que vous me parliez un peu des origines du projet Mansfield.TYA. Comment avez-vous commencé ?

Julia : Alors, on est un duo, basé violon et voix, et on présente au Printemps de Bourges notre dernier album, qui est le quatrième et qui s’appelle « Corpo Inferno ». Après, comment a démarré le projet, ça fait longtemps ; on ne s’en souvient plus (rires) !

Carla : Notre premier album s’appelait « June », en référence à June Mansfield (ex-femme d’Henry Miller), d’où vient notre nom. C’était un peu plus acoustique, toujours autour du violon et de la voix mais avec plus de guitare ; et puis, au fur et à mesure, on a amené plus d’instruments.

  • De manière générale, quelles sont vos inspirations artistiques, que ce soit pour l’écriture de cet album comme pour votre projet en général ?

Julia : C’est toujours très délicat de répondre à ça, parce qu’on a été façonnées par des années et des années de culture ; donc, du coup, tout ce qu’on regarde et qu’on voit nous inspire, mais c’est vrai qu’il y a quand même des choses qui, moi, me tiennent depuis longtemps. J’adore le travail de Gisèle Vienne, une plasticienne qui fait aussi du théâtre. Et puis, j’ai toujours aimé le cinéma de Pasolini et d’Audiard… J’aime aussi lire la vieille France, je suis très Maupassant et Victor Hugo.

Carla : Moi, c’est vrai que je n’arrive pas du tout à répondre à cette question, car je trouve que ça abîme un peu la poésie ; je n’ai pas envie de faire une filiation directe.

  • J’aurais voulu savoir d’où viennent ces figures qu’on retrouve sur la pochette de l’album et dans le clip de « La nuit tombe ».

Mansfield.TYA - Corpo Inferno

Julia : Alors, c’est Théo Mercier qui a fait la pochette de « Corpo Inferno ». C’est un plasticien, un ami aussi ; il a voulu nous mettre à côté de la déesse de la santé, sans doute pour nous porter chance. C’est aussi la déesse de l’hygiène, alors je pense qu’il voulait nous faire passer un message (rires) ! Il a aussi fait la pochette du prochain album, « La main gauche » (NDLR : album de remixes avec notamment Rone et Flavien Berger, sorti le 29 avril dernier). On a eu cette chance de pouvoir travailler avec des artistes au niveau visuel parce que ça a toujours été important pour nous, que ce soit pour les clips ou pour les pochettes. On avait vraiment envie de rester sur le monochrome. Théo est venu au studio, s’est imprégné de la musique ; c’était vraiment riche qu’il vienne proposer des choses.
Pour le clip, nous avons demandé à As Human Pattern, des vidéastes qui travaillent aussi avec des projets comme Mondkopf, de continuer sur le thème des statues.

Carla : On aimait beaucoup leur univers parce que ça nous correspondait bien aussi, dans le sens où on a déjà fait un film avec ThomR sur l’album précédent, qui s’appelait « Nyx » ; et ils font, tous les trois (Théo Mercier, As Human Pattern et ThomR), des images assez contemplatives qui, moi, me touchent beaucoup.

  • Du coup, pour vous, l’esthétique est aussi importante que la musique ?

Julia : Je ne pense plus qu’aujourd’hui on puisse différencier, dans un projet musical, l’esthétique et la musique. Ça fait vraiment partie du duo, et je pense que c’est compliqué de se dire chanteur, chanteuse, en se détachant complètement de l’image. Ce serait une pure erreur.

Carla : Oui, et puis c’est là qu’il y a une vraie richesse, un vrai échange qui peut se passer ; parce qu’à l’inverse, on aime beaucoup faire de la musique pour des films. Du coup, les choses peuvent se renverser aussi.

  • Justement, quel est votre rapport au monde du cinéma ?

Carla : En fait, on ne fait pas toujours Mansfield. On fait parfois des pauses, ou alors on fait Mansfield autrement.

Julia : On a fait la musique d’un court-métrage d’une réalisatrice qui s’appelle Vergine Keaton, qui travaille beaucoup avec des gravures et des peintures. On aime bien aller voir un peu ailleurs aussi.

Carla : Oui, ça permet d’explorer d’autres formats, d’autres supports.

Julia : Sinon on s’ennuie (rires) ! Ça nous arrive de nous tromper régulièrement ; c’est bien d’aller voir ailleurs.


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Lucie Rimey Meille

Photographe - majoritairement argentique - basée à Lyon, je rencontre des artistes et réalise des interviews à mes heures perdues.