[Live] Cabourg, Mon Amour 2015

Samedi 25 juillet

Samedi 25 juillet

Lorsque le lendemain, samedi, les pieds nus viennent fouler le sable tiède devant une mer grisaillant à mettre un kitesurfer dehors et un ciel Clément, Bazin – DJ, musicien de Woodkid et accessoirement sorcier du beau temps – vient faire vibrer son steel-drum et les glaçons dans les premiers verres de mojito. Ambiance électro caribéenne pour démarrer en douceur avant le rock brut et hanté de Iñigo Montoya!, groupe francophone tout sauf aphone. Entre Bagarre et Grand Blanc, le quatuor martèle en tête des textes militants sur des rythmes militaires, à grand renfort de claviers et d’une batterie toute gorge déployée. En revendiquant un répertoire asséné en français, massif et brut, taillé dans le rock’n’roll, on ne sera pas étonné d’entendre en porte de sortie la reprise de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem « Quand les ghettos brûleront » et de se demander si devant la scène le parvis brûle.

Le drapeau rouge étant agité, ce sont les très attendus Agua Roja qui prennent la relève – si tant est qu’il y ait quelque chose à relever mais plutôt à révéler – pour un set hypnotique et hystérique qui viendra véritablement mettre son grain de sable dans cette deuxième journée. Avec une pop mélodieuse, accessible, jubilatoire et charismatique, le groupe s’impose jour après jour depuis un an. Ceux que l’on avait repérés l’été dernier dans la petite tente de la Région Île-de-France à Rock en Seine ont véritablement le vent en poupe déchaînant tout sur son passage. Décontracté et heureux, la chanteuse November transforme cette soirée de fin de juillet en secousse sismique et orgasmique. Avec sa grande voracité sur scène, alliée à son immense complicité avec le public (allant même jusqu’à croquer des yeux sans détours les beaux mecs de l’assistance), c’est sans complexe qu’Agua Roja quitte un public tout sauf perplexe, pour qui les plus belles notes de musique restent définitivement les rondes.

Un Ron Morelli plus tard, ce sont les – hélas – énervants Only Real qui, pour de vrai, viennent haranguer les filles du premier rang. Avec surtout pour objectif de faire chavirer les girls sur une mer pourtant calme, leurs titres très bruts, très Blur, très Oasis et très brits, habitent et abritent des mélodies un peu trop à teneur attrape minettes. Le piège est un peu gros et le procédé trop grossier pour rester compter le nombre de prises dans le filet. On se défile donc au bar en attendant le DJ set de Napkey mais surtout le show de Curtis Harding.

Avec son dernier album « Soul Power » dans sa valise, le soul man d’Atlanta vient attenter à notre chill-out post-coucher de soleil en nous livrant un set comme seul les Américains savent faire. Celui qui chemine aisément du gospel à la soul, en passant par le blues tout en faisant des écarts vers le rock hendrixien, prouve une nouvelle fois sur une scène qui n’est pourtant pas dédiée à son style musical que ses racines sont communes à tous et qu’elles fédèrent le plus grand nombre de musiques. Voix parfaite, guitare électrique et éclectique, attitude James et regard Brown ; le tonique Curtis met une claque à quatre générations de spectateurs payants et fraudeurs, tous unis dans le respect d’un artiste taillé pour la relève.

La deuxième soirée en mode DJ sets au lounge du Casino sera sacrifiée pour l’occasion, préférant rester sur la classe et la majesté d’un nouveau king du Rhythm and blues.

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans