[Live] Zenzile au Quai

Deux ans après le succès du ciné-concert « Berlin », Zenzile revient avec une nouvelle création originale, cette fois autour des éléments. C’est le Théâtre le Quai d’Angers que ce nouveau spectacle, « Elements », a trouvé refuge. Un lieu d’accueil et un terrain d’expérimentation qui ne pouvaient mieux convenir pour lancer cette nouvelle aventure, cette expédition artisanale aux confluents de l’image, de la musique et des sens. Deux soirées de suite, jeudi 9 et vendredi 10 juin 2016, Zenzile a offert aux Angevins les toutes  premières représentations vibrantes, d’abord à tâtons puis d’un pas plus assuré, de cette nouvelle création entre rock, post-rock, pop, dub et lumières. Pleins feux sur deux nuits où tout se joue

Zenzile © Fred Lombard

« Elements » avait piqué notre curiosité en plein cœur. Un nouveau lieu d’expression, une nouvelle création, exclusivement de nouveaux morceaux pour la formation angevine, ainsi que la présence d’une nouvelle chanteuse. Autant de raisons de succomber à cette nouvelle attraction venant compléter un peu plus le palmarès de ses seize années de carrière. Et alors que la nuit du jeudi nous offrait les prémisses d’un été chaud et sec, c’est sous la pluie que nous revenions, trempés, découvrir avec une vision plus nette cette audacieuse œuvre audiovisuelle. Le concert démarre sous de chauds applaudissements. Derrière un mystérieux voile se dessinent les silhouettes des musiciens se confondant avec de mystérieuses formes projetées sur une grande toile. Le son électronique et tribal, grave et percussif, nous entraîne dès lors dans des profondeurs terrestres et volcaniques. Brûlant et intense. Apparaissent alors dessus quatre formes, les quatre pictogrammes censés symboliser les « Elements » selon Zenzile. Le rideau glisse hors de la scène et révèle les cinq musiciens après cette brève mais intense introduction. L’intention est palpable du côté des artistes, après un premier concert, la veille, davantage réservé et prudent.

Habituellement au clavier, Vincent Erdeven se lance au chant avec volonté. Devant des projections nébuleuses ou des textures élémentaires animées instinctivement par le duo créatif formé par Thierry Charles aux lumières et Julien Brevet aux créations graphiques, la formation angevine dévoile avec énergie sa nouvelle épopée, souvent grandiose. C’est un voyage des sens et de l’imaginaire visuel et sensoriel que le spectacle « Elements » nous offre sans réserve. Passionné et fiévreux, la passion gagne Zenzile et, à son tour, le chant du bassiste Matthieu Bablée. D’une électronique orageuse, le rock électrique domine désormais côté climat, et la température gagne également la salle.

« Je vous assure pas qu’on va faire revenir le soleil, mais on va tout tenter », dira ce dernier. Nous prenons également le pari.

C’est désormais avec l’espace pour nouvelle destination que Zenzile entreprend la poursuite de notre voyage. Les projections nous entraînent dans une course à la vitesse du son parmi les nébuleuses expédiées dans le jeu instrumental des cinq musiciens (Matthieu Bablée à la basse, Vincent Erdeven aux claviers, Alexandre Raux à la guitare, Erik Sevret aux instruments à vent et aux claviers et Jean-Christophe Wauthier à la batterie), où l’électronique joue abondamment avec le math rock. Une sensation vive, à la fois dépaysante et déracinante.

Après le bleu astral, c’est au tour d’un rouge ardent d’enflammer la scène. La guitare marque avec sévérité et conviction ses dernières notes, la basse reste constamment appuyée, les claviers insufflent des notes virevoltantes de blues tandis que la batterie maintient la tension. Un effort d’autant plus concis grâce aux percussions et aux machines qui s’affolent. Surgissent derrière des projections menaçantes en rouge et noir, sortes de ronces rappelant également les flux sanguins passés au microscope, entrecoupées d’éblouissantes projections lumineuses. L’immersion est totale.

Sans prévenir, la nouvelle voix du projet, Zakia Gallard, s’aventure au devant de la scène pour enclencher la seconde partie du set. Prenant place en plein centre, la jeune muse de ces hommes tout de noir vêtus entame sa prestation, non sans charmer le public qui la découvre. L’atmosphère s’adoucit le temps d’un second morceau, avant de repartir de plus belle sous l’impulsion d’un chant plus dominateur et d’une section rythmique grandement marquée. Le saxophone d’Erik Sevret poursuit l’immersion à travers ces éléments toujours plus déchaînés, avec désormais une dose de sensualité insufflée par les expressions corporelles amples de la jeune Angevine.

Formant un duo avec Matthieu, Zakia gagne encore un peu plus en assurance et se laisse à son tour emporter par la fièvre orageuse qui traverse la musique de la formation instrumentale, revenant en arrière-plans sonores à ses premières amours pour le dub, alors même qu’un rock à la tension toujours plus passionnelle et duelle s’impose à un rythme ascensionnel. Le rappel fait redécoller progressivement la fusée « Elements » de ses terminaisons dub vers un rock total, grave et imposant. Les fresques visuelles servent ainsi avec justesse les dernières intentions et volontés de cette nouvelle expérience autant visuelle que sonore.

Invitation passionnée et inédite au voyage, servie par une instrumentation changeante et évocatrice et une nouvelle chanteuse gagnant rapidement en assurance au fil des concerts, « Elements » de Zenzile est une vraie réussite et une surprise de plus dans la carrière toujours plus novatrice des Angevins.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques